Me robaste el corazón

Trece

Martina

J'attends des nouvelles de Jorge. Je fais les cent pas dans la pièce et Cande m'observe.

- Martina, ne t'en fais pas, ça va aller.

Elle me sourit doucement.

- Je me sens coupable de ce qui lui ai arrivé...

- Non, ne dis pas ça. Il va s'en remettre !

Je lui souris timidement. Elle est vraiment sympathique. Elle m'observe de haut en bas. Mes vêtements sont beaucoup trop grand car ce sont des pulls que Jorge m'a donné mais je les adore. Ils sentent son odeur et me tiennent bien chaud. De plus, ils me permettent de cacher ma grossesse qui commence à être visible.

- Tu veux quelque chose à manger ?

- Non merci.

La dernière chose que j'ai envie de faire, là, tout de suite, c'est bien de manger. J'espère que Jorge n'a pas raconté à tous ses amis que j'étais anorexique. Non, il n'aurait jamais fait ça.

- Si tu veux tu peux aller te doucher. Je te lessiverai tes vêtements.

Je pue autant que ça ? Je sais que j'ai été séquestrée pendant au moins quatre mois mais ce n'est pas si terrible que ça, si ? Néanmoins, une douche me ferai tellement du bien... Ainsi que des vêtements propres.

- D'accord, c'est gentil.

- De rien, c'est normal. Je vais te montrer où est la salle de bain.

Je ne pensais pas qu'ils auraient une salle de bain dans leur planque. Ça ressemble plutôt à un appartement d'ailleurs.
Cande m'indique une porte.

- Tu peux déposer les vêtements de l'autre côté de la porte quand tu seras déshabillée et je les prendrai. En attendant, tu pourras prendre des affaires à Jorge. Il en laisse souvent dans la commode là-bas.

- D'accord, c'est très gentil de ta part.

Elle me sourit chaleureusement. Je rentre dans la petite pièce et referme la porte. Je commence à me déshabiller mais je tremblote déjà de froid. Je replie rapidement les vêtements sales et les dépose derrière la porte. Je rentre dans la cabine de douche et allume l'eau. Celle-ci est étonnamment bien chaude. Je ferme les yeux et souris. C'est tellement agréable. Cette sensation de... liberté ? Visiblement, il ne manque de rien ici. C'est un vrai petit studio. J'attrape le savon et commence à me frotter énergiquement le corps. Un bon décrassage s'impose. Je me sens vivante. La vie recommence à nouveau. J'arrête mes mains doucement sur mon ventre. Mon bébé... Je ne sais pas encore vraiment ce que je vais faire... D'un côté je sais que je ne suis pas prête à être maman, mais d'un autre, ce bébé je l'ai fait avec Jorge, c'est notre bébé, je n'ai pas envie de le tuer. Je caresse doucement mon petit bidon légèrement arrondi. C'est une nouvelle sensation. C'est agréable aussi.
J'attrape le pommeau de douche et me rince. Je sors ensuite et attrape une serviette. Elle sent bon la lessive propre. Ils ont aussi une femme de ménage ici ? Je m'enroule dedans et m'essuie. J'ouvre alors la petite commode et trouve un pull dont je reconnais l'odeur, celle de mon amoureux. Je l'enfile. Il est sacrément long, on dirait une robe sur moi. Je retrousse les manches. J'attrape mes sous vêtements et les enfile. Je fouille encore dans la commode et y trouve une paire de collant. Je les enfile. Ils sont aussi un peu trop grand mais c'est mieux que rien. Je range un peu ce que j'ai dérangé et sors de la salle de bain. Je rejoins Cande dans le salon qui sourit en m'apercevant.

- Un peu trop grand le pull de Jorge ?

Elle rigole doucement et je fais pareil.

- Oui, mais j'ai trouvé une paire de collant j'espère que ça ne dérange pas.

- Oh non, ne t'en fais. C'est à moi mais tu peux les avoir.

On entend alors une sonnerie. Cande fouille dans sa poche et décroche son portable. Elle se lève et s'écarte de moi quelque instants. J'essaie d'entendre ce qu'elle dit mais je ne perçois que quelque brides de la conversation.

- Oui... Comment tu te sens ?... D'accord... Oui, je te la passe.

Elle revient vers moi et me tend le GSM en souriant.

- C'est ton amoureux.

Je souris à mon tour. J'attrape le téléphone et le colle à mon oreille. Cande va dans la cuisine pour nous laisser un peu d'intimité.

- Mon amour
- Ma princesse. Tout va bien ?
- Oui. Comment tu te sens ?
- Ça va. Je sors du bloc opératoire. Je suis un peu dans les vapes à cause des anti-douleurs mais au moins je n'ai plus mal.
- Je suis tellement soulagée. Je me sens un peu coupable de ce qui t'est arrivé.
- Non, ce n'est pas de ta faute. C'est un accident mon cœur. Je ne veux pas que tu te sentes coupable.
- Je ne sais pas comment te remercier pour tout ce que tu fais pour moi.
- En restant à mes côtés.

Je souris comme une idiote.

- D'accord.
- Pour toujours ?
- Pour toujours. Je t'aime Jorge.
- Je t'aime.
- Tu rentres quand ?
- Je pense que je pourrai sortir ce soir.
- Génial ! Tu me manques !
- Toi aussi. Tout se passe bien sinon ?
- Oui, c'est parfait ! Tes amis sont géniaux et super sympathiques avec moi.
- Tant mieux.
- Je vais te laisser te reposer. Tu dois être fatigué.
- Oui, un peu.
- Reposes-toi mon amour ! Je t'aime très très fort ! Gros bisou !
- Je t'aime ! Bisou !

Je raccroche et me retourne. Je sursaute quand j'aperçois Cande dans l'embrasure de la porte.

- Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter ! Vous êtes tellement choux !

Je souris à mon tour.

- Ne t'en fais pas et merci !

- Je suis heureuse que Jorge ait trouvé quelqu'un. Il était tellement solitaire avant... Tu sais, avec tout ce qui s'est passé entre sa mère et son père, il se sentait un peu seul. C'est pour ça d'ailleurs que cet endroit existe. Ce studio appartient à Jorge à la base mais maintenant toute la bande vient un peu squatter. Il reste plus souvent ici que chez lui.

Ce qui explique qu'il y ait des affaires à lui dans la commode.

- Il ne m'a jamais vraiment parlé de ça.

Elle vient s'asseoir dans le canapé.

- Il n'en parle à personne. Si je sais tout ça c'est parce qu'il s'est confié à moi une fois quand il était ivre.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai les larmes aux yeux.

- Tu lui fait énormément de bien, tu sais ça ? Tu as plutôt intérêt à ne pas le quitter comme ça sinon tu m'auras sur le dos.

Elle rigole légèrement et je la rejoins.

- Ne t'en fais pas, je ne compte pas le laisser. Il est tout pour moi maintenant. C'est peut être difficile à croire mais, même si mes parents m'interdisent de le revoir, je le ferai parce que je l'aime.

Elle me sourit énergiquement. Elle se rapproche de moi et me prend dans ses bras, geste qui me surprend assez.