Chapitre 16: Zéro (2)

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La douleur était perpétuelle.

A chaque minute, chaque seconde, il la ressentait comme un énième coup d'aiguille dans le crâne.

Il avait survécu, jusque là. Malgré les rechutes et les complications liées à l'implantation de la pierre Iota au dessus de sa nuque.

Arvhald – ou plutôt Zéro, qui ne souhaitait plus qu'on l'appelle par son prénom – passait le plus clair de son temps à marcher et à observer. Pour essayer d'oublier la douleur. Bien évidemment, ce n'était d'aucune utilité, mais de cette manière, il pouvait apprendre des choses sur les laboratoires du Phoenix. Et personne ne se souciait de le voir traîner un peu partout. Il n'était qu'une expérience vouée à une mort certaine qui errait sans but.

Si seulement les laboratoires se souciaient un minimum de ce qu'il pouvait penser, ils se méfieraient bien plus. Les plans de vengeance n'avaient cessé de hanter l'esprit de Zéro. S'il parvenait à s'échapper.

Pour l'instant, il se contentait de errer.

- Valentiana ?

La jeune femme, au bout du couloir, s'arrêta dans sa marche pour se retourner. Phrixos passa à côté de Zéro d'un pas pressé pour aller à sa rencontre. Après avoir échangé plusieurs mots à voix basse, il se retourna vers lui, debout quelques mètres plus loin.

- Tu vas bien ?

Zéro ne répondit rien. Il ne répondait jamais à personne. C'était l'unique façon qu'il possédait pour exposer son mépris au reste du monde.

De nouveau, la colère l'envahit. Les laboratoires du Phoenix n'avaient pas le droit de lui faire subir ça. Ils n'auraient jamais dû tuer son cousin.

Ils n'avaient aucun droit sur qui que ce soit.

Zéro s'effondra subitement au milieu du couloir, pris de convulsions.

- Tu as encore fait une rechute, indiqua Kaladria. Contient ta colère, c'est ça ton problème.

Zéro la foudroya du regard. Elle osait lui demander de ne pas s'énerver ?

Une douleur apparut à la base de sa nuque et il se calma instantanément, se renfonçant dans sa couverture. Même si cela lui coûtait énormément de l'admettre, Kaladria avait raison. Il ne devait pas s'énerver. Ni ressentir d'émotions trop fortes qui pourraient faire réagir sa magie. Entre autres, il devait agir comme une coquille vide.

Zéro étouffa une nouvelle colère naissante et se retourna pour ne plus voir Kaladria.

- Ce n'est pas de cette façon que tu vas effacer ma présence, petit. Je compte bien rester sur ton dos jusqu'à ce que tu deviennes un succès.

- Je ne serais jamais un "succès", répliqua Zéro. Vous le voyez bien.

Isidorh – qui s'activait au fond de la pièce depuis un moment – alla voir Kaladria.

- Tu devrais rejoindre Anthéon, dit-il. Je vais m'en occuper.

Kaladria le toisa d'un air sceptique, puis quitta la pièce sans un mot. Isidorh jeta à peine un regard à Zéro et retourna s'affairer au fond de la petite infirmerie.

Il était sûrement le supérieur que Zéro haïssait le moins. Déjà parce qu'il ne parlait jamais, et ensuite parce que lui aussi était issu d'une expérience. Il avait, comme lui, cet horrible œil amélioré qui le faisait voir à travers les objets. Il comprenait les expériences mieux qui n'importe qui et sans doute était-ce pour cette raison qu'il leur accordait un peu de répit.

Ancestrales 5 ~ L'heure du JugementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant