Scorpius n'osa pas écrire à Lily dès le lendemain. À vrai dire, il tergiversa durant plusieurs jours. Certes, il était incapable de l'oublier. Il avait envie de la revoir mais, d'un autre côté, il ne voulait pas risquer de la brusquer. Et de toute façon, il n'était pas certain du tout de ce qu'il devait faire. Était-ce même raisonnable de penser ainsi à elle ? Il n'oubliait pas que son père lui avait toujours recommandé d'éviter les Potter et les Weasley...
Oui mais voilà, ce n'était pas une Potter qu'il voyait en elle, c'était Lily. Sur un coup de tête, il finit par se lancer et lui écrire quelques mots. Ce qu'il commença à regretter dès que sa chouette fut presque invisible dans le ciel gris. Mais lorsque celle-ci revint avec une lettre de la main de la jeune femme, il retrouva le sourire.
Une correspondance débuta ainsi entre les deux jeunes gens. Ils se racontaient de menus événements de leur vie et évoquaient aussi des choses plus profondes. Au fil du temps et de leurs lettres, ils se découvraient davantage. Ils se confièrent de plus en plus l'un à l'autre, ayant l'impression d'être compris et de ne pas être jugés.
Cela faisait plusieurs semaines que leurs échanges épistolaires avaient débuté lorsque, un samedi, ils se croisèrent par hasard à Pré au Lard. Après les salutations d'usage, Scorpius proposa à Lily d'aller boire un verre aux Trois Balais. Elle se mordit la lèvre et lui rappela, désolée, qu'elle préférait éviter de risquer d'être vue par un journaliste. Avant même qu'il ait eu le temps de répondre quoi que ce soit, elle ajouta aussitôt qu'ils n'avaient qu'à aller le boire dans un lieu moldu.
Le jeune homme eut un pincement au cœur à la pensée qu'il n'était décidément pas assez bien pour elle. Pourtant, elle semblait heureuse de le revoir et l'entraînait déjà vers l'extérieur du village, sans doute pour transplaner.
- Tu veux aller où ? lui demandait-elle justement, interrompant ses pensées.
- Euh... où tu veux.
- Edimbourg, ça te va ? Ce n'est pas très loin.
- Pourquoi pas. Je ne connais pas, tu y es déjà allée ?La jeune femme opina avant de l'entraîner à sa suite.
La cité écossaise était très animée, d'autant plus que c'était le week-end. Ils déambulèrent à travers les rues et, cette fois-ci, c'est Lily qui fit découvrir à Scorpius des bâtiments et autres éléments intéressants. Ils finirent par s'arrêter dans un pub pas trop plein et trouvèrent une petite table un peu à l'écart.
Tout en sirotant sa bière, Lily remarqua à voix basse que ça ne valait pas la bièraubeurre. Elle accompagna sa remarque d'un clin d'œil et d'un sourire en coin, aussi lui fit-il remarquer malicieusement que c'était elle qui avait voulu aller du côté moldu. Il se mordit la lèvre, conscient trop tard de sa bourde. La jeune femme soupira.
- Tu as raison. S'il n'y avait pas ces maudits journalistes... commença-t-elle. Oh, ça doit te sembler ridicule, hein ? s'excusa-t-elle nerveusement en tortillant une mèche de ses cheveux.
- Ben écoute, si tu es plus à l'aise comme ça... Et puis je comprends que tu n'aies pas envie d'être vue avec moi, tu sais... temporisa-t-il sur un ton fataliste, en haussant les épaules.
- Non, ce n'est pas ça, Scorpius ! se récria-t-elle aussitôt vivement. C'est... enfin... je n'ai pas envie que ça fasse les gros titres de la presse. Je peux me promener n'importe où avec ma famille ou avec des copines, ça ne posera pas problème. Mais si je suis seule avec un garçon... c'est autre chose, avoua Lily d'une petite voix en baissant la tête. Tu vois, les journalistes... je déteste qu'ils parlent de moi. Quand c'est à propos de mes vêtements, ou bien parce qu'ils m'ont vue sortir d'un magasin de Quidditch avec un paquet sous le bras, je peux faire avec. Mais depuis... enfin...Elle avait visiblement du mal à s'expliquer.
- Je suis désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, s'excusa Scorpius. Je crois que je ne réalise pas vraiment ce que ça représente. Les journalistes ne sont pas tendres avec ma famille, dès qu'ils évoquent la guerre, mais je peux me promener où je veux, comme je veux, sans problème.
- Tu as de la chance ! remarqua-t-elle en s'efforçant de sourire. Ma vie aurait sans doute été plus simple si ça avait été le cas. Et puis, tu sais... enfin... à cause d'eux...
- Tu n'es pas obligée de me raconter, Lily. Mais si tu en as envie, tu peux te confier à moi. Je ne l'utiliserai pas contre toi.
- Je sais, j'ai confiance en toi, Scorpius. Je crois que tu as le droit de savoir pourquoi je tiens tellement à aller du côté moldu avec toi. J'ai bien vu que ça t'a blessé, tout à l'heure.Il ne répondit rien, il n'aurait de toute façon pu la détromper sans mentir.
- En fait, reprit-elle d'une voix chargée d'émotion, ça fait à peu près deux ans que je les fuis comme la peste, surtout lorsque je suis à proximité d'un garçon qui n'est pas de ma famille. À l'époque, j'avais un petit ami. Il était charmant, nous nous entendions à merveille. Mais les journalistes se sont un peu emballés sur notre histoire et... il m'a quittée.
- Oh, je suis désolé, Lily ! s'exclama-t-il impulsivement, sincèrement ému.Effectivement, le jeune homme se souvint avoir lu cette histoire dans le Sorcière Hebdo de sa mère. Mais il ne lui était jamais venu à l'esprit que c'était à cause de cela que Lily s'était retrouvée célibataire. Il lui assura alors qu'il ne l'aborderait plus publiquement du côté sorcier, et lui proposa un signe de reconnaissance, s'ils se croisaient à nouveau par hasard : le majeur de la main droite croisé sur l'index de la même main.
La jeune femme le regarda avec un large sourire qui lui réchauffa le cœur. Elle était tellement soulagée de sa réaction ! D'autant plus que Scorpius était le premier, en dehors de sa famille et de ses amis les plus proches, à qui elle en parlait.
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Dans une semaine, le dixième et dernier chapitre de cette histoire...
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Comme un chat dans un jeu de quilles - Harry Potter
Hayran KurguLe père de Scorpius Malefoy le lui a pourtant répété : « Évite les Potter et les Weasley autant que possible et surtout, surtout, ne t'en fais pas des ennemis ». Et jusqu'à ses 25 ans, il s'y est scrupuleusement tenu. Mais alors pourquoi le chat de...