Un soir un peu différent

43 2 2
                                    

Je n'ai jamais réussi à être en paix avec moi-même. Il y a trop longtemps que je souffre du vide intérieur qui me bouffe tous les jours. Parfois, je me souviens vaguement de la sensation que ça fait d'aimer quelqu'un. Le plus souvent, ça me détruit d'y penser, parce que j'ai la certitude que je n'aurais plus jamais le droit d'aimer. Je sais que je ne veux pas souffrir. Je sais que si je laisse aller cet amour, il se terminera mal. Tout le temps que j'aurais passé à aimer ne m'a jamais servi à rien. Je suis vraiment pessimiste à propos de l'amour. Je sais que l'autre n'est pas stupide. Je sais que l'autre sait qu'il y a de l'herbe plus verte à brouter à côté de lui et il ira la brouter. Il faut tous qu'on assure notre subsistance. Quand on ne peut pas satisfaire un appétit sexuel normal et quand on est complexé, qu'on n'est pas être cohérent avec ses besoins physiques, que notre mental est très complexe, quand on ne connait pas la stabilité émotive et qu'on est toujours au bord du gouffre, que peut-t-on espérer ? Même moi, je ne voudrais pas de moi-même. Je suis si effacée. On ne me remarque pas, je ne m'attache pas. Le premier qui s'attache est un perdant. Une partie de lui se dissous dans le vide. C'est une petite mort insidieuse, un coup violent qui ne fait pas vraiment mal, car la douleur est tellement enfouie immédiatement au fond de soi même qu'on ne la ressent plus. Avec le temps, on ne ressent plus rien. On se sent vide et bon pour retourner tout entier aux origines du monde. On se dit que tant qu'à mourir aujourd'hui ou dans un demi-siècle, autant s'éviter des années de souffrance inutile et en finir. J'ai des amis et j'ai une famille. Je travaille, j'ai un revenu décent. Je suis vêtue et logée. Je vis dans de bonnes conditions. Si l'on compare ma qualité de vie à celle de beaucoup d'individus, il est certain qu'elle est supérieure. Je suis en forme physiquement, capable de soulever des charges assez lourdes pour une femme d'un mètre soixante-cinq et de cinquante-deux kilos. Je ne me suis jamais drogué, je ne fume pas, et je bois rarement de l'alcool. La nature ne m'a pas fait laide. Je suis plutôt ordinaire, métisse, mais pas noire. Mes traits ne ressemblent à aucune nation. Je suis une citoyenne du monde. En réalité, je n'ai jamais séduit des partenaires difficiles à obtenir. La volonté de les avoir m'a rendue plus audacieuse, et j'ai réussi à sortir avec trois femmes. Je ne peux pas vous dire si l'amour que je leur portais était réciproque, car j'ai toujours douté de la véracité de mes propres sentiments envers autrui. Reste qu'un soir, alors que j'étais présente à une soirée à laquelle une de mes amies m'avait invité, j'ai vraiment flashé sur une fille. Je l'ai regardé bouger, sourire, et j'ai analysé son langage non verbal. Tout était sexy chez elle, de sa chevelure blonde jusqu'à sa petite taille, je dirais un bon mètre cinquante trois pour une soixantaine de kilos, mais je suis nulle pour évaluer le poids des gens, car je fais le même poids depuis mes 16 ans. Son regard était magnifique. Je perdais mon regard sur ce beau corps qui se mettait à danser soudainement sur de la musique populaire et je devais me faire violence pour me détacher de ce spectacle décadent. Lorsqu'elle se penchait je ne voyais que ses belles fesses rondes. Je me surpris à avoir envie de la voir se dévêtir devant mes yeux. Elle était si belle, et si inaccessible. Mes amis se sont moqués de moi, car je ne cachais pas mon admiration pour sa beauté. Je crois bien que je l'ai même fixé. Il me semble qu'elle ait aimé cela, car elle en rajoutait. C'est une femme qui aime se donner en spectacle. Elle est tout le contraire de moi. Elle assume vraiment sa féminité, alors que je me contente de vieux habits ordinaires et classiques, c'est-à-dire des jeans gris, noirs ou bleu étroits, des gilets à capuchon noirs, mon éternelle couette frisée sur le côté retouchée avec des épingles à cheveux noires, ma casquette noire, et mes soulier marrons de marque « converses ». J'aimais beaucoup porter des habits avec des couleurs sobres et des touches de couleur. Sur ma casquette il y avait une moustache jaune qui prenait toute la place sur la devanture. Autant dire qu'on ne pouvait la louper ! Mes jeans étaient d'un ton uni, pur, sans décoloration ou autre fantaisie que je ne trouve pas de mon goût. Tous mes gilets possédaient des formes comme des dessins et des logos sympa, en rouge, en bleu. J'aimais bien porter des habits avec différentes textures mises ensemble. Son jean à elle était extra moulant, et sa chemise faisait un magnifique décolleté plongeant qui dévoilait sans pudeur le creux