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Matthew
En descendant du train, je l'ai cherchée parmi le flot de voyageurs. Je voulais lui dire que je ne pouvais pas la quitter, que j'étais désolé et qu'elle avait entièrement raison. Seulement je ne l'ai pas trouvée. Je me suis alors dit qu'avec son caractère, elle aurait été capable de descendre à la gare précédente. Alors j'ai tourné plus d'une heure dans la gare mais en vain, elle était partie.

Je m'arrête devant chez moi, le cœur en vrac, le visage ravagé par mes larmes. Je me hais d'avoir fait ça, de l'avoir fait pleurer. Je ne suis qu'un putain de lâche, qu'un couillon comme elle me l'a fait comprendre. J'aurais dû la retenir, lui dire que je souffre moi aussi mais que de la savoir malheureuse de ma faute est horrible à vivre. Je me déteste d'avoir signé cet accord de merde.
Le père de Laure est en train de sortir les courses de sa voiture. Je le hais d'être ce connard. Je le hais de l'avoir tabassée en toute impunité. Je lâche mes sacs, me dirige vers lui. Les graviers de l'allée crissent à chacun de mes pas, il se tourne vers moi. Quand il me voit, il pâlit, recule contre sa bagnole.

-Je ne l'ai plus touchée, grogne-t'-il. Elle ne vit même plus ici.

Mon poing atterrit sur son arcade. Il aspire l'air avant qu'un deuxième ne lui tombe dessus. Il glisse contre la carrosserie, tombe au sol. Je lui donne des coups dans les côtes en revoyant les hématomes que Laure portait. Fils de pute !

Il crie, je me déchaine. Je déverse toute la haine que j'ai sur lui, je veux qu'il ressente ce qu'elle a ressenti quand il la frappait.

Je lui attrape le col de sa chemise, le colle à sa bagnole. Son regard est fuyant.

-Ca fait mal ?

Un nouveau coup repart quand il me supplie d'arrêter.

-Vous êtes un bâtard. Uniquement capable de se défouler sur une gamine. Mais allez-y, collez moi en une à moi !

Un rictus mauvais nait sur ses lèvres, je sais qu'il ne fera rien et ça m'énerve. Je veux qu'il me casse la gueule, qu'il me fasse ressentir la même souffrance qu'elle.

-J'ai baisé votre fille, le provoqué-je. Je l'ai fait hurler mon nom alors que vous étiez juste dans la baraque d'à côté.

Il rit, crache un filet de sang. C'est à ce moment que Nicole débarque. Elle pousse un cri horrifié en menaçant d'appeler les flics. Mais là, je n'en ai rien à foutre. J'ai déjà perdu Laure. La seule qui avait une importance dans ma vie. Alertés par les cris de la femme, mes parents sortent à leur tour. Ma mère hurle, mon père jure.

*****

-Je peux savoir ce qu'il te prend ?

Je suis assis dans le fauteuil du salon de chez mes parents, tandis qu'ils hurlent à tout va. Je ne les écoute déjà plus depuis un moment déjà. Je pense à Laure qui est je ne sais où, à ses larmes, je repense à ce concert où elle semblait heureuse, à son rire quand je la faisait danser, à ses baisers qui voulaient tout dire.

Je suis en train de péter un câble, je le sais. C'est vrai que d'aller maquer un mec ne me ressemble pas mais ce connard le méritait et il n'avait pas assez pris la première fois. Ma mère a réussi à les convaincre de ne pas déposer plainte. Ca ne m'étonne pas et je sais que s'ils ont accepté, c'est simplement parce qu'ils ont la trouille que je les balance à la police pour la violence que Laure a subie.

-Vous me bousillez.
Voilà, la vérité est lâchée. Ils sont en train de me détruire.
Ma mère arrête d'hurler, mon père cesse de faire les cent pas dans la pièce. Leurs regards se braquent sur moi.

-On te bousille ? sanglote ma mère d'une voix aigüe. Matthew tu plaisantes ? Tu es promis à un avenir radieux, tu vas exercer dans un hôpital de prestiges, tu vas être marié à une belle fille de bonne famille.

Interdiction d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant