Une fois de retour dans ma voiture de location, je pose ma tête sur le volant le temps de me ressaisir avant de reprendre la route.
J'ai entendu ce qu'a dit Emma : « Aujourd'hui, je tiens plus à la vie qu'à toi. »
Je ne suis pas certain de pouvoir en dire autant. Je ne peux envisager mon avenir sans Emma. Les affaires, les loisirs, plus rien ne m'intéresse si Emma ne les partage pas avec moi. Jamais je n'ai été dépendant de quelqu'un à ce point mais je ne peux le maîtriser.
J'ai aussi compris qu'il y a trois ans elle est passée à l'acte parce qu'elle ne pouvait vivre sans moi. Cette révélation alourdit encore davantage ma responsabilité. J'aurais dû sauter dans le premier avion dès mon retour du séminaire. Je n'ai pas voulu céder le premier, lui avouer ma faiblesse. Je pensais aussi qu'elle avait besoin de temps pour me pardonner ce que je lui avais fait. Si je l'avais rejointe, elle n'aurait jamais tenté de mettre fin à ses jours et nous serions peut être ensemble. Pourquoi ne me suis-je pas jeté à ses pieds pour l'implorer de me pardonner et de revenir à New York avec moi ?
Je tenais à cet enfant. J'étais prêt à faire d'Emma ma femme et la mère de mes enfants, même si je ne l'avais pas demandé en mariage. C'était trop tôt pour elle et je ne l'ai compris que trop tard. J'aurais dû l'attendre à New York lorsque j'ai trouvé les résultats confirmant sa grossesse, lui proposer que nous en parlions et accepter de l'accompagner pour avorter, même si ce n'était pas mon choix. Mais Emma a raison sur un point : notre relation de l'époque ne permettait pas que cela se passe ainsi. Je prenais toutes les décisions nous concernant, trop souvent sans même consulter Emma. Si nous n'étions pas d'accord, nos corps manifestaient leur désaccord lors de nos jeux sexuels et la soumission d'Emma faisait que très souvent, sans discussion, mon avis était ainsi priorisé. Pour cette raison, Emma m'a caché son état de grossesse et a refusé de partager cette décision.
Je me souviens de cette réunion, peut être un mois avant notre séparation. Emma et moi ne partagions pas le même avis sur la stratégie à adopter sur un dossier important pour l'étude. Les deux scénarii tenaient la route mais par principe je voulais que ma proposition soit retenue plutôt que celle d'Emma et d'un jeune collaborateur stagiaire. Je sentais qu'Emma aimait la compagnie de John et la jalousie était certainement à prendre en compte dans mon comportement. En réunion hebdomadaire avec les associés, alors que nous en avions déjà parlé ensemble, Emma a présenté les deux propositions et la mienne n'a pas été retenue. Sitôt la réunion achevée, j'ai attrapé Emma par le coude et l'ai discrètement contrainte à me suivre dans mon bureau. Elle n'a pas résisté, s'attendant probablement à cette réaction. Sur le seuil de mon bureau, je l'ai poussé brutalement à l'intérieur et j'ai verrouillé la porte dernière nous. J'ai appelé mon assistante pour lui signifier que je ne voulais pas être dérangé jusqu'à nouvel ordre. Emma se tenait debout entre la porte et mon bureau, sans lâcher mon regard froid. Dans le sien, je pu lire de la résistance mais aussi du désir. J'étais réellement furieux qu'Emma m'ait défié de la sorte.
« Comment as-tu osé me faire ça ? Tu as eu ce que tu voulais ? Ton petit John va être fier de toi ? »
« John n'a rien à voir dans cette décision. Notre proposition est bonne et méritait d'être exposée au même titre que la tienne. Je ..... »
« Cesse de me défier Emma ! Tu sais très bien comment cela va finir ! »
« Tu vas faire quoi ? Me fesser comme une enfant désobéissante ? »
« Ton comportement est celui d'une adolescente qui cherche à épater la galerie. Je ne peux tolérer cela ni d'un collaborateur et encore moins de toi. Je vais te punir Emma. »
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Le secret
RomanceEmma, jeune avocate à la carrière prometteuse, à l'occasion du futur mariage de sa meilleure amie, doit de nouveau affronter son passé qu'elle a eu tant de mal à oublier.