Matthew
Quand j'ai signé cet accord avec Monsieur Jamo, jamais je n'avais imaginé qu'un jour celui-ci bousillerait ma vie. Je n'avais pas spécialement d'amis, pas de fille pour laquelle je pourrais tuer. Je n'avais rien mis à part ce rêve d'être un jour un médecin renommé. Quand j'ai signé cet accord, je n'avais jamais pensé rencontrer une fille qui viendrait chambouler mon existence, semer le trouble dans mon avenir. Pour moi ce dernier était déjà tracé. J'allais épouser une fille cruche mais loin d'être moche, j'allais réaliser mon rêve en devenant pédiatre à New-York et mes parents auraient assez de fric jusqu'à ce que je meure. C'était ça le plan... Puis une brune a débarqué. Je suis resté des heures à l'observer, à lui tenir la main alors que personne ne venait la voir. Je la revoie encore avec ses deux sourcils froncés quand elle soupirait. J'aurais dû en rester là, faire mon job d'étudiant et partir mais je ne pouvais pas. Elle était pour moi une irrésistible attraction, il fallait que j'apprenne à la connaître, que je sache pourquoi elle n'avait pas eu de visite lors de son coma.
Laure...
Son prénom sonne comme une douce mélodie à mes oreilles. Son prénom m'emplit d'une ivresse d'amour indéniable. Je l'aime et je suis prêt à tout pour qu'elle le sache. Je ne peux pas épouser une autre, même si je renonce à ce que j'ai toujours voulu, même si mes parents me renient. Je ne peux pas lui faire ça. Je ne veux pas qu'elle soit blessée, ni triste, ni seule en pensant à moi dans le lit d'une blonde. Elle est mineure encore donc je ne peux pas l'amener à Vegas histoire de se marier avant qu'on ne m'oblige à le faire.
Parce qu'aujourd'hui, je reviens de chez mes parents et c'en est fini.
Sophie n'abandonnera pas. Elle veut me pourrir la vie et elle y arrive bien. Je suis dégoûté, perdu. J'avais rêvé que mes parents me donnent ma liberté, qu'ils me disent de rester avec Laure si j'en avais envie mais non, j'avais trop espéré pour que ça se réalise vraiment. Je suis un de ces cas désespérés sans plus aucun espoir, plus aucune foi. Je ne pourrais jamais être avec Laure, elle ne pourra jamais venir innocemment à New-York. Je vais partir, elle va rester ici. Nous serons deux âmes esseulées, blessées par l'amour et la vie. Mes larmes ne tarissent pas depuis que je suis sorti de chez mes parents. Je n'en peux plus... Vraiment. Alors quel choix me restent-ils pour que personne ne gagne dans cette affaire ? Le suicide.
Il ne me reste que ça. Je regarde l'arme sur mon tableau de bord avec le cœur au bout des lèvres.
Pardonnes-moi bébé. Je le fais pour nous. Parce que je t'aime et que je n'ai pas le choix pour nous sortir de cette situation merdique.
Ma vue brouillée m'empêche de voir la route à travers le parebrise. Je suis un homme perdu, brisé. J'essaie de me déculpabiliser en me disant qu'elle est belle, jeune. Elle retrouvera un autre type qui la rendra heureuse, j'en suis certain. Je roule durant des kilomètres, je ne sais pas combien exactement. Je ne veux pas que ce soit elle qui me trouve. Je ne peux pas lui faire ça en plus de mon projet. J'ai déposé une lettre chez elle en partant de chez mes parents. Une lettre écrite à l'encre de mes larmes. Je veux qu'elle la lise, qu'elle comprenne mon choix, qu'elle m'aime quand même un peu après tout ça.
Je suis désolé Laure...
