Part 20 : Révélation

16.4K 2K 547
                                    

Chaque atome de mon corps s'est figé. Non ! Non ! Non ! Il ne devait pas... pas maintenant. Putain de merde.

Très lentement, il libère mes poignets. Il se penche et attrape la couverture sur le lit pour me couvrir les épaules avec. J'attrape les coins que je ramène sur ma poitrine. J'ose à peine respirer. Ni lui faire face.

Alors c'est ça, il était réveillé et je me ridiculise depuis le début. Visage devant le mur froid, je serre les dents, attendant ses sarcasmes cinglants, mais je n'entends aucune moquerie condescendante. Aucun rire narquois. Juste sa constante présence qui me rappelle la honte de mon lâcher prise. Le « presque » orgasme qui continue à se foutre de ma gueule en me piquant le clito comme une aiguille et me nargue : « Tu y étais presque ! ». « À deux doigts !».

Enfoiré !

— Depuis combien de temps es-tu réveillé ? demandé-je, d'un ton mal assuré.

— Assez longtemps.

Je frissonne et resserre la couverture autour de ma nudité qui me gêne à présent. Avec le peu d'amour-propre qui me reste, je me retourne.

Il était juste posté derrière moi. Il m'observe les mains dans les poches, le visage penché sur le côté. Son érection est toujours très vivace et visible. Comme d'habitude, il ne s'en cache pas. Il fait comme si ce n'était qu'une réaction purement physique dont je n'étais en aucun cas la cause. Rien ne trouble ses traits de visage obstinément neutre. Je vais finir chez les dingues, c'est cela qu'il espère.

— Tes yeux étaient dénués de vie, murmuré-je pour moi-même.

— Réfléchis deux minutes, est-ce la première fois ?

Bordel, non. Seulement, Thènes m'avait assuré qu'il le garderait sous contrôle. Pas que ce serait précoce et durerait trente secondes ! Putain de mauvais coup !

— Crois-tu que je note tes humeurs sur un calepin pour les analyser !? Rouge : la colère. Noir : le mensonge. Jaune : une envie pipi !

Son rire faux raisonne dans la minuscule pièce.

— Non... Évidemment, la seule chose qui te préoccupe sont tes sentiments, tes réactions, tes propres blessures, tes envies. La liste est longue...

Il me juge de haut en bas. J'ai l'impression d'être de la merde.

— ...tu me fais de la peine, finit-il.

Ma poitrine se soulève avec célérité. Je grince des dents.

— Ta gueule ! Putain, Aden, ferme là ! sifflé-je, d'une voix éraillée.

Ma mâchoire s'est contractée et les mêmes larmes de rage sont prêtes à jaillir.

— Tu lis bien ce que tu veux ! enchaîné-je. Ce qui t'arrange. Tu ne vas pas assez en profondeur, et tu le sais !

— J'ai beau essayer, ce que je trouve n'est pas assez fort pour que je m'y intéresse !

Il pivote sur ses pieds et empoigne sa veste, restée sur la chaise.

L'air ne rentre pas dans mes voies respiratoires. J'ai envie de le gifler. Oui, je suis du genre à pleurer sur mon sort. Je n'ai jamais reçu une once d'amour. L'amour vrai. L'inconditionnel. Mes parents ne sont pas ceux que je croyais. Je n'ai pas de famille. Pas d'amie. Alors oui, tout mon être est à fleur de peau, à vif. Je me fous de son jugement ! De ses mots sans cœur !

— OK, je pense à moi. OK, je suis une putain d'égoïste de détester me sentir en permanence malheureuse et mal dans ma peau. T'as trouvé tout seul alors change de disque !

Mysterious Eyes  - Tome 1 : Genèse (Disponible en Broché et Ebook sur Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant