Plusieurs minutes passent dans le silence plus absolu, comme si le bâtiment lui-même attendait que tout soit finit pour respirer. Lexie finit par relever la tête. Je la vois attentive au moindre petit bruit mais il n'y a rien, pas même le souffle d'une personne. Non, c'est le calme plat. Un silence des plus angoissants. Un silence où l'on a l'impression que notre respiration peut être entendue à l'autre bout du bâtiment par une personne mal entente. Je n'aime pas ça. Je vois les doigts de Lexie se mettre à bouger maladroitement pour me dire en signe :
« Tu crois qu'ils sont partis ? »
En temps normal, je l'aurais applaudit parce qu'elle n'a commit aucune faute dans sa phrase. Elle fait beaucoup de progrès depuis quelques temps. Mais mon esprit est ailleurs :
« Je ne sais pas. »
« On devrait aller sur le toit pour pouvoir téléphoner à mon père. Il y a moins de risques d'être entendu. »
« Tu veux qu'on sorte de là ? » demande ai-je affolé.
La simple idée de sortir de cet endroit, que je considère tout à coup comme un cocon de protection, me fait trembler comme une feuille. En plus pour aller sur le toit ! On y sera complètement à découvert et sans possibilité de se cacher si ça tourne mal. Et puis qui nous dit que ces hommes n'y sont pas déjà ? Non, je ne veux pas quitter cet endroit, hors de question.
« On n'a pas le choix, Katy. De toute façon, ils finiront par nous trouver si on ne bouge pas. D'un côté comme de l'autre on est coincée. »
Je sais très bien qu'elle a raison, mon père me l'a souvent répété. Si l'on est prit au piège dans un bâtiment par des hommes armés, on ne doit pas rester au même endroit. Quelqu'un est difficilement repérable s'il est mobile. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas.
« J'ai peur, » lui ai-je dit en silence.
« Moi aussi mais on n'a pas le choix. »
Je ferme les yeux et souffle profondément. Je dois prendre sur moi parce que je ne suis pas la seule à supporter le poids de cette décision, je n'ai pas le droit de penser perso. Une fois que je suis à peu près prête, je fais un signe de tête à Lexie. Elle se lève doucement et vérifie que la voie est libre avant d'ouvrir lentement la porte des toilettes. Quasiment collée à son dos, je la suis hors de la pièce. Elle a le reflexe de tenir la porte pour éviter qu'elle ne claque et nous partons en trottinant vers les escaliers. La gorge sèche, je monte les escaliers toujours derrière Lexie en regardant toutes les deux secondes derrière moi. J'ai la désagréable impression d'être suivit, mais à chaque fois que je me retourne, il n'y a personne. Le couloir et la cage d'escalier sont définitivement vides. Arrivée au palier du deuxième étage, j'entends une porte claquer. Par reflexe, je tire Lexie en arrière avant qu'elle ne commence à monter les marches qui accèdent au troisième étage. Nous nous plaquons contre le mur du palier, face aux marches que nous venons de monter. Mais nous ne pouvons les descendre, on risque d'être entendu et on ne peut monter parce qu'on sera totalement à découvert. On est coincées. Mon cœur bat la chamade. La pression est insoutenable et j'ai juste envie de crier de tout mon être pour l'évacuer. Si cette personne décide de monter ou descendre, on est mortes. Je ferme les yeux et attend fébrile, qu'une balle traverse ma chaire tremblante. Je ne veux pas voir cette personne quand elle pointera son arme sur nous. Je ne veux pas que ce soit la dernière image que je verrais. Soudain je sens la main moite de Lexie attraper la mienne comme si elle cherchait un certain réconfort avant... avant de ressentir ce que ma mère a ressentit. J'ai les jambes en coton et je n'ose même plus respirer. Les pas assurés se rapprochent. Je vais m'évanouir. Je revis ce soir tragique, minutes après minutes. Le visage livide de ma mère baignant dans son sang ne cesse d'apparaitre sous mes paupières comme s'il y était dessiné à l'encre indélébile.
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Rebirth
Mystery / ThrillerLe terrorisme. Généralement, ce mot fait réfléchir, engendre des colères ou des tristesses sans bornes, mais surtout il provoque de la peur. Quand l'on voit toutes ces images d'horreur aux informations, on ne pense qu'à une chose : "j'ai eu de la c...