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Je me réveille ce matin avec l'envie de le voir. J'ai trop hâte d'être ce soir et d'aller boire un verre avec Matthew. Il est si sérieux dans ses études ! J'ai conscience que les études sont plus qu'importantes pour l'avenir mais de là à ne rien faire d'autre, cela m'en bouche en coin. Depuis qu'il était venu sur mon toit et qu'il avait accepté de sortir, je ne l'avais plus revu. Pourtant je ne compte plus le nombre de fois où j'avais regardé par la fenêtre de ma chambre en espérant l'apercevoir.

Alors que je descends les escaliers, j'entends déjà mon père grogner dans la cuisine. Ca me donne vraiment envie de remonter illico presto dans ma chambre, de m'y enfermer et de ne plus jamais en sortir. Ou du moins jusqu'à mes dix-huit ans.

Prenant mon courage à deux mains, je passe la porte de la cuisine. Tout en me dirigeant vers le frigo, je marmonne un « bonjour ».

-Quand recommences-tu les cours ? grogne mon paternel.

Je lève les yeux au ciel en prenant le jus d'orange dans la porte du frigidaire.

-Mon certificat me couvre jusqu'à vendredi prochain.

Il soupire, j'en fais de même. Je viens m'asseoir face à lui et me sens mal à l'aise quand je remarque qu'il me fixe, l'air énervé.

-Tu vas bien il me semble. Tu recommences lundi.

- J'ai un certificat qui...

Il me coupe la parole en frappant son poing sur la table. Je n'aime pas Nicole, ni le morveux qui vit ici mais au moins quand ils sont là, je sais qu'il ne m'arrivera rien. Sauf qu'on est vendredi et que le vendredi Nicole travaille et pas mon père. Elle est femme d'ouvrage dans une grande chaîne de magasins alors que mon père est ouvrier de voiries. Des personnes lambda en somme. Nous ne sommes ni riches, ni pauvres et cela a l'air de leur convenir parfaitement.

-Ferme là Laure ! Jure-t'-il entre ses lèvres pincées. Je peux apercevoir un muscle de sa mâchoire tressauter. Si j'étais maligne, je me lèverai et filerai dans ma chambre. Sauf que je suis aussi obtus que lui. Je ne lâche jamais rien et même si depuis l'accident ma mémoire me joue énormément de tours, je n'oublie pas que nous nous haïssons, ni ce qu'il est.

-Okay je me la ferme. A une condition, ce soir je sors.

Il rit amèrement, ses grands yeux verts fixés aux miens. Mon cœur s'emballe de nervosité, mes mains deviennent moites.

-Tu oses me faire du chantage ?

Je prends une grande inspiration alors que les cheveux dans ma nuque s'humidifient.

-Si tu ne me laisses pas sortir, je dirais à Nicole l'homme que tu es réellement.

Il reste silencieux, ses yeux lancent des éclairs. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de lui dire ça, j'en sais même rien du tout. Mais là, je suis sérieusement en train de me demander pourquoi je n'ai pas fermé ma gueule. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il a déjà sauté par-dessus la table. Ma chaise bascule sous son assaut, ma tête heurte le carrelage. Ses mains autour de mon cou m'empêchent de respirer alors qu'il hurle des insanités.

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Interdiction d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant