Chapitre 17 :

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Deux jours s'étaient écoulés et Victor n'avait toujours pas prit sa décision. En tout cas, Grelot était redevenu lui-même. Toutes sortes de questions se bousculaient dans la tête de Victor. "Papa, Maman... Je veux vous revoir... André méritait mieux que ce terrible sort, j'en suis sûr... Je veux que tout redevienne comme avant... Mais... jusqu'à me sacrifier pour eux ? Vais-je mourir seul, en laissant ce démon me dévorer ? Non, je veux vivre... Et puis, il aurait gagné... C'est ce qu'il veut ! Je ne sais que choisir... Je ne veux pas mourir, mais... Est-ce la meilleur décision ? Suis-je sage ou égoïste ?" Il regarda le ciel bleu par la fenêtre. La couleur du ciel lui rappela le jour où il était allé chez son frère, il y a dix ans de cela. 

Il empoigna brusquement sa plume, la trempa dans l'encre noire en la faisant valser, s'arrêta un instant devant la feuille d'or, puis fronça les sourcils et écrivit rapidement. Le papier s'envola alors dans les airs, puis se déchira tout seul en milles morceaux. Le chat entra dans la pièce par la fenêtre tout à coup. Il s'esclaffa d'un rire sonore et diabolique qui fit trembler toute la pièce.

"Ha ! ha ! ha! Tu ne peux plus retourner en arrière, maintenant ! Ce pacte est décidé pour la vie... Ou plutôt... Pour la mort ! Ha ! ha ! Tu n'es qu'un pion pour moi... J'ai si faim !" 


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Sa voix se fit soudainement plus calme.

"A quelle date veux-tu arriver ?"

Victor répondit après une brève réflexion :

_... Le 27 août 1870 au parc du village.

"Bien... Pas de regrets, j'espère ? Ha ! ha !"

_Non. Ma décision est prise. 

"Es-tu prêt pour voyager dans le temps ?"

VICTOR, le visage grave et sans hésitation :

_Oui, je suis prêt.

Tout à coup, le sol se mit à trembler et la lumière à baisser. Il lui sembla que tout autour de lui tournait à une vitesse phénoménale, et il ne percevait plus aucune forme de son entourage. Puis il se senti tomber. Il atterri sur un sol mou.

Il faisait noir, mais il entendit le gazouillement des oiseaux qui chantaient gaiement. Une odeur d'herbe fraîche flottait dans l'air. Il faisait une chaleur torride. Il ouvrit les yeux. Tout d'abord, il vit des tiges vertes qui lui piquaient les yeux. Puis des pieds. Beaucoup, beaucoup de pieds. Il releva lentement la tête et découvrit que plusieurs personnes inconnues le regardait comme si il était un extra-terrestre. En fait, c'était plutôt normal, par ce que se retrouver avachi parterre en plein milieu d'un parc dans une position inconfortable -les fesses en l'air-, cela parait bizarre. Il se forma un petit attroupement de curieux autour de lui. Des chuchotements se firent entendre : "Que fait-il dans cette position ?" "Devant tout le monde ! Il n'a pas honte ?!" "C'est dégouttant !" "Ecœurant !" "Qui est-ce ?" "Quelle humiliation pour lui !" "Grossier personnage !" Il se releva aussitôt, réalisant la situation et rougissant. Il se fraya un passage parmi le peu de personnes qui s'étaient regroupées autour de lui, puis s'éloigna, sous leurs regards dédaigneux. Il essaya de comprendre se qui lui était arrivé. "J'était dans ma chambre et... Non... On a remonté le temps ? Je ne peux pas y croire..." Il s'approcha d'une passante. 

VICTOR, remontant son pantalon :

_En quelle année sommes-nous, chère Madame ?

LA PASSANTE, se reculant :

_En 1870, voyons !

En partant, la dame murmura sous son éventail :

_Un fou, sûrement...

"Mon Dieu..." soupira-t-il en s'affaissant sur un banc. Il regardait les passant, quand une voix familière attira son attention :

_Maman ? Quand est-ce qu'on mange ? 

_Bientôt, André, bientôt...

"André ! Et... moi ?..." se dit Victor.

Un peu plus loin, le petit Victor sautillait de joie :

_Oui ! Moi aussi j'ai faim, Maman ! 

Victor fût stupéfait de se voir dix-sept ans plus tôt : "Nous avions sept ans... "

Sa mère était en train de s'asseoir sur un tapis à carreaux rouges. "Maman..." pensa Victor avec nostalgie. 

_J'en ai marre d'attendre ! trépigna le petit Victor.

_Victor ! Un peu de patience ! rouspéta sa mère. Joue donc à un jeu avec ton frère...

_Mmh... André ! J'ai une idée ! Celui qui regarde le plus longtemps le soleil a gagné. D'accord ? proposa l'enfant.

Victor, revenu à la réalité et comprenant le drame qui allait se dérouler devant ses yeux, décida d'agir. "Si ce jeu n'a pas lieu, André ne sera pas aveugle, si André n'est pas aveugle, il n'ira pas à l'orphelinat, et ne se vengera pas de Papa et de Maman. Et il ne mourra donc pas..."songea-t-il. Alors il dit à sa mère :

_Madame, je me permet de vous faire remarquer que vous ne devriez pas laisser vos... vos enfants faire des jeux pareils. Surtout un jeu comme celui-ci... En regardant une source de lumière brûlante, comme le Soleil, ces enfants pourront perdre la vue. Vous l'avez compris ?

Pendant ce temps là, les enfants commençaient à faire le compte à rebours avant le commencement du jeu.

MADAME DE MONTERNY, ne le reconnaissant pas :

_Heu... Oui, oui, vous avez certainement raison... Victor ! André ! Arrêtez ça tout de suite les enfants ! C'est dangereux !

Les petits garçons se retournèrent brusquement. "Juste à temps..." se dit Victor.

VICTOR, s'éloignant :

_Au-revoir, chère Madame. J'espère vous revoir très bientôt...

MADAME DE MONTERNY :

_Mais attendez ! Je ne connais même pas votre nom !

Mais il était déjà parti.

MADAME DE MONTERNY :

_Étrange, ce garçon... J'ai comme l'impression de l'avoir déjà vu quelque part... En tout cas, c'était un drôle de jeune homme, à donner des conseils à des inconnus ! Mais heureusement qu'il était là, sinon, je ne sais pas ce qui aurait pu arriver...

Victor était un peu plus loin. Il s'était mis à l'écart pour pouvoir revenir discrètement à son époque. Se fiant à son instinct, il hurla dans le vide :

_Fais-moi revenir en 1887 ! J'attendrai le châtiment ! Pour le bien de ma famille !

Une voix grave sortie de nul-part fit un simple : "Bien."

En un instant, il s'était retrouvé dans sa chambre, allongé sur la moquette.

VICTOR, au chat qui se trouvait à ses pieds :

_Alors, qu'est ce que tu attends ? Prends mon âme !

Mais il ne répondit pas. Grelot semblait être lui-même.


"Peut-être est-il partit ?..." pensa Victor.

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