L'ange et la jeune fille [Conte]

Chapitre 20 - L'ange et la jeune fille

Jonathan vit alors le bleu se nuancer, se foncer, se muer en chaleur.  Elle traversa l'Espoir pour venir rencontrer le soleil ; la chaleur en  sortit pour devenir toute autre, plus incroyable, plus démentielle.
C'était une chaleur qui nous pousse vers l'autre, issue pourtant d'un  frisson, d'un battement de cœur, d'un mot prononcé, d'un regard, d'un  baiser échangé.
C'était fascinant et ambigu en même temps. Cela fit sortir Jonathan  de l'indifférence. Il fut traversé par mille éclairs comme autant  d'émotions telles que le courage et le danger, l'interdiction et  l'ardeur, la peur et le désir, la honte et le plaisir, la colère et...  l'Amour ?
Oui, l'Amour.
Il connaissait ce mot, il en avait entendu parler. Il l'avait écrit  dans les lettres d'une mère pour son fils, dans les rêves de ceux se  languissant de l'être aimé. Il l'avait inscrit puis lancé au hasard des  vagues dans des bouteilles à la mer. Il l'avait gravé sur le granit des  tombes. Il avait peint ses symboles sur sa toile, sur les murs. Il  avait allumé tant de bougies à la lueur desquelles les amoureux transis  s'offraient l'un à l'autre. Il savait voir lorsque c'était sincère et refusait toujours de l'écrire lorsque les Hommes de sable lui commandait.
Cependant, il ne l'avait encore jamais ressenti, ni entendu son cœur  battre cette musique. Jonathan venait en l'instant de découvrir la  couleur du cœur, des lèvres, de son sang, lui devenu vivant : le rouge.
Et l'Amour surgit de Lucille, s'élançant de par le monde pour l'envelopper de sa puissance.