Chapitre 18: Novembre (15)

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Le jour n'était pas encore levé. La lune rouge brillait dans le ciel d'encre. Tout était calme, encore endormi.

Eloïse en profita pour se lever. Elle sortit discrètement dans le long couloir clair, chaussures en main, ses pieds nus heurtant le carrelage si silencieusement qu'elle semblait flotter au dessus. Il n'y avait ni Levanna, ni Caleb pour lui barrer la route. Cette fois enfin, la voie était libre pour fuir.

La magicienne arriva rapidement dans les jardins et regarda autour d'elle pour s'assurer de sa solitude. Certains gardes devaient patrouiller un peu plus loin, elle alla donc s'installer derrière un arbre pour remettre ses chaussures, les lassant plus vite qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant. Ensuite, Eloïse s'élança vers la sortie, sa robe noire de la même couleur que le tissu qui recouvrait ses cheveux la faisant se fondre dans le décors comme une ombre parmi ses semblables.

Elle évita tous les gardes et les nobles qui se promenaient avec une aisance qui l'étonna elle-même, et parvint finalement à atteindre la limite de la propriété. Étrangement, rien ni personne ne l'empêchait de partir. Peut-être Levanna avait-elle raison, personne ne la retenait prisonnière ici.

Eloïse avait bien du mal à y croire. Pour cette raison, elle se mit à courir dès qu'elle s'estima assez loin du château, et ne s'arrêta que lorsqu'elle fut totalement essoufflée.

La jeune fille reprit sa respiration pendant quelques instants. Elle se trouvait désormais aux alentours d'un village. Plutôt pauvre, selon ce qu'elle voyait.

Du bruit provenait de plus loin, là où de nombreuses flammes illuminaient la grande rue terreuse. Eloïse s'avança jusque là-bas, n'ayant aucune autre idée d'où se rendre. Elle avait beau être perdue dans cet environnement inconnu, elle devait faire avec et se fondre dans la masse.

Une foule de personnes criaient, entourant quelque chose qu'Eloïse ne parvenait pas à voir. Elle s'approcha un peu plus et s'estima heureuse que les gens autour ne lui prêtent aucune attention, trop occupés à hurler leur joie.

Du moins, cette joie leur faisaient crier des "à mort", "traître", ou encore "salope" dans un mélange de Madrigan et de Lysirien. Eloïse arriva enfin à voir ce qui se passait au centre de la foule.

Plusieurs personnes tiraient une fille à peine couverte vers un bûcher, pendant qu'elle se débattait de toutes ses forces. Ceux qui la tenaient l'accrochèrent à un poteau de bois planté au dessus d'un imposant tas de paille sèche et y mirent feu. La fille poussa un hurlement glaçant.

Eloïse était tombée en plein milieu d'une exécution publique.

Quelqu'un la saisit par le buste pour la tirer en arrière et plaqua une main sur sa bouche avant qu'elle n'ait le temps d'esquiver la moindre réaction. La magicienne tenta de le frapper, mais il était beaucoup plus grand et solide qu'elle. Personne autour ne chercha à lui venir en aide. Ce fut à peine s'ils lui adressèrent un regard.

Un fil de fer était enroulé autour du poignet de son agresseur. Haven Redland, donc. Elle s'imaginait bien que la liberté n'était pas à portée de main.

Profitant d'un léger relâchement de la part du supérieur des laboratoires, Eloïse chercha à se dégager d'un bond, mais sa tentative fut vaine. Haven la souleva et la posa sur son épaule.

- Ne crois pas pouvoir t'échapper aussi facilement, dit-il.

- Lâchez-moi.

- On va avoir une petite discussion, tous les deux.

- Lâchez-moi, répéta-t-elle.

Il l'ignora et poursuivit sa route en direction de la demeure de Caleb, avec en fond les derniers hurlements de la fille brûlée vive.

Ancestrales 5 ~ L'heure du JugementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant