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Quand je suis rentrée enfin de journée j'étais plutôt contente. Malgré le regard persistant de certains élèves, ce lycée me plait. Et puis Lexie ne m'a pas lâché. C'est une fille vraiment attachante et particulièrement intelligente. J'ai remarqué au fil des années que certaines personnes, qui ne connaissent pas la langue des signes, me parlait comme si j'allais leur répondre autre chose que « oui » ou « non ». Lexie a toute de suite compris et a formulé ses phrases de façon à ce que je puisse répondre par « oui » ou « non ». Malgré tout elle m'a fait promettre de lui apprendre la langue des signes. En attendant, je lui écris mes réponses sur papier.

J'ouvre tout de même la porte de chez moi avec soulagement. Même si je ne suis pas une mauvaise élève, je préfère nettement être chez moi. Au moment où je referme la porte, Léa arrive dans l'entrée :

« Katy, ça va ? »

Je hoche la tête.

« J'allais voir ton père, tu veux venir avec moi ? continu-t-elle.

« Pourquoi tu vas le voir ? » demande ai-je avec mes doigts.

- C'est bientôt la fin de service, je voulais lui faire une surprise. C'est trop nier tu crois ? » dit-elle faussement attristé.

Je ris et lui fait « non » de la tête. Puis je décide de l'accompagner malgré mes leçons. Cette fois-ci, Léa prend sa petite voiture grise, mon père est parti au travail avec la sienne. Nous retournons donc à Johnson City, j'aurais dû rester là-bas. Léa finit par se garer sur le parking du commissariat. Nous entrons dans les locaux. Le policier a l'accueil nous salut :

« Oh madame Cooper ! Je ne savais pas que vous deviez passer.

- Ce n'était pas prévu.

- Ah ! fit-il avec un sourire. Je ne lui dirais rien quand-t-il rentrera, promis. Bonjour mademoiselle. »

Je lui souris :

« Tu sais que tu es déjà célèbre ici, ton père n'a pas arrêté de parler de toi. »

Je rougis légèrement et je suis Léa qui était entrain de rire à la réplique de l'agent. Elle doit connaitre les lieux maintenant parce qu'en une semaine elle y est au moins allée cinq fois. Dans un sens, il faut la comprendre, elle s'ennuie à la maison, elle est toute seule. Elle a envoyé plusieurs demandes d'emplois dans des cafés et des magasins mais personne ne lui a encore répondu. Quand à moi, c'est la première fois que je viens ici. Il faut dire que je ne suis pas tellement fan de ce genre d'endroit. Non pas que je haïsse les policiers, au contraire je les admire. Le truc c'est qu'ils portent tous des armes à feu à la ceinture et je déteste ça. Cela me rappelle de mauvais souvenirs.

Enfin nous arrivons dans le bureau de mon père. N'étant qu'un simple agent, il le partage avec un des ses collègues. Je m'assoie à la place de mon père et Léa en face de moi. Là nous nous mettons à discuter en silence de nos journées respectives. Même si les doigts de Léa sont encore hésitants, elle apprend vite. Soudain des voix se font entendre à l'autre bout du couloir. Sans problème je reconnais celle de mon père il est entrain de plaisanter avec un collègue. En écoutant mieux je me rends compte qu'ils rient d'un sujet pas très catholique. Je regarde Léa avec de gros yeux. Quand mon père passe devant le bureau, elle lui lance :

« Mon Dieu, dites-moi que cet homme aussi grossier n'est pas celui que j'aime. »

Je me mets à rire. Mon père passe sa tête par l'entrebâillement de la porte et souris :

« Oh mes princesses ! »

Mon père est un homme d'âge mûr qui commence à avoir quelques cheveux blanc sur les côtés. La mort brutal de ma mère lui a donné un sacré coup de vieux. Heureusement que Léa était là pour lui remonter le moral. Même si j'ai toujours été proche de lui, nous avions dû mal à avancer sans maman. Aujourd'hui c'est lui qui m'aide à avancer malgré les coups durs de la vie. Mon papa c'est mon héros comme disent les enfants. C'est cliché mais pour moi c'est vrai.

Mon père s'approche de nous. Il embrasse Léa et contourne son bureau pour me faire un bisou sur le front. Un de ses collègues rentre au même moment dans la pièce et prend place sur l'autre bureau :

« On dirait que toute la petite famille est réussit. »

Nous lui sourions et mon père fait les présentations. L'homme se nomme Dany et il est le nouvel équipier de mon père. Il est plus jeune que lui. L'alliance qu'il porte au bout de la chaine autour du cou me prouve qu'il a été marié. Dany est quelqu'un de très joviale, nous avons plaisanté avec lui pendant une petite heure. Puis mon père décide de rentrer. Nous retournons dans le hall après avoir souhaité une bonne soirée à Dany. Soudain, un groupe de policiers entrent dans le commissariat. Ils ont entre les mains des armes automatiques. Je me crispe. L'un d'eux se tourne vers son collège pour lui dire quelque chose et le canon de son arme se retrouve pointé sur moi pendant une petite minute. Je me fige. Tétanisée, je fixe le canon de l'arme au bord des larmes. Cette image me ramène directement au jour où ma mère est décédée. J'étais tout aussi effrayée, attendant juste que la balle sorte de l'arme. Ma respiration est de plus en plus saccadée. Mon père prend mon visage entre ses mains et le tourne vers lui. Il s'assure qu'il a bien toute mon attention et il dit :

« Katy, ça va aller. Cet homme ne te fera aucun mal. Tu me crois ? Il ne tirera pas. »

Je reste figée encore un instant et je finis par hocher vivement la tête et me réfugie dans ses bras. Je ferme les yeux et pleure en silence. Au bout d'un petit moment il me prendre dans ses bras et nous sortons du bâtiment. Nous montons dans la petite voiture de Léa. Mon père s'installe avec moi sur la plage arrière et Léa nous conduit jusqu'à la maison. Arrivée là-bas, je suis calmée et passablement remise de mes émotions. Nous installons dans le salon et mon père me dit :

« Ça va mieux ? »

Je hoche la tête :

« Pourquoi j'ai aussi peur à chaque fois ? lui demande ai-je en signe. Je n'arrive pas à oublier. »

- C'est normal ma chérie, une peur ne s'efface pas comme ça. Il te faut du temps et une certaine maitrise de toi pour réussir à te contrôler.

- Je pense qu'il faut plus regarder la personne qui tient l'arme que l'arme en elle-même, ajoute Léa avec douceur. On voit toujours les émotions des gens sur leurs visages. Quelqu'un qui veut tuer n'aura pas la même expression que quelqu'un qui cherche seulement à se défendre.

« Je le sais cela mais je n'arrive pas à regarder la personne qui tient l'arme. Je ne vois que... cet homme. »

- Il est mort Katy, continu mon père, tu n'as plus à avoir peur de lui.

« Facile à dire, » ai-je dit en grimaçant.

- Je sais, répond-t-il. Je sais. »

[Merci d'avoir lu ce chapitre 😍 Je vous promet que dès le prochain chapitre ça va bouger, j'ai juste pris le temps de poser la situation de Katy 🙄 voilà voilà 🤗 n'oubliez pas de voter et me laisser un petit commentaire avant partir, bisous]

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