******
Laure
Ce matin Matthew m'a réveillé de doux baisers dans le dos. J'ai souris en pensant qu'on avait encore dormi ensemble. Il m'a ensuite annoncé qu'il devait aller chez ses parents, que les fuir était bête, qu'il fallait qu'on affirme au monde entier que l'un sans l'autre on n'existait pas. J'ai la trouille de ce que cela va donner mais si cette Sophie est intelligente, elle abandonnera. On ne peut pas obliger quelqu'un à nous aimer, c'est contraire à tout ce que l'on apprend quand on est petit, à la vie, à tout. On ne peut pas décider du bonheur des autres. On est les seuls maitres de notre destin et aujourd'hui, je sais que le mien et lié à celui de Matthew. Je ferme les yeux tout en plongeant ma tête dans la baignoire et tente de rincer mes cheveux de cette façon. J'ai hâte qu'il rentre, qu'il soit là avec tout son bordel qu'il aura repris par la même occasion. Je n'en ai pas encore discuté avec Olga mais si la présence de Matthew la dérange, nous partirons ailleurs dans un autre appartement. Jamais je n'aurais cru qu'il me choisisse moi. Il avait un avenir tout tracé et a mis tout de côté pour moi. Moi Laure Bacher la rejeté de la vie par excellence. Je ne croyais pas à l'amour ni aux princes charmants et j'en ai même mieux que ceux des livres. Matthew est beau, drôle, intelligent et il a cette sensibilité que j'aime par-dessus tout le reste.
Je tourne en rond. Cela fait déjà plusieurs heures qu'il est parti et je ne sais pas pourquoi mais ça me stresse. J'enfile mes baskets et descends l'attendre sur le devant. Regarder le flot de passants me fera certainement penser à autre chose. Je m'assieds devant le bar, rongeant mes ongles. Encore une fois le ciel est sombre et la pluie tombe en abondance. Je ne sais pas mais cet été me semble horrible niveau météorologique.
-Mais qu'est-ce que tu fous joli cœur ?
Je souris à Olga qui sort avec son grand parapluie.
-J'attends Matthew.
Elle fonce les sourcils en nous abritant toutes les deux.
-Mais je l'ai vu mettre une lettre dans ta boite...
-Tu ne sais même pas à quoi il ressemble, pouffé-je.
-Ben je ne sais pas mais j'ai imaginé que c'était lui vu qu'il pleurait. Je me suis dit que votre plan n'avait pas fonctionné...
-Hein ?
Je ne ris plus, sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine quand j'ouvre la boite aux lettres. Une enveloppe. Une seule.
Je l'ouvre, déplie la feuille qui semble être arrachée d'un cahier. Une clé tombe sur le sol et je la ramasse, intriguée. Plus mes yeux parcourent les mots, et plus je meurs à l'intérieur. Je tombe à genoux, hurle ma douleur.
« Laure, mon bébé.
Comment te dire ou te montrer à quel point je t'aime ? Tout ce que je pourrais dire ou faire ne suffirait pas tant je suis fou de toi.
Tu es mon tout Laure. Tu es ma raison de me lever le matin, ma raison de respirer. Je crois que je n'avais jamais autant rougi devant qui que ce soit que toi.
Aujourd'hui, tout s'arrête... Je ne peux pas vivre si tu n'es pas là avec moi, je ne peux partir avec une autre. Une liste bébé... On l'a fait ensemble mais termine la seule pour nous. Je serais avec toi-même si tu me détesteras d'être mort.
La mort...
Ca ou vivre une vie dont je ne veux pas ? Si je pouvais, je t'emmènerais loin de cette ville, on irait sur une ile rien que tous les deux et on vivrait d'amour et d'eau fraîche. Mais je ne peux pas te faire ça. Je ne veux pas que tu vives recluse et qu'un jour tu regrettes notre choix. Pourtant, je te veux pour moi seule Laure.
Tu ne me comprendras pas, je le sais. Tu me haïras de t'abandonner, je le sais aussi. Mais je te demande une seule chose. Prends cette clé, va dans la maison de Maine. Personne ne te l'a demandera , crois-moi. Aménage-la comme tu aimes, profite de la vie. Fais-toi des amis, tu es une fille qui mérite d'être connue bébé. BATS-TOI. Toujours.
Je sais que je te dis ça alors que j'abandonne. Mais des fois les épreuves de la vie font que nous n'avons plus de force. Je n'en peux plus désolé.
Imaginer vivre une vie dans laquelle tu ne fais pas partie n'a aucun sens. Tout ça est de ma faute, c'est moi qui les ai ruinés et je dois en payer le prix.
Ne m'en veux pas bébé, je t'en supplie.
Je t'aime bien plus que de raison, ne l'oublie jamais...
Ton intello fou de toi. »
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Interdiction d'aimer
RomanceLaure, dix-sept ans vit chez son père depuis le décès de sa mère. Elle qui déteste sa nouvelle famille va avoir un accident qui lui donnera envie de profiter le plus possible de la vie. Qui de mieux pour l'accompagner dans sa folie qu'un jeune ét...