«quarante-sept

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Le lendemain, je me réveille avec d'énormes nausées qui me conduisent au WC pour vomir.

Je reste quelques minutes et sans que je contrôle quoi que ce soit mes larmes se sont mises à couler.

Je les essuie aussitôt et comprend qu'il faut que j'appelle Ajay.

Je l'appelle mais il ne répond pas, il doit sûrement être occupé.

J'envoie un message à Hena via Wattsapp pour demander des nouvelles de Mme Manja qui était très souffrante la dernière fois.

Puis, mes petits princes se réveillent, dans le calme cette fois çi, à ma plus grande surprise d'ailleurs.

Je leur donne à manger et les installent dans leur parc au salon.
Djibril se lève à son tour et je lui demande de les surveiller, aujourd'hui j'ai décidé d'aller me recueillir sur la tombe de ma mère...

J'ai appris par Aïcha qu'elle avait été transférée dans le même cimetière que son père, mon grand-père, dans une banlieue proche de la notre où ils habitaient.

Quant à elle, elle commence son travail aujourd'hui, dans une crèche, une crèche privée où elle peut donc porter son voile sans problème.

Alors que mon esprit était ailleurs pendant que je déjeunais, elle s'installe près de moi.

« Tu veux que je t'accompagnes ? me demande-t-elle

- Non ça va aller, ne t'inquiète pas !

- Et pour Adîl et Tajar ?

- Je voulais les emmener mais bon, ça risque d'être compliquée alors Djibril m'a dit qu'il ne fait rien aujourd'hui et qu'il peut les garder

- Hum... Les médecins l'ont sortie du coma artificiel, elle arrive à être auto-suffisante, on attend son réveil maintenant, Inchallah

- Ah, bonne nouvelle !

- On va tous à l'hôpital tout à l'heure, tu viens ?

- Je ne veux pas trop ramener les jumeaux là-bas... Alors je resterais, allez-y

- Comme tu voudras !

- J'irais demain, ai-je répondue en souriant

- [...]

- Bon, je dois y aller, à toute à l'heure. »


Je me suis levée, partie faire un bisous à mes petits princes et je suis descendue de l'immeuble.

J'avance puis en tournant ma tête à droite, je remarque une voiture qui m'est particulièrement familière.

Je baisse le regard vers la plaque d'immatriculation, non, non, non...
C'est la Range Rover noire!
Je presse le pas vers elle et je tape sur les vitres teintées.

« CETTE FOIS-CI VOUS N'ALLEZ PAS M'AVOIR ! LAISSEZ-MOI ! LAISSEZ-NOUS TRANQUILLE PUTAIN ! » ai-je hurlé


Je n'avais qu'une seule envie c'était de courir au commissariat et tout leur raconter, du début à la fin!
Mais le plus important manqué...
Les preuves!

Même si les policiers voudraient me croire, au point de vue de la justice, leurs avocats auraient très bien pu jouer sur le fait que c'est ma parole contre la leur et que je l'ai aucune preuve fiable pour justifier tout leurs actes.

Alors cette fois ci, même si je priais intérieurement qu'ils ne m'approchent plus, je devrais récolter toutes les preuves possibles, j'en regrettais alors mon acte de les avoir fait fuir en criant sur la voiture.

La voiture a accélérée en me laissant comme une folle sur le parking de l'immeuble.
Les larmes aux yeux j'essaie tant bien que mal de me vider l'esprit et prend la route pour le cimetière.



[...]



Une bonne heure après, me voila debout devant sa tombe.
Le silence régnait, mais il était apaisant. Je distingue juste à gauche, une autre petite tombe cette fois ci plus discrète et plus vieilli.

« Fabien Daurdillac - **** / **** »

« Maya Daurdillac - **** / **** »


Je dépose mes énormes compositions florales sur leurs tombes respectives.

Puis dépose les lettres que j'avais préalablement écrite, un soir lors d'une énième insomnie. Je suis restée plusieurs minutes à raconter à ma mère ce que je lui aurais raconté en tant normal.

J'ai parlé de mes petits princes en passant par Ajay et l'Inde. Je lui ai racontée ma vie, mes sentiments, mes rancœurs et mes regrets.

À ce moment précis, je ressentais une énorme douleur dans le coeur, comme çi quelque chose pesait en moi. Je me sentais toute affaiblie, j'en ai pleuré.

J'étais fatiguée, fatiguée de cette vie qui ne résumait plus à rien. Cette vie rythmée par un désordre permanent, quand je voyais des familles le sourire au lèvre profitant de chaque seconde que la vie leur offrait je pleurais, je me demandais alors quand est-ce que ce sera mon tour ? Quand est-ce que je dormirais le cœur léger...

Je me suis confiée à ma mère, pour la première fois j'avais l'impression de la connaître réellement. Je suis restée une bonne heure près d'elle et juste après je me suis sentie légère, le poids était parti.

J'en ai même vomi, quelque chose était en moi, peux-être de la détresse que je venais d'évacuer?

Quelques minutes après être sortie du cimetière, mon téléphone se met à sonner.

« Amulya !

- Ajay !

- Tu... tu vas bien ?

- Oui, merci

- Désolé de t'avoir laisser, désolé, je vais venir bientôt ne t'inquiète pas

- Ce n'est pas grave

- Amulya revient en Inde s'il te plait, Mme Manja a besoin de toi, elle est de plus en plus souffrante et je sens la fin, au moins pour lui dire aurevoir...

- Ajay...je...

- Non, ne t'inquiète pas ce n'est pas une excuse pour que tu reste en Inde, je repartirais avec vous je te le promet

- Je peux pas, mes comptes sont vides, je n'ai même pas commencer à travailler

- Ne parle pas d'argent, ne t'occupe pas de ça, j'ai deja tout prévu, vous me rejoigniez ici dans trois jours !

- Je t'aime

- Moi aussi je t'aime, embrasse Adîl et Tajar pour moi ! »

[2] « À L'ENCRE DE NOS MÉMOIRES »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant