Chapitre 3

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Quand je touche sa main, j'ai un frisson qui parcourt mon échine. Pour la première fois de ma vie, je suis troublé par le contact d'un homme. Voyant mon trouble, Claire intervient.
- Donc Mr le maire comment voyez-vous cette association ? D'un point de vue financier, vous allez devoir payer deux cabinets d'architecture ?
Matthew a gardé ma main dans la sienne le temps que Claire débite ses questions. Il la lâche doucement tout en me fixant et renchérie sur les propos de Claire.
- Mme DE BROGLIE a raison.
- Je sais, dit Mr le maire. Je veux les meilleurs pour ce projet qui me tient à cœur. Et je vois que je ne me suis pas trompé. J'apprécie vraiment vos deux projets pour cette usine et je voudrai que vous mélangiez vos idées. Sur ce, je vous revois tous les quatre dans deux mois pour me présenter votre projet commun avec tous les détails et l'étude de coût.
Le maire se lève et nous sert la main avant de partir et nous dit à bientôt.
J'avoue que je ne sais pas quoi faire, j'ai l'habitude de travailler seule. Je perds dans mes réflexions et mes souvenirs sombres de mon passé. C'est avec une aisance assez remarquable que Matthew s'adresse à nous.
- Ce que je vous propose c'est qu'on s'organise une réunion dès maintenant pour que l'on se présente nos projets respectifs. Qu'en dites-vous ?
Claire réponds à ma place, elle voit que je suis entrain de me battre avec mes anciens démons.
- Oui, elle sort son agenda. Quand seriez-vous libre ?
Il répond du toc au tac.
- Maintenant.
- On ne peut pas rester là. Nous devons soit allé dans vos locaux soit dans les nôtres ?  Réplique Claire.
En bon gentleman, il dit tout en me fixant.
- Les vôtres
- Très bien. Je vous donne ma carte, il y a l'adresse dessus. Dans une heure ça vous va ? Dit Claire
- Oui très bien.
« Pourquoi me fixe-t-il ? Et que cherche-t-il ? »
Je reste figé à les regarder, puis Claire me mets un coup de coude sur le haut de mon bras, ce qui me permet de revenir sur terre.
Je bloque mon regard sur Harcher et lui dis
- Très bien, dans une heure dans notre salle de réunion.
C'est fou, je n'arrive pas à le regarder dans les yeux, pourtant dans l'ascenseur ça ne me gênait pas. Par contre lui ce n'est pas le cas. Je sens sur moi son regard brulant.
« Mais tu te fais surement un film ma pauvre fille. Ce n'est pas toi qu'il regarde, c'est Claire. C'est sûr, elle est plus jolie que toi »
Je ferme les yeux quelque seconde et entend la porte se refermer. Claire pose sa main droite sur la mienne et me dis d'un ton doux et inquiet
- Ça va ? Je ne t'ai jamais vu comme ça.
- Je vais bien, ne t'en fais pas. Cet homme me déstabilise.
- Si, je m'en fais, il faut que tu arrives à travailler avec lui. Et je connais toute ton histoire, j'étais là. Je ne veux pas te ramasser à la petite cuillère comme à Paris.
« Oh non ! Elle me reparle de ma descente aux enfers. Super ! J'ai envie de m'enfuir, de me protéger »
- Aby, je suis là. Ne fais pas semblant de m'ignorer et je sais ce qui te passe par la tête là maintenant. Alors ....
Elle tourne tout mon corps vers elle en me tenant par les épaules.
- Regardes-moi Aby ! Quoi qu'il arrive, je serai toujours là.  Quand il sera avec toi pour bosser, si tu en ressens la nécessité, je peux être là. Je ne te laisserai pas toute seule, plus jamais. C'est promis.
« Mon dieu j'adore cette fille »
Elle a réussi à me rassurer, je hoche la tête pour lui faire comprendre que j'accepte son aide et je  la sers dans mes bras.
Nous finissons de ranger nos affaires et nous montons en voiture. La tête contre la vitre, je soupire et regarde tous ces gens qui ne craignent rien, qui n'ont jamais connu d'atroces souffrances. Je commence à angoisser, je ferme les yeux et respire fortement. Le trajet se fait dans un silence de plomb.
« Aller Aby ressaisit toi un peu bon dieu » me tanne ma conscience.
