Chapitre 12

1.5K 86 13
                                    

Tom ne voulait pas comprendre ce qu'on venait de lui dire. Non, ce n'était pas possible. Bill ne pouvait pas rester là. Il détestait cette vie.

- Tu mens... Bill, dis-moi qu'il ment !

Mais Bill ne répondit rien, baissant à nouveau le visage. Tom entendit alors David rire.

- Une pute reste une pute et tu t'es fait avoir par l'une d'elle. Il t'a menti. Il devait juste faire en sorte que tu t'attaches. Et cela a marché, apparemment.

Tom se releva, les jambes tremblantes. Il ne voulait pas y croire.

- Bill, regarde-moi.

Sa voix était froide. Mais l'androgyne ne fit rien.

- Regarde-moi !

Bill sursauta et finit par relever le visage pour finalement croiser les yeux du professeur. Bill pleurait. Mais ce qui frappa le plus Tom était ce pardon silencieux qu'il pouvait lire dans les yeux du brun. Sauf qu'il ne voulait pas de ses excuses. Bill venait de briser ce qu'il avait réussi à construire entre eux. Tom ne lui accorda pas un regard de plus et quitta rapidement la chambre. Il traversa la boite et ne fit même pas attention aux appels de Lou. La seule chose qu'il voulait était de se trouver le plus loin possible de Bill. Il rentra chez lui, plus énervé et dégoûté que jamais. Il se planta devant la porte-fenêtre qui menait au balcon de son appartement. Il n'en revenait pas. Il s'était bien fait avoir.

La semaine passa. Tom était encore moins motivé pour aller faire cours. Surtout alors que Bill y était. En effet, l'androgyne était revenu. Il cachait les marques sur son visage par énormément de fond de teint et en ayant détaché ses cheveux. Tom le trouvait toujours aussi beau mais ne voulait plus le voir. Sauf que Bill avait tenté de lui parler, sans succès. Cela s'était passé le jeudi. L'androgyne n'avait pas réussi à avoir la force de se présenter devant Tom avant. Jusqu'à jeudi où il n'en pouvait plus d'attendre.

L'androgyne avait fait exprès de prendre son temps pour ramasser ses affaires. Il savait que Tom attendait la sortie de tous ses élèves pour fermer la salle de classe. Bill prit donc son temps et attendit que tout le monde soit sorti pour enfin se diriger vers la porte. Il ne faisait que jeter quelques coups d'œil à Tom, sentant le regard pesant de ce dernier sur lui. Le professeur ne le quittait pas des yeux. Tom avait envie de lui demander comment il allait, mais il se souvenait encore de ce qu'il s'était passé. Et cela le braquait. Alors il était encore plus froid et distant qu'avant. Et ça, Bill le sentait. Et il s'en voulait énormément. Alors qu'il allait passer la porte, l'élève se stoppa et referma la porte pour qu'il ne se retrouve qu'avec Tom. Il se retourna et fit face à celui-ci.

- Laisse-moi sortir.

- Non. Nous devons parler.

- C'est en rapport avec le cours ?

- Non.

- Alors nous n'avons rien à nous dire.


Bill ne pouvait s'empêcher d'être tout de même heureux que Tom lui adresse la parole. Cela aurait pu être pire. Bill planta son regard dans celui du tressé. Le professeur remarqua aussitôt les marques sur le visage de l'androgyne. Il devait en avoir encore plus sur le corps. Mais Tom s'interdisait mentalement de lui demander quoi que ce soit. Il avait été blessé et humilié. Et ça il ne risquait pas de l'oublier.

- Tom...

- Monsieur Kaulitz. Je suis ton professeur.


Le ton était dur et froid et Bill eut envie d'en pleurer. Depuis ce qu'il s'était passé, il ne mangeait presque rien. Il n'avait même plus d'attirance pour la cuisine. Il ne lui trouvait plus aucun attrait si Tom n'était pas là pour la faire avec lui ou pour la goûter. Tom lui manquait comme jamais. Il en était littéralement tombé amoureux. Et depuis qu'il n'était plus à ses côtés, il n'avait plus goût à rien. Il avait même refusé de travailler pour David le week-end d'avant et une nouvelle fois, David l'avait corrigé pour son refus. Bill paraissait plus fatigué et mince que jamais. L'androgyne voulait revivre sa semaine avec Tom indéfiniment. Mais à cause de David, ce n'était pas possible.

- S'il-te-plait, écoute-moi, supplia le brun.

- Et je devrai payer pour ça aussi ? Je crois l'avoir assez fait l'autre jour non ?

- Ne dis pas ça...

- De toute façon, dans l'histoire, c'est moi le baisé. Alors je ne vois pas ce que tu veux de plus de moi.

- Mais je t'...

- Non ! Je ne veux pas t'entendre ! Tu ne fais que mentir. Tu m'as bien eut avec tes larmes. Et ton histoire, ta vie, c'était faux ça aussi ?

- Non !

- On avait un deal. Maintenant nous n'avons plus rien à voir. Tu disparais de ma vie et je disparais de la tienne.

- Mais tu ne disparais pas de mon cœur...


Et il n'eut pas la force de rester face à Tom plus longtemps. Il sortit en vitesse sans se retourner.


Et depuis ce jour, Tom ne vit plus une seule fois Bill en cours. Une autre bonne semaine était passée. A croire que Bill avait pris au mot ce que Tom lui avait balancé. Sauf que, quelque-part, Tom avait voulu qu'il soit toujours là. Il aimait sentir le regard de l'androgyne sur lui. Il avait l'impression qu'il comptait toujours un minimum pour lui. Même s'il ne le montrait pas, il s'inquiétait. Il se retenait de retourner là où Bill travaillait. Ce n'était pourtant pas l'envie qui manquait.

Vendredi soir. Georg avait tenté de motiver Tom à sortir mais le professeur avait refusé. Le tressé préférait rester chez lui. Il était assis sur son canapé à regarder la télé sans vraiment suivre le programme. On sonna. Tom grommela et finit par se lever pour aller ouvrir. Et là il tomba sur Georg. Tom allait pour fermer la porte mais son ami la bloqua.

- Parce-qu'en plus tu oses me refermer la porte sur la gueule ?

- Ben ouais.

- Oh ne me cherche pas Tom. Tu sais très bien que je pourrai t'en coller une.

- Essaye toujours.


Georg soupira. Il n'en viendrait sûrement pas aux mains avec Tom. Ils étaient aussi forts l'un que l'autre. Ils se souvenaient encore tous les deux de leur dernière bagarre qui remontait à leurs 19 ans. A cause d'une fille. Ce fut d'ailleurs ce jour-là que Tom décida de ne plus jamais toucher à une fille. Il s'en était tiré avec un poignet fracturé et Georg avec un doigt cassé et l'arcade ouverte. Tom se tenait toujours devant sa porte.

- Et tu ne vas pas me laisser rentrer ?

- Pourquoi tu es là Georg ? Je croyais que tu sortais.

- J'ai changé mes plans parce-que j'en ai marre que mon meilleur pote ne vienne même pas avec moi en soirée. Et que cette soirée je voulais la passer avec lui.


Tom soupira légèrement.

- Ecoute...

- Non Tom, je ne veux pas une de tes fameuses excuses. J'en ai laissé passer pas mal et là, ce n'est plus le cas.

- Je vais bien Georg.

- Ah ouais ? T'as mangé quelque-chose ?


Tom ne répondit rien. Depuis que Bill était parti, il ne mangeait plus grand-chose. C'était tellement meilleur quand c'était Bill qui lui préparait un repas. Il mangeait, oui, mais peu. Depuis le départ de l'androgyne, il ne retournait dans la cuisine que pour déjeuner, rien de plus. Tom vit alors le regard de son meilleur ami. Georg ne le laisserait pas tomber. Le tressé finit par s'écarter de la porte, le laissant enfin entrer. Georg se pencha, accueillant le chiot qui s'était limite jeté sur les jambes de celui-ci.

- Cookie !, grommela Tom.

Georg ne fit que sourire, portant le chiot dans ses bras jusque dans le salon. Il s'assit sur le canapé, gratouillant le ventre de Cookie.

- Et après il ne te manque pas hein.

- Arrêtes avec ça.

- Et toi arrêtes de te voiler la face. T'es allé jusqu'à acheter le chien sur lequel il avait craqué et tu l'as appelé Cookie.


Tom fit une légère grimace et s'assit aux côtés de Georg. Le chiot se précipita aussitôt vers le professeur. En effet, quelle folie l'avait pris d'acheter ce chien ? Il s'était promené au centre commercial sans aucune raison et était tombé sur le chien avec lequel s'était amusé Bill quand ils étaient venus. Et bien évidemment, il l'avait appelé Cookie, en référence à leur dernière après-midi ensemble. La présence de Bill lui manquait tellement qu'il avait été jusqu'à acheter ce chien.

- Il ne me manque pas.

- Mais bien sûr. Bon, on mange quoi ?


Tom soupira mais finalement, il était bien heureux d'avoir Georg comme ami. Celui-ci était toujours là pour lui. Dans les bons comme les mauvais moments, il savait être présent pour lui. Les deux amis commandèrent donc du chinois et parlèrent de tout et de rien. Tom refusait de parler de Bill et ça, Georg l'avait bien compris. Alors ils parlaient de cours, des dernières conquêtes de Georg, des affaires de celui-ci. Habituellement, il ne parlait jamais de son travail. Georg était avocat. Il n'aimait pas vraiment parler de son boulot, des affaires qu'il traitait. Mais là, il avait un sujet intéressant.

- Je suis en train de défendre une prostituée qui attaque le mec pour lequel elle bossait.

- Ah ouais ? Tant mieux pour elle.

- Tom, tu ne captes vraiment pas où je veux en venir ?

- Si, mais je préfère éviter le sujet.


Georg en leva les yeux au ciel. Qu'est-ce que Tom pouvait être borné. Mais là, l'avocat ne laisserait pas l'occasion filer. Pour une fois que le tressé s'inquiétait et s'attachait à quelqu'un, ce n'était pas pour que cette personne se barre de sa vie.

- Bill pourrait faire la même chose avec ce David là.

- Il pourrait oui mais il ne le fera jamais.

- Pourquoi ?

- Parce-qu'il est retourné avec lui alors que j'étais venu le chercher !


Georg fut rassuré de le voir enfin craquer. Il était temps. Le tressé gardait ses sentiments enfouis, au fond de lui. Tom était comme ça. Il ne montrait jamais ce qu'il ressentait.

- Tu n'as pas pensé au fait qu'il n'avait pas le choix ?

- J'étais venu pour lui. J'ai payé une sacrée somme pour que l'autre le laisse libre et qu'il revienne avec moi. Or Bill n'a rien fait. Il s'est contenté de baisser la tête !

- Il est revenu vers toi ou pas ?


A ce moment-là, Tom ne rajouta rien. Il n'avait pas encire raconté ce qu'il s'était passé quand Bill était venu le voir. Il ne fit que soupirer.

- Je dois comprendre qu'il l'a fait.

- Ouais. Il est resté me parler après un cours.

- Et ?

- Et rien. Je lui ai dit qu'on n'avait plus rien à voir l'un avec l'autre.

- Après tu t'étonnes de ne plus avoir de nouvelles de lui.

- Je n'en veux pas.

- Bien sûr que si.

- Ah bon et pourquoi ?

- Parce-que tu l'aimes ! Et que lui aussi !


Tom fut frappé par ces mots. Non, tout ça était faux. Ce n'était tout simplement pas possible. Il allait pour répondre mais il remarqua que Georg attrapait quelque-chose dans la poche de sa veste. L'avocat lui planta alors une photo de lui et de Bill. Elle datait de la soirée où Georg était venu. Tom ne se rappelait pas qu'on les avait pris en photo. Il se souvenait surtout de sa danse avec l'androgyne.

- Alors ne va pas me dire qu'il n'y a pas d'amour entre vous quand on vous voit comme ça.

Tom ne disait toujours rien. Il ne faisait qu'admirer la photo. Le regard qu'ils avaient l'un envers l'autre était juste prenant et beau. On pouvait ressentir énormément d'attachement entre eux. Il se souvint de cette danse. Il n'y avait qu'eux deux ce soir-là. Plus rien ne comptait à part eux et ce sentiment de bien-être qu'ils ressentaient. Tom ne pouvait le nier. Bill l'aimait. Cela se voyait par son regard. Les bons moments qu'ils avaient passés ensembles lui revinrent en mémoire. Passer du temps au lit, à câliner et à parler à Bill lui manquait. Il lui manquait.

Tom fut alors sorti de ses pensées quand il entendit frapper. Il fronça les sourcils et posa son regard sur son ami.

- Tu attendais quelqu'un ?

- Non. Peu importe, il repartira.


De toute façon, il ne voyait pas vraiment qui pourrait venir chez lui. A part Georg, personne ne venait le voir. Oh non, il ne manquerait plus que ce soit...

- Ma mère.

- Quoi ta mère ?

- Imagine que ce soit elle.

- Et alors ? Elle est cool ta mère.

- Ouais mais je n'ai pas vraiment envie de la voir.

- Ben ne lui ouvre pas en faisant croire que t'es absent.

- Avec ma voiture garée en bas et mon appart allumé ? Oh oui je crois que ça peut se faire.


Georg leva les yeux au ciel. Il allait rajouter quelque-chose quand ils entendirent à nouveau frapper sans que cela ne s'arrête. Et surtout, ils entendirent le nom de Tom crié par une femme. Et ce n'était pas la mère du professeur. Le tressé se décida enfin à aller ouvrir. Et là il fut vraiment surpris. Lou.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

La jeune femme ne répondit pas tout de suite. Elle releva doucement le visage et Tom vit ses yeux rougis par ses pleurs. Ses mains tremblaient.

- Lou ? Il se passe quoi ?

- Va le chercher je t'en prie. Ne le laisse pas là-bas...


La voix de la jeune femme était cassée sous ses sanglots ; Tom la fit alors entrer et referma la porte derrière elle alors que Georg arrivait.

- Hey c'est quoi le délire ? Ah ce n'est pas ta mère là.

- Non Georg ce n'est pas ma mère. J'te présente Lou, la meilleure amie de Bill.


Maintenant que les présentations étaient faites, il reporta son attention sur la jeune femme qui ne se calmait toujours pas.

- Lou, je ne peux pas y aller...

- Si ! Il n'y a que toi qui peux l'aider à s'en sortir !

- Non. Il a refusé de partir avec moi.

- Mais il avait peur pour toi ! Qu'on te fasse du mal !

- En quoi ? C'est lui qui m'a blessé en refusant de partir. Il s'est joué de moi.

- David l'a obligé ! Sans toi, depuis que tu l'as à nouveau rejeté, il n'a plus aucune volonté de vivre. Il se drogue. Il cherche à faire une overdose. Il veut mourir Tom. Il ne supporte plus sa vie si tu n'y es pas.


Mots de trop...  

Lass mich freiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant