Part 11 : Phthonos

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— Alors joli spécimen, il faut que je te force à me suivre ou tu vas enfin être docile.

Une peu engourdit, je ne lui résiste plus. Je tourne le regard vers l'homme qui me traine. Je détaille son visage pendant qu'il me fait entrer dans le salon reconverti en dortoir. Deneb parait beaucoup plus jeune qu'Aden, alors que je suis certaine que ce dernier est né bien après le reste des Sentynels. Ses cheveux mi-longs et blonds sortent un peu de sa capuche blanche en des mèches folles. Ses iris restent d'un gris argenté splendide. Je remarque à sa ceinture plusieurs petits couteaux dont la lame pointue ne doit pas faire plus de quatre centimètres.

— Tu peux t'installer là.

Il me montre le coin d'une pièce où se trouve toujours les femmes, un peu plus loin à l'écart du feu allumé dans la grande cheminée et ça me convient. Je ne comptais pas me fondre au reste du groupe. La plupart des filles ont le visage tourné vers moi. Elles sont neuf en tout, dont Emmy. Je les regarde fièrement jusqu'à ce qu'elles détournent leur regard curieux. Dos contre le mur, je glisse jusqu'à m'asseoir par terre en expirant bruyamment. J'aspirais à la liberté et à la solitude en partie pour cela, pour oublier d'être constamment épiée et considérée comme le vilain petit canard.

Deneb me tend une couverture.

— Je n'ai pas froid, lui assuré-je.

Il me la balance entre les jambes et s'accroupit face à moi.

— Je crois que tu n'as pas compris. Mets-toi à l'aise avec nous, rends-toi utile et tu n'auras pas de problèmes.

— Je n'ai pas l'impression que ces filles-là soient retenues contre leur gré, dis-je en les désignant du menton.

Il tourne la tête vers elles. Il est évident qu'elles n'espéraient que son attention. D'ailleurs, l'une d'entre elles se lève et semble l'attendre.

— Toi, ce n'est pas pareil, dit-il en revenant vers moi.

— Pourquoi ?

— Aden t'a capturée en premier. Il a le droit de vie ou de mort sur toi. Ce sont les lois de la nature. Si tu désires recouvrir ta liberté, il faudra qu'il te la donne. Si quelqu'un te réclame, il faudra qu'il se batte contre lui.

J'ai envie de lui rire au nez. Quel principe on ne peut plus primitif. Toutefois, son explication me laisse perplexe, car si Aden se fout de moi, pour quelle raison me retient-il captive ?

— Tu peux oublier les lois qu'a définies ton père. Ici, tout est hors de contrôle, ajoute le Sentynel un rictus vissé sur les lèvres.

Je hausse un sourcil étonné.

— Vous savez qui je suis ?

— Évidemment, nous le savons tous. D'ailleurs, ça rend les choses beaucoup plus excitantes.

Il me fixe avec plus d'intensité à présent et je me demande s'il ne veut pas encore utiliser sa satanée magie vaudou sur moi. Je le dévisage en croisant les bras, les deux sourcils relevés.

— Aden a complètement rompu le charme, se plaint-il, en faisant la moue.

Il soupire, l'air vraiment déçu. À ma grande surprise, il me parait plus sympathique alors qu'il y a quelques minutes, j'avais envie de lui arracher les yeux.

— Tu peux changer de profil à ta guise, alors ? le questionné-je, de plus en plus curieuse à son propos.

— Non à la tienne, curieuse beauté.

Je souris malgré moi. Je ne comprends pas son entêtement à m'appeler de façon différente à chaque fois, ni son état à être perpétuellement porté sur la chose.

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