L'ange et la jeune fille [Conte]

Chapitre 24 - L'ange et la jeune fille

Lucille écoutait, s'enveloppait de la parole de Jonathan, de sa douceur, de ses couleurs, de sa lumière. Elle avait chaud sous une telle couverture, elle s'y sentait bien. Elle sentait sa main dans la sienne, caressée, saisie, retenue.

Mais les évènements parfois ne peuvent être guéris et Lucille dut partir à la suite de la maladie. La musique de son cœur fut celle d'une note continue, les temps ne battaient plus, la danse s'était arrêtée.

Jonathan ne lâcha pas la main lorsqu'il pleura la perte de son amie, de son amour, de son amante. On pensa que rien ne pourrait le consoler d'une telle perte.

« Cela arrive, disait-il. J'ai mal, j'ai très mal et j'éprouve beaucoup de colère, mais je ne peux pas en vouloir aux événements d'être ce qu'ils sont. Leur résister ne fut pas vain, en cela nous avons gagné. Je ne leur en veux pas. »

Jonathan avait tant de belles images en tête qu'il put vivre pour deux en suivant sa propre trajectoire. Et jamais la mémoire de la jeune femme à la peau claire autant que le cœur de Jonathan ne sombrèrent dans l'oubli, ne sombrèrent dans le gris, dans la couleur de suie. En cela aussi, ils avaient gagné.

C'est vrai qu'il était triste de temps en temps, mais Jonathan souriait, riche, infiniment riche, de toutes les petites choses pauvres de ce monde qu'il accueillait en lui.

Le regard tourné vers l'infini, il contemplait le bleu clair, léger, ressemblant à un ciel ensoleillé tacheté de quelques nuages blancs.

Dans chaque fleur, il savait qu'il y avait au-delà, de magnifiques parfums d'absolu et de liberté.

Dans le spectacle chaque jour donné, il voyait les arbres danser avec le vent, il voyait le mouvement des vivants, leurs ballets chaque jour répétés, chaque jour différents.

Dans chaque musique il entendait battre les temps, les temps qui ne pourront s'arrêter, et avec, étaient soufflées les dernières paroles que Lucille avait chantées :

« Je t'aime »