Mysterious Eyes - Tome 1 : Genèse (Disponible en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 15 - Amants maudits

Mon poing part s'écraser contre sa joue. Il détourne à peine le visage sous l'impact. A-t-il seulement essayé de l'éviter ? Ses yeux rougissent dangereusement.

Note pour plus tard : vérifier si je ne me suis pas péter les phalanges.

— C'est la dernière fois que je te laisse faire ça, fait-il d'une voix rocailleuse et lourde de menaces.

— C'est la dernière fois que tu m'embrasses ! proclamé-je. La dernière fois que tu m'insultes ! Je me fous de ce que tu penses. Tu as raison, je me fous de me taper n'importe qui. D'embrasser ou de baiser avec toi ou un autre. La virginité, la pureté, tout ça n'a aucun sens pour moi ! Elles en auraient si je voulais te plaire ou encore si je croyais en Dieu. Je t'ai dit que j'étais vierge pour que tu ne sois pas surpris si on passait à l'acte. Car oui, j'ai envie de coucher avec toi. C'est juste une question d'attirance physique, d'envie comme tu l'as si bien dit, mais il faut croire que tu as du mal à passer au-dessus de cela. Tu es bien plus humain que moi, Aden. Bien trop sentimental !

Je prononce les derniers mots comme une injure et j'espère l'avoir blessé. Mon corps entier est encore tendu par les nerfs. Mon cœur s'est alourdi de rancune. Pourtant, je ne m'attendais pas à ce sourire provoquant qu'il me retourne, il me déstabilise tant son regard se veut rabaissant.

— Le mot Humain a une définition bien médiocre. Te sens-tu bienveillante, charitable, compatissante ? Tu es bien la fille de ton père. À voir les choses comme ça t'arrange, de façon étriquée. Tu t'attaches uniquement à ce qui est percevable dans ton microscope. Tu t'entêtes, même si tu sais ton discours incohérent. Tu es incapable de le reconnaître, car tu es calculatrice, égocentrique et bien plus froide qu'un glaçon. Il y a des éléments qui t'échappent, qui ne s'expliquent pas comme l'attachement, l'amitié ou l'amour, mais il faudrait déjà les ressentir. Or, tes sentiments ne sont pas assez sincères pour atteindre l'autre. Aucune de tes qualités n'est assez intéressante pour te rendre visible aux yeux des gens qui t'entourent, alors tu te convaincs que rien n'est important. Tu es juste seule Ava. Misérablement seule.

Je serre tellement les mâchoires que je crois entendre mes dents crisser entre elles. C'est la toute première fois que ses mots me blessent. Vraiment. Profondément. Je n'arrive pas à dire si la boule dans ma gorge et mon nez qui me chatouille sont dus aux larmes qui s'amoncellent au bord de mes yeux.

Je riposte d'une voix plus cassée que jamais :

— Tu ne me feras pas croire que tu ne ressens rien pour moi ! Et si tu arrêtais de te voiler la face, tu avouerais que tu en as envie toi aussi !

Il repousse sa veste pour entrer ses mains dans les poches de son pantalon, le tissu moulant ainsi son entrejambe. Un petit rire fuse d'entre ses lèvres.

— Bien sûr que mon corps en a envie, tu crois que je peux le cacher !

Il lâche ses poches, lève d'un coup les bras et les tends en croix afin que je visualise encore le résultat. Puis, il pose son index sur sa tempe avant de continuer :

— C'est dans ma tête que ça bloque. Quel plaisir je tirerais de "l'acte" comme tu aimes l'appeler ? Malgré ce que tu crois, je ne suis pas fait comme les hommes, car justement je suis incapable d'en jouir. Rien qu'en te touchant, je peux déjà le prédire : ce serait trop plat, le pire coup de ma vie.

Alors que je me sentais atteindre le firmament, lui n'a rien ressenti pendant notre baiser ? C'est tellement humiliant.

Je me mords l'intérieur de la joue. Ma bouche doit grimacer tant je retiens mes larmes de couler. Oh non, il ne me fera pas pleurer.