Mysterious Eyes - Tome 1 : Genèse (Disponible en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 1 : Le passé

Décret n° 148 :

Droit de censure et maîtrise de l'information par l'Etat dans le but de maintenir une société pérenne et économe.

Décret n° 276 :

Gestion et contrôle des avancées technologiques et de l'industrie avec l'arrêt de toute production n'ayant pas pour objet la recherche biologique et médicale ou l'évolution sociale.

Décret n° 313 :

Contrôle total des ressources et des recettes des institutions et exploitations.

L'homme doit sa survie au dogme décrit dans les décrets d'Etat, rédigé par les bien-pensants et bienfaisants.

*

* *

Ava, 13 ans

« Fouiller dans le passé est passible d'une lourde peine de prison », m'a longtemps prévenue mon paternel. Pourtant, j'en ai fait une obsession. La grande question est : est-ce que je l'aurais fait si cela n'était pas interdit ?

Chaque pays avait son hymne national... J'ai appris cela dans un des ouvrages d'histoire piqué dans la grande bibliothèque secrète et fermée à double tour de mon père. Ces pays n'existent plus. Aujourd'hui, l'État universel nommé « Agora » dirige le monde depuis une seule métropole où 89 % de la population est concentrée : Généapolis.

Quelques articles de journaux s'échappent de l'ouvrage que je tiens entre les mains.

« Une sécheresse qui dure depuis trop longtemps » New York Time, 2088

« Sans eau, pas de vie. La fuite des populations est inévitable » Daily, 2097

« La planète terre ne nous laisse plus le choix », La table des 4, 2111

L'Agora a été adoptée après le célèbre exode baptisé « Le mortel », le plus grand que la Terre n'ait jamais connu. Les champs ne produisaient plus, le bétail mourait de soif. Des millions d'hommes et de femmes, poussés par l'austérité et la faim, ont émigré jusqu'aux pays nordiques et grandes métropoles, entraînant des phénomènes catastrophiques. Les gens furent entassés. Les chefs d'États dépassés. La misère. Les vols. La violence. Les épidémies...

La démographie est tombée jusqu'à atteindre un seuil critique.

Les photos parlent d'elles-mêmes et me font froid dans le dos. Je referme le bouquin contant les dernières heures du monde d'avant et le replace sur l'une des étagères nommées : « Anciens régimes ».

Il est deux heures du matin quand je remonte silencieusement le grand escalier en bois vernis, avec un livre volé sous le bras intitulé « L'industrie du 21ᵉ siècle ». Tout le monde est endormi à cette heure. Je m'arrête au milieu du couloir et la porte que j'ouvre grince un peu.

— Aden ?

— Hum...

J'entre dans sa chambre d'un pas léger.

— Tu dors ?

— Avant que tu me le demandes, oui.

Une fois près de son lit, je le pousse. Il grogne de mécontentement, mais pour une fois, concède à se décaler légèrement sur la droite, j'en profite pour me faufiler sous ses draps.

Je me love tout contre lui, la chaleur qui émane à travers son t-shirt me rassure. Il a toujours eu une température corporelle au-dessus de la moyenne. Je glisse mes jambes entre les siennes.