Petite mort

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Personne ne sait à quel point je me sens mal dans ma peau. C'est mon secret. Tous ces jours qui s'écoulent sont semblables à ceux qui les ont précédé et qui les suivront. Il n'y a rien d'autre que le destin et ça ne sert à rien de se révolter contre le temps qui passe. Les incidents arriveront quoi qu'il arrive et chaque choix a un impact sur le futur. Revenir sur le passé ne sert à rien. Anna et moi, c'est terminé. Je ne veux plus souffrir. Je me suis sentie blessée, hier. Je n'aurais jamais pensé que la soirée se serait passée comme ça. Pourquoi, alors que j'étais seule avec Ariel, je me sentais si bien, quand Anna est là, avec Ariel, j'ai envie de disparaître? Je me sentais de trop, pas à ma place. J'ai plus ou moins réalisé que mes objectifs étaient irréalisables. Je pleure. Je crois que je me sens vraiment mal, parce que j'ai vraiment cru que j'étais tombée amoureuse, et que je pourrais vivre de très belles choses à ses côtés. Malgré tout, je n'arrête pas de vivre de la honte, des regrets, des décalages entre ma manière de voir les choses et de les faire et sa manière à elle de vivre les choses et de les appréhender. Nous comme en tout points différentes et ça me fait mal. Elle est si loin, je suis si loin d'elle. Je voulais me rapprocher, mais j'ai peur que ça soit impossible. Ça me désole de le réaliser. Le beau nuage doré de bonne humeur qui me retenait en l'air menace de se dissiper. L'averse est imminente. Il faut vraiment que j'évite de me retrouver avec des gens qui me font me sentir mal. Déjà, à la base, il n'y avait rien qui me prédisposait à aller à sa rencontre. Je suis si triste que j'irais pleurer sur le dos du chien du berger allemand que j'aperçois à travers la fenêtre. Je sais que la douleur que je vis est une douleur solitaire que je ne peux pas partager. Je sais aussi que demain ça ira mieux et que je vis juste un petit épisode de dépression. J'aurais envie de crier et me révolter. J'aurais envie de marcher des heures et ressasser ma colère sans fin, pleurer toutes les larmes de mon corps et oublier tout ce qu'il s'est passé. J'ai envie d'abandonner le projet, à cause de la douleur que ça m'apporte. Je sais aussi que cette douleur, je l'ai cherché. Je sais aussi que cette douleur, je vais en vouloir encore. C'est mon côté malsain. C'est mon côté déséquilibré qui est ravi d'être nourri. Je risque de vouloir m'entêter et sacrifier des soirées pour faire quelque chose avec elle, si elle me le propose. Je risque de même lui proposer quelque chose d'aussi bête qu'une pièce de théâtre ou d'aller voir ses stupides papillons à pie 9. Comme si j'en avais quelque chose à branler des papillons. Je ne peux pas m'empêcher de repenser à son cul, ses fesses, son corps, grossièrement là, qui existe. Des passages qui repassent dans ma tête, une situation qui me dépasse. J'ai envie de hurler au temps de s'arrêter, j'ai envie de hurler de protestation, j'ai envie qu'on sache que ça va trop vite pour moi, que j'ai envie de partir, que je voudrais juste arrêter tout ça, que c'est trop dur de rattraper les autres, d'arriver à leur niveau. Je me sens comme une athlète médiocre qui se traîne derrière et qui n'arrive pas à rattraper les autres. J'ai beau courir, j'ai beau aller vers les autres de toutes mes forces, ce n'est jamais assez. On ne m'aimera jamais pour ce que je suis. Je suis une ratée, et ça, ça n'arrête pas de me revenir à la figure. J'aurais envie d'un câlin, j'aurais envie qu'on me rassure que tout va bien aller, que je ne vais pas mourir ce soir, qu'on m'aime, que je dis n'importe quoi. Mais qui le fera ? Sinon moi même? Je suis mon plus grand danger et m'a plus forte alliée. Heureusement, j'aime les défis , et j'aime me battre. Arrivera ce qui arrivera, je suis le court de la vie. De toute façon, il n'existe aucun chemin sans eurts.

Lettre à mon angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant