Mysterious Eyes - Tome 1 : Genèse (Disponible en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 22 : Larmes de sang

Le soleil s'invite par la fenêtre voûtée en pierres. Ses rayons caressent chaleureusement la moitié de mon visage. Je prends tout l'espace sur le maigre lit, en mode étoile de mer infiniment comblée.

Aden a quitté la chambre. Je m'assois au bord du lit, me frotte les paupières. J'examine l'oreiller...

Non... je ne vais pas le faire...

Oh que si !

Je l'agrippe, l'écrase sur mon nez et inspire tout mon saoul. Puis plusieurs fois, qu'est-ce que c'est bon ! C'est ce que font les héroïnes après le coït, non ? Un passage obligatoire pour démontrer à quel point elles sont mordues.

Putain, le coussin ne sent absolument rien, mais je m'en contrefous. Je le balance sur le côté. Rien ne peut gâcher ma bonne humeur.

J'ai vraiment très bien dormi ainsi collée contre son large corps. Blottie de la même manière qu'étant enfant. J'ai soulevé son bras et mon crâne a épousé le creux du haut de son torse. Oui, je me suis endormie immédiatement après avoir soufflé :

Éden...

Je soulève le drap resté sur mes genoux, des gouttes de sang ont maculé le tissu blanc. Je le roule en boule et le jette dans un coin de la pièce. Je doute que les nonnes apprécient. J'essaierai de le nettoyer plus tard en attendant j'ai une faim de loup.

Je récupère mes vêtements sur un meuble mal poncé. Je m'habille en fixant la croix chrétienne juste au-dessus. Je bloque sur l'expression triste et découragé de Jésus. Une fois le zip de ma combinaison remontée jusqu'à sous mon menton. Je joins mes mains et ferme les paupières.

— Raaam, Raaaam.

Je m'éclaircis la gorge.

— Seigneur, je sais, j'ai pêché et devant vos yeux qui plus est.

Je pivote de quatre-vingt-dix degrés, ouvre un œil et manifestement Jésus était aux premières loges. Je continue :

— Pour ma défense je n'ai rien pu empêcher. Comment dire stop aussi ? Sérieusement, je ne dis pas que c'est de sa faute, mais vous l'avez bien regardé... Aden est torride ! C'était intense, une pure folie. Oui, je sais, vous avez tout vu... et ce n'est pas faux, j'aurais dû avoir la présence d'esprit de vous tourner face contre le mur....

J'essaie de reprendre mon sérieux. Je me mords l'intérieur de la joue. À présent, mes mots résonnent de façon plus grave et sincère. Ma voix est plus basse et un peu émotive.

— Cette nuit fut extraordinaire pour moi, comme un cadeau. Je l'aime. Oui, je crois que je suis tombée amoureuse de lui alors soyez sympa, ne le fustigez pas. Laissez-le tranquille.

Je soupire devant le ridicule de la situation.

— Et pis merde, je n'y arriverai jamais.

Je relâche les bras et secoue la tête. Jésus et moi, une histoire qui ne marche pas.

— Bonne journée, je lance cependant avant de quitter la chambre.

Je rejoins la grande salle de festins. Aucun sentynel n'est présent. Je m'installe à côté d'une sœur plus âgée qu'aucune autre. Elle me salue poliment. J'avale à peu près tout ce qui se trouve devant moi. Un bol de lait. Du pain chaud. Le beurre et la confiture de cerise sont délicieux.

— Nous produisons tout au couvent. Je peux te montrer nos ateliers si tu veux.

La religieuse me sourit avec fierté et son regard pétille à l'idée de me prodiguer son savoir-faire.

— Oui je veux bien merci, je réponds ravie.

Je m'imagine déjà préparer ce petit-déjeuner pour Aden les matins. Une fois que nous serons correctement installés bien entendu. J'étire mes lèvres à cette seule pensée.