de ses seins. Je vous ai déjà parlé de ses magnifiques cheveux blonds ? J'ai un faible pour les blondes, je dois l'avouer... Mais je n'avais pas le droit de songer à quoi que ce soit, car elle était en couple. La soirée s'est écourté pour la belle créature, qui avait un peu trop bu, et qui s'est endormie avant tout le monde. On a continué notre soirée avec les participants restants. Je pourrais vous parler des autres invités et de mon hôte, mais je préfère passer à la journée suivante, puisque la soirée n'est pas très intéressante à raconter et que je l'ai déjà raconté en long et en large plusieurs fois et que j'en ai marre. Le lendemain, on s'est posé au salon. J'ai volontairement éclipsé tout le temps qui s'est écoulé avant ce moment, car je veux vous parler de la fille qui m'est tombée dans l'œil, et que tout ce qui ne la concerne pas est superflu. Nous avons discuté de nos vies et fait plus ample connaissance. Je ne vous dirais pas de quoi nous avons parlé, mais avec les informations que j'ai apprit sur elle, un amour que je ne soupçonnais pas est né pour elle. Elle était non seulement belle à l'extérieur, mais aussi belle à l'intérieur. Elle était tourmentée à l'intérieur, mais je me voyais en elle, et je m'identifiais à ce qu'elle racontait. Parfois, c'était comme si elle parlait de ma propre vie. Cette femme a réussi à me toucher, à m'émouvoir, alors que je ne me croyais plus capable d'éprouver un tel sentiment après des années de souffrance passé avec des personnes qui m'ont fait sentir comme le pire des déchets sur terre. À ce moment-là, elle sortait encore avec mon amie qui était juste à côté de nous mais qui n'écoutait pas la conversation. Parfois, elle tentait d'attirer l'attention de cette dernière, mais elle était occupée, et je tentais adroitement de regagner son attention, et ça fonctionnait. J'étais fasciné par ce qu'elle me racontait, et je voulais en entendre plus. Je ne voulais pas qu'elle cesse de parler. Oui, je crois que c'est à ce moment là que j'ai vraiment fondu pour elle. Plus tard, je suis allé la réveiller, et on a encore discuté. Je crois que nous étions belles, moi avec une guitare à la main et elle dans le lit, et notre dialogue fluide, qui faisait un énorme contraste avec leur dialogue à elles, ponctué de cris, de tension, plus ou moins sexuelle, provocatrice, plein de discorde et d'inégalité. Cette fille énervait mon amie. Au début, j'ai voulu croire que cet énervement était feint, mais la fille a finit par en venir aux mains et mon amie en a conclu que leur relation amoureuse prenait fin à cet instant là. En ce moment, je ne sais pas ou est ma belle New Yorkaise, je ne sais pas dans quel était elle est, je ne sais pas si elle est morte ou vivante, en train de pleurer, en train de dormir ou heureuse, au Canada ou aux États-Unis. Nous avons gardé un lien pour communiquer au moyen d'internet. C'est déjà un petit quelque chose. Je garde un bon souvenir de son passage dans ma vie, mais je doute beaucoup qu'elle va s'y attarder. J'ai envie de la remercier pour les beaux moments de partage et de simplicité que j'ai vécu en sa compagnie. J'ai envie de lui dire que je suis tombée pour elle, mais je ne veux pas le faire pendant qu'elle est en train de vivre sa peine d'amour. Elle était folle amoureuse de mon amie, qui avait eu sa première relation amoureuse gay cinq ans plus tôt, tout comme moi, et je soupçonne mon amie d'être plus expérimentée que moi en amour. Nous n'avons pas le même âge. J'ai vingts cinq ans et elle a vingts huit ans à peu près, et si ce n'est pas exact, le chiffre exact n'en est pas loin. J'ai dix ans de vie amoureuse et de sentiments contradictoires envers les femmes à mon actif, contre cinq pour mon amie. Par contre, elle a eu un enfant et moi je n'en ai pas encore eu. Je suis trop instable pour un projet d'une telle envergure. Quant à ma belle New Yorkaise, elle en était à sa première relation gay. J'ai beaucoup de peine pour elle, et tout mon amour va dans sa direction et j'espère que cette énergie positive puisse se transformer en bouclier, et que ce bouclier réussisse à se faire un chemin jusqu'à elle et l'enlace de toute sa force cosmique pour lui communiquer mon amour, ma force. Je suis forte de ne pas me laisser détruire par lui. Avant, j'aurais été triste de ne pas concrétiser mon amour en prenant un être frêle dans mes bras. Maintenant, je sais que l'amour sincère est le plus beau et que tout vient à point à qui sait attendre. Un jour, ma belle, tu sauras. Pour le moment, gardons le secret et attendons le bon moment. Je t'aime et je te remercie.

Ton admiratrice secrète qui t'aime très fort, Didou

Lettre à mon angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant