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Je ferme les yeux au cas où ce serait quelqu'un à qui je n'ai pas envie de parler. J'entends quelqu'un chuchoter:

- Maia ?

J'ouvre grand les yeux et j'essaye de ma voix faible:

- papa...

- OH MAIA TU M'AS FAIT PEUR!

Il se jette sur moi et me serre dans ses bras. Je suffoque un peu mais peu importe.

- comment tu t'es fais ça Lily Carotte?

Il m'appelle comme ça parce que lorsque j'étais plus petite, j'adorais ce dessin animé. J'esquisse un sourire nostalgique et mes yeux se posent sur lui.

- c'est..rien je suis tombé en fouillant dans le garage et la caisse à outils m'est tombé dessus..

Je crois qu'on pourrait m'attribuer le titre du meilleur mensonge de l'année. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai menti. J'agis comme ma mère en couvrant les méfaits de mon frère. Je suis vraiment stupide. Il hoche la tête lentement comme si à travers mes mots il comprenait que je lui mentait. Je lui fait un petit sourire et il me le rends de manière plus triste. Je remarque que mes bras sont recouverts de bandages. Je remercie intérieurement les médecins. S'il avait vu les traces de brûlures qui parsemaient ma peau, je ne sais pas comment il aurait réagit. Ma mère lui a retiré ses droits parentaux. Il ne peut donc pas faire grand chose sans que ma mère ne hurle au scandale. De toutes façons, je ne suis qu'un déchet et je ne mérite l'attention de personne.

Mon père me fait ses dernières recommandations avant de quitter la chambre.Je ferme mes yeux.[ T'es faible, meurs,ce serait mieux] La porte s'ouvre, mes yeux avec. Cette fois-ci c'est Jeanne. Elle me scrute attentivement. Je referme les yeux. J'entends la porte se fermer. Avec un peu de chance elle est partie. Mais je sens quelqu'un m'étreindre. Elle. Elle m'écrase un peu en montant sur moi, mais tant pis ça me fait plaisir qu'elle soit là. Elle s'assoit sur mes jambes, face à moi. Elle me regarde encore et effleure mon visage abîmé. Elle passe ses doigts sur mes cernes gigantesques. Avec le peu de force qu'il me reste, je retire ses mains de mon visage. Elle sourit comme si elle savait que j'allais la questionner. Mais avant de commencer, je lui demandes d'éteindre la lumière qui m'aveugle depuis que je suis réveillée. Elle s'exécute et reviens se placer à mes côtés:

-T'as de la fièvre Ma-chan, t'es brûlante!

- Je..vais bien...

- NON TU VAS PAS BIEN !! Tu crois que je te vois pas à rien manger et à t'endormir tout le temps, puis ces cernes, tu ressembles à un panda !

- un..panda..c'est mignon un panda n'est-ce pas?

- MAIA !!

- quoi? pourquoi tu t'énerves? dois-je te rappeler que tu m'as ignoré pendant 3 longs mois?

- je suis vraiment..

- désolée? encore?

- Maia...

- QUoi ? tu sais pourquoi je m'endormais de plus en plus souvent n'importe où? C'est à cause de toi. La douleur me rongeait et je fais passais des nuits entières à me demander ce que j'avais mal fait. Je culpabilisais puisque tu ne me parlais plus. Je sais que c'est de ma faute, j'ai fait quelque chose de mal, c'est pour ça que tu ne m'aime plus.Je suis sincère-

Elle vient de me gifler. Je ne comprends vraiment pas pourquoi elle a fait ça. Je ne dis que la vérité pourtant.

- Ta gueule. Arrête de dire des conneries, c'est n'importe quoi. Ne dis pas que je ne t'aime plus. Je t'aime Maia et pas qu'un peu.

Une larme roule sur ma joue. Je ne pleure pas parce qu'elle m'a frappé, c'est plutôt parce que je ne comprends pas. Je suis la pire erreur que le monde ait porté. Alors pourquoi elle s'obstinait à m'aimer? Je ne mérite pas la vie alors pourquoi est-ce qu'elle ne me repousse pas? Finalement mon frère a raison, je ne suis rien du tout. Je ferais mieux de me suicider comme il me l'a tant de fois recommandé, c'est le meilleur des choix. Tout le monde serait heureux sans moi, non?

- Maia pleure pas je voulais pas te frapper très fort !

- C'est rien, c'est pas ça qui m'a fait pleuré..

-Alors c'est quoi si c'était pas ça?

- rien...je me disais juste que si je mourrai le monde serait meilleur

Ses yeux sont tellement grands ouverts qu'on dirait qu'il allait sortir de leurs orbites.

- Jeanne..c'est bien vrai non? Ma présence est inutile, il est préférable que je me suicide...

Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. C'est comme si il y'avait deux moi: une fille morose et suicidaire et une fille qui voulait vivre. Je commence à prendre en compte les remarques de mon frère et de mère sans le vouloir. Meurs! Crève! Je n'arrive même plus à réfléchir. Elle se lève et ferme les rideaux. Puis elle retire l'écharpe à son cou et me la mets. Elle la resserre jusqu'à me bloquer la respiration. Je me débats avec le peu de force que j'ai. Elle me lâche enfin et dit:

- je le savais, tu veux pas mourir.

- s..i c'est..ce que je veux

- alors pourquoi tu t'es pas laissé faire quand j'ai voulu t'étouffer?

A cet instant, mes yeux se transforment en véritables fontaines. Je ne sais pas pourquoi je pleure exactement. Est-ce que c'est parce que ma vie est horrible, ou alors parce que même en sachant que je ne suis pas digne d'exister, je ne peux pas m'empêcher de vouloir rester en vie? Je n'en sais rien. Jeanne m'étreint et embrasse le haut de ma tête. Je me décolle d'elle:

- Jeanne..tu veux bie-

Elle vient poser ses lèvres sur les miennes. Ce que ça m'avait manqué. On se sépare et elle me sourit:

- Alors comment tu t'es fais ça?

- en tombant dans le garage avec la boite à outil

- menteuse! On peut savoir ce que tu caches ?

- rien. Bon je suis fatiguée, je vais dormir un peu.

-moi aussi

- quoi? Tu vas rester ici?

- oui,fais moi une place..

- mais t'as cours...

- m'en fiche, maintenant dors

Elle me regarde avec une mine rêveuse. Je sens le rouge me monter aux joues. Elle ne dit rien et moi non plus. Pourtant ce silence n'a rien de gênant, c'est presque agréable.Finalement je m'endors, mes doigts entremêlés avec les siens.

Aimes-moi Quand même (Yuri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant