«trente-deux

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Les jours passent mais semblent tous plus longs les uns comme les autres.

J'avais repris les mujra, c'était mon seul moment de répit où je me retrouvais avec mon corps.

Je le laissait s'exprimer sous le rythme.

Les hommes étaient de plus en plus nombreux.
Mme Manja m'incitait parfois à m'entretenir avec l'un d'entre eux même si elle m'avait promis de ne pas me forcer à assoupir les désirs d'un homme présent au palais. Quand je finissais mes mujra je partais directement dans ma chambre. Je voulais oublier Ajay en passant du temps avec un autre mais c'était impossible, mon coeur se scellait à chaque fois que je rencontrais le regard d'un d'entre eux.

En fin de compte tout commençait à me dégoûter.

Quand j'avais Emir où même Aïcha au téléphone je mourrais d'envie de leur demander de venir me chercher mais ma fierté m'en n'empêchais. Je me suis montrée audieuse face à eux et je ne peux plus revenir en arrière en leur disant qu'ils avaient raison et que j'avais mieux à faire que de rester dans ce pays.

Il m'arrivait parfois de penser à mes parents, mon père surtout que j'ai connu. J'ai alors demandé à Aïcha de me prendre un rendez-vous pour un parloir et j'ai pu en bénéficier un.
Je suis heureuse, cela va tellement m'apaisé.

J'avais peut-être besoin d'un père ? Une âme masculine qui peut me recadrer.

J'en ai parlé à Mme Manja, elle m'a demandé de faire au plus vite, car elle m'a toujours dit que le monde extérieur est néfaste pour une petite nature comme moi.
Que les gens sont mauvais et remplis de vice.
Elle avait raison... Alors, pour s'assurer que tout ce passe bien, un des gardiens du palais m'accompagnera. Je n'ai aucune affinité avec lui, on se parle jamais mais ça me rassure de me savoir en compagnie d'un homme.

Je suis impatiente de retrouver Adan... Enfin Papa... Ça me fait bizarre de l'appeler comme ça mais je ne dois pas oublier les liens du sang. Aïcha est heureuse que je quittes l'Inde pour rendre visite à mon père, elle m'a proposé de venir avec sa petite famille pour qu'on se retrouve mais je ne suis pas prête... Pas prête pour affronter la réalité. La réalité est que ma place est avec eux et que mes caprices de jeune naïve amoureuse ont tout gâchés.

Nous avons prit un parloir double avec Maya qui sera là elle aussi, un excellent moyen de tous nous rapprochés, j'ai tellement hâte.






Nouakchott (Mauritanie)

Je suis de retour dans ma maison. Malheureusement Emir n'est pas là, avec tout ce qui s'est passé, il a besoin de se ressourcer et de faire le vide avec sa famille au Maroc.

Ça nous fera du bien à nous aussi, notre couple commençait à battre de l'aile et mes retrouvailles avec Adan n'ont rien arrangés...


Jennah est toujours entrain de se montrer à la télévision française pensant qu'elle deviendra une star, même si ca me ronge de l'intérieur de la savoir là-bas, il y a des jours où je regarde son émission pour voir ce qu'elle fait, si tout vas bien.

C'est une nouvelle facette de ma fille que j'ai découvert... Une femme... Jennah est devenue une femme devant le grand public, Jennah séduit et plait aux hommes, elle se maquille, prend soin d'elle. Mon petit bébé est à présent dans la cour des grands... Je suis dépassé mais nous ne pouvons rien faire.

Après tout la vie continue.

Les hauts et les bas arrivent dans toutes les familles et nous devons rester unis malgré tout. Après avoir lue quelques sourates du Coran, je m'endors le coeur apaiser. InchaAllah, tout ce passera bien.




[...]



Quelques semaines plus tard
Maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin, France)



« Je n'arrive pas à y croire, mes filles... dit Adan Suarez en se frottant les yeux

- [...]

- [...] »

Les deux jeunes femmes se regardent entre elles et se sourient. Leur petite famille recomposée, commencent à se ressouder au plus grand plaisir d'Adan, père de trois enfant et surtout prisonnier.

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[2] « À L'ENCRE DE NOS MÉMOIRES »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant