7

9.5K 777 42
                                    

- Mais où étais-tu passée ? Et c'est quoi cet accoutrement de pouffiasse ?

Je soupire longuement alors que je referme la porte derrière moi.

Nicole emmène son morveux dans le salon tandis que mon père se tient devant moi, les poings serrés sur les hanches.

- C'est bon, je souffle.

- Non, ce n'est pas bon jeune fille ! Où étais-tu ?

- Chez une copine.

- Tu n'as pas de copine Laure ! Arrête de me prendre pour un con !

Je retiens mon souffle pour tenter de me calmer. Je ne le sens pas, ça va dégénérer.

- Mais qu'est-ce que t'en sais, m'énervé-je. Qu'est-ce que t'en sais si j'ai des copines ou non ? Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de ce que j'aime ni de ce que je hais ! Tu ne t'es jamais intéressé à moi alors tu sais quoi ? Fous moi la paix.

Je passe à côté de lui en bousculant son bras et monte les marches qui mènent à ma chambre. Il me retient d'une poigne ferme et je sais déjà que demain j'aurais la trace rouge toujours marquée sur mon poignet. Il se rapproche dangereusement de moi, sa bouche presque contre mon oreille et grogne d'un ton froid :

- Tu veux faire ta petite maligne Laure ? Très bien, demain matin je te foutrais tellement sur la gueule que tu vas vite le regretter.

Je frissonne, il me relâche et pars rejoindre sa femme et leur fils, comme si de rien n'était alors que je suis toujours prostrée dans les escaliers. Je sais que je le provoque mais c'est plus fort que moi. Je ne le supporte pas, je n'ai jamais réussi à le faire. Dès que je le vois, je repense aux coups qu'il portait sans aucune gêne à ma mère. Et maintenant c'est sur moi qu'il se défoule. Il me déteste, je le hais. Quelle relation saine.

Je sors de mes pensées et monte m'enfermer dans ma chambre. C'est la seule pièce de la maison dans laquelle je peux être moi, être au calme, réfléchir mais surtout rêver d'un avenir meilleur.

Après avoir enlevé ma robe, j'enfile un pantalon de yoga noir, assorti à mon humeur et au débardeur que je porte.

Je prends mon carnet et commence à y noter des mots. Je les écris, les rature avant d'en écrire d'autre plus puissants. Ces mots qui font simplement partis de moi, de ce que je suis. De sombres pensées mêlées à la mélancolie que je ressens à cet instant, à la tristesse qui me hantera à vie même si j'essaye de paraitre sûre de moi et forte.

« Je ne peux m'empêcher de t'en vouloir. Je suis désolée, j'essaye tu sais. Mais la vie me semble beaucoup trop dure sans toi. Je ne crois pas que j'arriverais à aller loin. Les jours passent et se ressemblent. Je me sens seule, je suis seule maman. Depuis que tu n'es plus là. Je t'en veux pour ça, tu vois ? Parce que tu m'as obligée à revenir ici alors que tu savais comment il était avec moi. Je ne parviens pas à oublier les coups qu'il t'assénait ni tes cris de douleurs qui résonnaient dans la maison. Alors pourquoi tu ne m'as pas placée ? Tu es partie maintenant et je me retrouve pire qu'abandonnée, pire que seule. Je me retrouve détestée. Et même si je ne veux pas le montrer, je suis blessée. Je me hais. Je me hais, je le déteste lui et sa Nicole.

Je voudrais n'être jamais née. Pourquoi vivre dans ce monde si c'est pour souffrir ? »

C'est à l'encre de mes larmes que je finis cette note débile. Je l'arrache du cahier, la chiffonne avant de la lancer dans la poubelle au pied de mon lit. J'enfouis mon visage dans mon oreiller afin d'y cacher mes larmes, même si je sais pertinemment qu'il n'y a personne pour les voir.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Interdiction d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant