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Quand nos bouches se séparent, Matthew me regarde tendrement.

-Tu viens avec moi ? Pour le moment ?

J'acquiesce et souris. J'irais partout avec lui à l'instant. Je pose mon front contre le sien, l'embrasse encore. Je sais que je suis pathétique, que je le pardonne trop vite. Mais... Je veux profiter de lui, de tout ce que notre couple peut m'offrir en attendant son départ. Il prend ma valise dans une main et de l'autre, enlace ses doigts aux miens. Nous traversons le parc plongé dans la nuit dans un silence apaisant. Le calme après la tempête, c'est exactement ça.

Quand nous arrivons à la voiture, il ouvre le coffre et fourre ma valise dedans.

-Ca te dérange pas si je passe deux minutes chez moi ?

Je secoue la tête par la négative pourtant je ne suis pas ravie. Je n'ai pas envie de tomber sur sa mère, et encore moins maintenant qu'il leur a dit ressentir des sentiments pour moi. Il a dû voir mon air septique puisqu'il prend mon visage dans ses mains et me dépose un léger baiser sur la bouche.

-Laure... Tu es avec moi okay.

-Je peux t'attendre dans la voiture ?

Il hoche la tête, embrasse mon front avant de m'ouvrir la portière.

*****

Alors que Matthew est chez lui, je guette la rue. Je suis assez stressée à l'idée que sa mère ne le laisse pas me rejoindre ou pire, qu'elle vienne me trouver. Je ne sais pas vraiment comment je réagirais si elle m'insultait ou autre. Je crois que je sortirais et que je lui péterais le nez sur le capot de la bagnole. Je suis épuisée et je n'ai qu'une envie : Que Matthew se grouille.

Je vois la lumière de sa chambre s'allumer et je l'imagine en train de prendre sa valise et d'y déposer du linge propre. Je lève les yeux au ciel en voyant déjà les piles parfaites de fringues mais je ne peux pas m'empêcher de sourire.

Je m'enfonce dans mon siège et ferme les yeux. Il est revenu... Il me demande de venir le chercher à New-York... Mais quand ? Avant qu'il ne se marie ? Après ? Quand ? Si j'y vais avant, il n'aura pas son boulot et ça me tue. Ca me tue littéralement de l'imaginer en train de baiser cette fille. Mais je ne pouvais pas le laisser annuler tout. Rien qu'en l'écoutant parler de son métier, on sent la passion, l'amour qu'il a pour ça. Comment pourrais-je être celle qui abolit ses rêves ?

Je sursaute quand on frappe à la vitre. Mon regard croise directement celui qui brille dangereusement dehors. Mon père. Je retiens mon souffle, recule par réflexe alors qu'il ne sait pas m'atteindre. Il a ce rictus mauvais gravé sur son visage et je pleure. Son arcade sourcilière est fendillée, sa lèvre enflée.

-Tu sais bien que tu ne t'en sortiras pas comme ça petite conne.

Mes mains tremblent, mon corps est pris de spasmes tandis que tout l'air de mes poumons se fait la malle. Putain une angoisse.

Je ferme les yeux alors qu'il continue à taper sur la vitre, déversant les pires insultes qu'un père peut faire à sa fille.

Inspire. Expire. Inspire. Expire. Inspire. Expire.

J'ai besoin d'air mais je ne peux pas ouvrir sinon il va me tuer. Je le sais. Mais j'étouffe. Des sanglots ont maintenant remplacés les larmes. J'ai la trouille de le voir tirer de toutes ses forces sur la poignée.

-Vas t'en ! Vas t'en !

Je crie dans l'habitacle, je hurle.

La portière s'ouvre et je m'effondre sur Matthew.

-Désolé bébé. Désolé. Je ne pensais pas qu'il serait venu. Je suis désolé.

Je m'accroche à lui comme s'il était ma bouée de sauvetage. Mes sanglots ne cessent pas malgré les bras de Matthew qui m'enveloppent.

Interdiction d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant