Chapitre 5 :

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"Elisabeth devrait bientôt arriver..." Victor répéta cent fois cette phrase dans son esprit. Il lui semblait que les secondes s'étaient transformées en minutes, et que les minutes s'étaient transformées en heures. Il n'osait même pas jeter un œil à "l'horloge de bois sombre -c'est ainsi qu'il l'appelait.  

Mais lorsqu'il était en train de penser qu'il fallait qu'il aille la chercher par lui même car il lui était peut-être arrivé malheur, une voiture grise s'arrêta devant chez lui. Il alla ouvrir la porte à sa petite cousine, et il luis dit bonjour en souriant :

VICTOR :

_J'ai bien crû que tu n'arriverais jamais !

ELISABETH :

_Mais je suis à l'heure, cousin ! Je suis même en avance de cinq minutes ! Pourquoi me dis-tu ça ? 

VICTOR :

_Ah, c'est peut-être... Par ce que je n'ai pas osé regarder "l'horloge de bois sombre"...


ELISABETH :

_ "L'horloge de bois sombre" ?

VICTOR :

_Oui, c'est une horloge qui fait peur, je te la montrerai.

ELISABETH, tapant des mains :

_Oh, oui ! Fais-moi visiter la maison !

Il entrèrent tous les deux et parlèrent tranquillement.

VICTOR :

_Il y a tellement de choses à te dire ! Tout d'abord, j'ai à te parler de mes domestiques et de ma gouvernante, quelle cruauté elle a ! Une vraie vipère ! Même à son aspect, on peut identifier une vieille bique. Viens, je vais te montrer.

Victor et Elisabeth se faufilèrent derrière la porte de la cuisine en prenant garde à ne pas se faire repérer. 

VICTOR, montrant du doigt les personnes citées :

_Regardes donc par ici, c'est Mme Durmond, ma gouvernante. C'est une vieille peau qui ne me porte déjà pas dans son cœur ! Par là, c'est la cuisinière, Betty. Elle ne vaut pas mieux que l'autre.

Elles riaient toutes les deux, sans remarquer les deux paires d'yeux furtives des enfants à travers l'espace étroit de la porte entrebâillée.

ELISABETH :

_Elles ont l'air de bien s'entendre.

VICTOR, chuchotant :

_Comme dirait oncle Albert, qui se ressemble, s'assemble ! Ce sont toutes les deux des vipères ! 

Elisabeth étouffa un rire.

MME DURMOND, à Betty :

_Tu n'as pas entendu un rire ?

BETTY, regardant la porte :

_Si... Et je crois bien... Que ça vient de par là !

Elles se précipitèrent sur la porte tandis que Victor et Elisabeth s'enfuyaient vers le jardin.

BETTY, criant :

_Petits garnements ! On vous prend en train de nous espionner, et au lieu d'implorer notre pardon, vous vous enfuyez ?! Eh bien, on ne va pas vous laissez vous échapper si facilement !

Au passage, Victor attrapa deux paires de bottes.

VICTOR :

_Vite, Elisabeth, enfile ça !

Elisabeth s'exécuta sans vraiment comprendre le plan de son cousin. Mme Durmond, ayant le cœur fragile, avait arrêté de courir après les enfants. Mais Betty continuait toujours sa course, haletante, et surtout furieuse. Victor ouvrit la porte vitrée qui donnait au jardin et se dirigea vers le petit bois, toujours suivi par Elisabeth. 

ELISABETH :

_Je ne comprends pas, cousin... Où m'entraînes-tu donc ? 

VICTOR :

_Regardes sous tes pieds ! A ton avis, pourquoi t'ai-je fais mettre ces longues bottes ? 


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Elisabeth baissa ses yeux à terre. A ses pieds se trouvait une mer d'orties attendant depuis déjà bien longtemps que quelqu'un les effleure pour lui piquer les jambes.

ELISABETH, riant :

_Mon cher Victor, tu es un génie ! Mais pauvre Betty... Déjà qu'elle a du mal à suivre...

VICTOR, haussant les épaules :

_Bah, ne t'en fait pas, des piqûres d'orties, ce n'est pas bien  grave.

La pauvre cuisinière, ne remarquant pas les orties, s'enfonça dans le petit bois et hurla de douleur. Les jambes nues sous sa robe, elle ne pouvait pas se protéger, et ils lui piquèrent les mollets. Elle courait dans tous les sens -ce qui, évidemment, rendait la douleur encore plus forte.

VICTOR, riant aux larmes :

_Betty, je crois plutôt qu'il faudrait raisonner autrement, et SORTIR du petit bois !

Elisabeth et Victor éclatèrent de rire, en regardant la pauvre Betty s'en aller, hurlante et hystérique.

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