Claire s'adresse à notre hôtesse d'accueil, ce qui me fait sortir de mes pensées.
- Théa ! Mr HOLL ainsi que Mr SMITH vont arriver. Pouvez-vous les diriger vers notre salle de réunion s'il vous plaît.
- Bien Madame.
Claire se retourne et s'avance vers moi.
- A toi maintenant.
Elle m'attrape le bras et me tire vers mon bureau. Elle me lâche et ferme la porte derrière elle. Elle fait les cent pas. Je sais qu'elle se prend la tête pour moi et je voudrai lui dire que ça ne sert à rien mais je n'y arrive pas.
- Pour l'entrevue d'aujourd'hui je serai avec toi. Après il faut qu'on fasse un planning, mais quand tu devras te déplacer voir les fournisseurs et aller sur le chantier, je ne serai pas toujours là. Alors voilà ce que je te propose, quand tu devras y aller seule je ne viendrai pas, par contre quand il sera là, j'essayerai d'être là. Ça te va ?
Je me dirige vers la fenêtre et lui réponds.
- Oui bien sûr que ça me va. Mais tu en fait trop ma belle. C'est peut-être un moyen pour moi de passé outre mes peurs. Je ne sais, pas ce que je ferai sans toi.
- Je peux te demander quelque chose ?
- Oui bien sûr
- Qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Tu as failli tomber. Et ne me ment pas.
- Je ....
Le téléphone sonne. Je réponds
- Oui Théa ?
Bien
Dites-leurs que nous arrivons.
Théa ! Pouvez-vous leur servir quelque chose s'il vous plaît.
Je raccroche et regarde Claire.
- Bon .... Ne te crois pas sorti d'affaire, on en reparle après. Aller souffle un bon coup et c'est parti.
Nous nous dirigeons vers la salle de réunion, Théa leur sert un café et remarque qu'elle n'a d'yeux que pour Matthew. Ça m'agace. Pourquoi ? Lui ne fait pas attention à elle, pourtant c'est une jolie fille, blonde, mince, yeux marron avec de grande jambes, tout pour plaire.
Nous rentrons et les deux hommes se lèvent. Matthew prend la parole, il y a quelque chose dans son regard mais je ne sais pas quoi.
- Ravie de vous revoir. Dit-il avec un sourire à faire tomber par terre.
« Arrête de le regarder, il n'est pas là pour toi. Et puis il est trop bien physiquement »
Quelle conscience de merde.
- Nous vous laissons commencer, qu'en dites-vous ?
Je regarde Claire furtivement et répond dans la foulé.
- Très bien.
- Oh !! Vous savez parler ? dit-il ironiquement.
« Merde merde ne rougit pas »
- Bien sûr pourquoi cette question ?
- Vous n'avez décroché qu'un petit mot tout à l'heure, c'est votre associée qui prenait les devant.
- Je ne vous doit aucune explication Mr HOLL
- Oui serte, appeler moi Matthew
- Non je ne pense pas.
« Et toc »
Claire intervient, elle voit que cette discussion ne mènera à rien et que je commence à perdre patience. Je triture mes doigts.
- Bon on commence ?
Je m'installe et reprends le même discours que j'ai tenu au maire sauf à une exception près c'est que je ne regarde pas mes interlocuteurs. Mon speach se termine, c'est autour de Claire de prendre le relais. Je prends place sur la chaise à côté de Claire. Lorsqu'elle termine, les deux hommes se regardent et Harcher prend la parole.
- C'est vraiment bien Mesdames
- Oui, il y a beaucoup de choses intéressantes dans votre projet. Dit Matthew, il se lève.
Je vous propose d'écouter le notre et ensuite nous pourrons échanger sur les deux sujets. Dit-il de sa voix rauque.
- Je ne vois aucun inconvénient. Réponds-y-je
Il commence sa présentation, je regarde ses mains et l'écran derrière lui. En aucun cas, je ne le regarde dans les yeux. Pourtant j'ai l'impression qu'il me cherche. Je détaille ses mains, elles sont  fines et grande, je les imagine me parcourant le corps et comme toujours ma consciences intervient.
« Mais n'importe quoi, le film X de seconde zone »
Je secoue la tête pour me reconcentrer sur ce qu'il dit et prend des notes. Il a de bonnes idées quand même. Comme pour nous, c'est Harcher qui prend la parole pour la partie financière du projet. Je ne peux m'empêcher de replonger dans mes pensées déplacé.
« Il faut te reprendre Aby, aller mets-toi en mode professionnelle à 100% »
Je ferme les yeux une fraction de seconde et commence mes critiques constructive, enfin je l'espère.
- Je trouve votre projet intéressant aussi, mais il est très coûteux.
- Ah ! Oui !
- Oui. Il vous faut une partie écologique, vous ne pensez pas ?
- Peut-être, je vous écoute.
Et je lui énumère la partie écologique de mon projet, ensuite je lui fais remarquer qu'il faudrait prévoir un changement au niveau de sa structure de toit pour prévoir  un espace « zen ».
Il agite la tête et prend des notes. Mon analyse terminé, c'est à son tour.
- Je prends en compte toutes vos remarques et j'en ai moi aussi quelque une.
- Allez-y
- Le vôtre est trop basé « zen attitude ». C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est vendeur, mais vous en mettez trop.
À partir de là, je déconnecte parce que je l'ai regardé. Je sens tout mon corps frissonné. Je fixe sa bouche et je l'image sur mes lèvre, mes seins et entre mes cuisses. Je sens une chaleur monter en moi, je me lève d'un bond et je sors en courant de la pièce direction les toilettes.
« Merde, merde et remerde. »
Essoufflé, je regarde mon reflet.
« Pourquoi tu réagis comme ça, ce n'est qu'un mec »
La porte s'ouvre, Claire me regarde avec son air inquiet.
- Ça va ?
- Oui ça va, il faut juste que je me reprenne et que je mette ma carapace.
- Je leurs ai dit que tu étais malade depuis ce matin
- J'espère que tu ne leurs as pas dit que j'avais la gastro. Dis-je en rigolant.
- Non, ne t'en fais pas. Dit-elle en souriant. Tu ne perds pas ton sens de l'humour en tout cas.
- Ok, je suis moins rouge ?
- Oui, ça va
- Bon aller, on y retourne alors et qu'on en finisse.
En entrant dans la salle de réunion, je remarque l'absence de Harcher. Matthew se justifie.
- Désolé, Harcher devait absolument rentrer au bureau nous avons d'autre projet à finaliser. Vous allez bien ? Je peux faire quelque chose pour vous ?
- Je vous remercie, ça va mieux. C'est très gentil de vous inquiéter pour moi.
On se fixe quelque seconde, j'essaie d'analyser son comportement, il a l'air vraiment inquiet pour moi. Claire se racle la gorge et je suis la première qui détache mon regard.
- Je suis désolé je vous ai coupé en sortant comme une furie. Pouvez-vous reprendre s'il vous plait ?
- Oui bien sûr.
Et il reprend, il a vraiment une voix très sensuel. Je l'écoute avec attention puisqu'il met le doigt sur plusieurs problèmes dans mon projet. Nous discutons Architecture, Claire voit que je suis plus à mon aise avec lui et décide d'aller chercher à manger. Je ne l'ai pas vu partir. C'est vrai que je suis très concentré sur mon travail avec Matthew. Tout en discutant, des idées me viennent alors je prends mon bloc note de dessin et commence à faire des esquisses. Je sens sa chaleur derrière moi et son parfum si enivrant. Il met une main sur le haut de la chaise et passe l'autre devant moi pour retourner légèrement mon  bloc de dessin. Il se penche tellement près de moi que mon cœur s'arrêta.
- Vous êtes doué ! Vraiment !
Je ne me suis même pas rendu compte que j'ai arrêté de respirer. Je tourne ma tête vers lui et le regarde. Il est vraiment pas, ses trait fin mais viril ne demande qu'à être parcouru.
- Merci !
Il prend doucement mon crayon dans ma main en effleurant ma peau. Je sens une drôle de sensation dans mon ventre et un frison parcours mon dos jusqu'au bout de mes orteils. Je le vois sourire. Est-ce qu'il s'est rendu compte de ma réaction ? Est-ce qu'il se moque de moi ? Il regarde mes yeux puis ma bouche.
« Mon dieu ! Embrasse-le »
Quelle idiote cette conscience. Je vais me faire jeter après.
Je remets mon regard sur mon dessin, la tête légèrement penché. Il se met à faire des modifications sur mon dessin tout en expliquant ce qu'il fait. Il lâche le crayon et se redresse.
- Vous êtes doué aussi. Dis-je.
- Merci ! je pense qu'on peut faire une bonne équipe.
- Vous pensez ! Avez-vous déjà entendu parler de moi ?
« Pourquoi tu poses cette question ? T'es bête »
- Oui, j'ai entendu parler de vous. Je ne dévoilerai mes sources que devant un verre en votre compagnie.
« Panique à bord mayday mayday »
Heureusement, Claire arrive avec des sacs de chez Au Bon Pain. Je vois la déception sur le visage de Matthew.
- Voilà je vous rapporte les meilleurs sandwichs de New York à la française.
- Merci, c'est gentil mais je dois vous laisser. Il se fait tard. Je vous donne ma carte avec toutes mes coordonnées pour que l'on puisse fixer les rendez-vous nécessaire.
Il tend un carte à Claire, se met à écrire sur une autre et me la tend. Je lui présente ma main et il la saisit en me tirant légèrement vers lui pour que je me rapproche. Il me dit à voix basse et rauque.
- Ce que je vous ai proposé n'est pas une blague Abygaëlle.
Je prends la carte et le regarde pour savoir s'il est sincère mais je ne déchiffre pas son regard ni sa posture.
« T'aurai dû faire des études du comportement »
Très drôle.
Il se penche sur mon côté gauche et me susurre à l'oreille
- à très vite j'espère.
Il se redresse et part vers Claire pour lui serrer la main.
- Merci pour votre accueil à très vite Mesdames.
Il ferme la porte derrière lui, malgré tout je sens encore son parfum emplir mes narines, c'est un délice. Je m'assoie et Claire fait de même. Je regarde la carte et la retourne.
- « Je souhaite vraiment que l'on prenne un verre ensemble et apprendre à vous connaître. MH »
- Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant mon absence ?
- Rien d'important. Nous avons échangé nos idées. Tiens regarde
Je lui tends le croquis.
- Wouha !! Pas mal j'aime bien. Et après ? Dis-moi ce qu'il t'a dit ?
- Il veut qu'on aille prendre un verre ensemble pour apprendre à se connaître.
Je lui donne la carte.
- Alors là ! T'as fait mouche. Qu'est-ce que tu comptes faire ?
- Vraiment ?
- Oui.
- Rien ! Je ne compte pas le voir en dehors du travail que nous devons effectuer ensemble.
- Même pour t'amuser ?
- Non, ça risque de détériorer notre relation de travail.
- Tant mieux dans un sens. J'ai lu des trucs sur lui en attendant les sandwichs.
- Ah ! Oui d'ailleurs, peux-tu m'en donner un j'ai une faim de loup.
C'est un escroc ? Il a tué quelqu'un ?
- Ben !! ...... Non, rien de tout ça. C'est le fils de Richard Parsons. Tu sais le PDG de Time Warner
- Et ?
- Tu ne sais pas ? Il faut vraiment que tu sortes. Richard Parsons PDG de Time Warner. Il dirige une grande partie des medias New Yorkais et j'ai trouvé aussi des photos de Matthew. Il n'est jamais avec la même femme. Ce mec sait qu'il est beau et il en joue beaucoup. Pour ce qui est de son entreprise, il a pris le nom de jeune fille de sa mère pour que l'on reconnaisse son talent et pas son nom.
- Ouais ! Ok ! Dis-je la bouche pleine.
- Et c'est tout ?
- Que veux-tu que je te dise ?
Oui il est très beau.
Oui il me fait perdre tous mes moyens mais il est vraiment doué en tant qu'architecte. Et si tu te demandes si je vais coucher avec, la réponse est non.
« Même si j'en ai envie ..... Pas sûr »
Il faut déjà que je règle mes problèmes  avant d'en avoir de nouveaux
- D'accord. Dit-elle résigner
Je ne pourrai pas être là à chacune de vos rencontres. Tu le sais ça ?
- Oui je sais. Je m'enfuirai deux ou trois fois et puis voilà, je suis excellente dans l'art de la fuite.
Claire rigole
- Oui c'est vrai. De toute façon, il y a un problème, tu m'appelles. Bon tu comptes le revoir quand ?
- On est Vendredi donc Mardi ou Mercredi. Là maintenant j'ai envie de décompressé. On sort ?

Another chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant