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Jeanne. C'est tout ce à quoi je pense. Je me retourne sur mon lit, mes yeux rivés sur le plafond. Mon téléphone vibre. Je me redresse rapidement mais ma hâte retombe quand je vois que ce n'est qu'un message de mon opérateur. Je jette mon telephone plus loin et soupire. Jeanne, pourquoi tout est si compliqué? Je t'aime, je crois que toi aussi, alors qu'est-ce qu'on fait ?

J'ai faim. Il n'y a plus rien à manger chez moi. Ma mère n'y pense plus tellement depuis qu'un mec riche dîne avec elle tous les soirs. Mon frère se débrouille et moi je survis.
Je fouille sous mon lit et en sort une boite contenant mes dernières economies. Il ne me reste plus grand chose. Je prends tout de meme le contenu de la boite metallique et me dirige vers la superette.

Comme je le pensais, je n'ai assez d'argent. En voyant le prix, je repose le pot de nouilles instantanées. Mon ventre reclame de la nourriture, mais je ne peux lui en fournir. Je me dirige vers la sortie, pleine de deception.

Nos regards se croisent. Elle est là, magnifique, comme à son habitude. Elle me sourit et semble chercher quelque chose derrière moi. Ses yeux sont rouges et légerement bouffis. Je devine qu'elle a pleuré. Je m'approche d'elle et carresse doucement sa joue. Elle s'abandonne à ce contact anodin et ses yeux se ferment. Elle attrape ma main et l'embrasse tendrement. Je baisse la tete, face à ce comportement trop adorable et essaie de me libérer de son emprise, mais elle murmure un "Maia je..."Je pose mon doigt sur ses lèvres et lui supplie silencieusement de ne pas le dire. Ce mot qui a le pouvoir de m'affaiblir et de me faire tressaillir à chaque fois. Ses yeux brillent, les larmes prêtes à se déverser sur son visage. Je passe mon pouce sur ses paupières pour récuperer le surplus d'eau salée. J'articule avec peine un "désolée" avant de continuer mon chemin. Je sors de la boutique et soupire. Je me remets en marche vers chez moi, en essayant d'ignorer la faim et de ne pas penser à Jeanne et à ce que j'ai fait. Impossible.

Une voix m'appelle. Sa voix. Je m'arrête malgré moi, pour voir Jeanne courir comme une dératée. Elle arrive à ma hauteur tout essouflée. Je la regarde sans comprendre, et elle me tend un sachet. Je le prends et constate qu'il contient de la nourriture. Je la regarde et je lui tends son sac:
- j'peux pas Jeanne, c'est trop
- nan j'y tiens, prends le
- au cas où tu l'aurais pas remarqué j'essaie de t'en vouloir, ne rends pas tout si compliqué..
- alors ne m'en veut pas et puis
c'est pas l'impression que j'ai eu dans le magasin tout à l'heure..
J'avale ma salive difficilement. C'est vrai elle a raison. Pourquoi j'ai reagi comme ça ? C'etait assez déplacé.
- quoi qu'il en soit, t'as pas à faire ça pour moi.
- prends le et ne me parles plus si tu veux. Mais je veux que tu manges quelque chose.
- j'vais me débrouiller, t'en fais pas
- en tous cas j'le reprendrai pas alors garde le...bon je dois y aller, à demain Maia
- nan reprends le...JEANNE REVIENT ICI!

Elle sprinte et disparait de mon champ de vision en un rien de temps. J'ai trop faim pour lui courir après. Je suis donc "obligée" de garder cette nourriture. Pas que ça me gêne tellement. J'ai faibli. J'ai honte. J'ai l'impression que je suis incapable de me passer d'elle. Ça m'énerve. C'est pas bon d'être dépendant de quelqu'un. J'en ai eu la preuve. Je l'aime mais je dois m'en éloigner. Sinon ça finira mal.

Alors c'est ce que j'ai fait. Pendant trois longues semaines. Je l'évitais. Et si elle essayait de me parler, je m'enfuyais. Elle avait l'air mal. Elle avait l'air de souffrir. Et moi je ne pensais qu'à moi. J'ai été égoïste. Pardon, Jeanne. Je ne faisais que la repousser. Pourquoi j'ai été si méchante ? Je m'en veux horriblement. Elle me harcelait de messages et mon télephone avait beugué plusieurs fois à cause de ça. Mais est-ce que je lui répondais ? Non, je me gardais bien de le faire. Elle a du avoir tellement mal. Je suis un monstre.

Il était 20h36. J'étais chez moi, avec mon frère et ma mère. J'etais allongée sur mon lit, comme à mon habitude. Mon téléphone a vibré pour la enième fois. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai regardé. C'etait un message vocal de Jeanne. Je l'ai écouté:
" M...Maia, je sais que tu ne veux plus me parler..*etouffe un sanglot* je suis désolée..je t'aime, et même si c'est*renifle* c'est pas réciproque..je..ça..c'est pas grave...au revoir, amour"

Au revoir? Ça sonnait comme un adieu. Je me suis mise à paniquer. Pourquoi elle pleurait ? Je l'ai appelée mais elle a pas répondu. 2 fois, 3 fois, 26 fois...Toujours pas de réponse. Je lui envoyait des messages mais elle n'y répondait pas. Merde. Qu'est-ce qu'elle fabrique, à la fin ?

Je me suis alors précipitée hors de chez moi, sous les cris de ma famille. Je courais de toutes mes forces en espérant qu'il ne lui soit rien arrivé. J'ai failli me faire renverser 3 fois, mais peu importait. Tout ce que je voulais à ce moment, c'est que Jeanne aille bien.

J'ai frappé à sa porte de toutes mes forces. Mais personne n'ouvrait. Alors j'ai attrapé un caillou et j'ai brisé une fenêtre du rez-de-chaussée. Je m'y suis faufilée, les mains pleines de coupures. Je me suis précipitée dans sa chambre. Elle était dans son lit, les yeux clos et une respiration quasi-absente. J'ai hurlé. À coté de sa jolie tête blonde, se trouvait une boite de comprimé complètement vide. Ses poignets étaient ensanglantés et ils continuaient de tâcher ses draps.

Je l'ai secoué mais rien n'y faisait. Elle ne réagissait pas. J'ai essayé de la porter jusqu'à la salle de bain, mais sous son poids je me suis écroulée lametablement. J'étais trop faible. Je l'ai tirée jusque dans la baignoire et je me suis placée derriere elle pour soutenir son dos. Je ne faisais que lui répéter " que tout irai bien", "qu'elle ne devait pas mourir" "que je l'aimais beaucoup trop" comme si elle pouvait m'entendre . L'eau coulait sur nos têtes, ce qui j'espérais, la réveillerai un peu. J'ai enfoncé deux de mes doigts dans sa gorge, et elle a vomi, les yeux toujours fermés. J'étais en train de pleurer et de me maudire. J'ai attrapé ses poignets et une fois le sang nettoyé, j'y ai lu "Maia". Mes sanglots se sont fait plus forts. Je l'ai poussé au suicide. Elle m'aimait et je l'ai tué...

Hey hey hey ! Voila un nouveau chapitre avec un tout petit peu (beaucoup) de retard.. Vraiment désolée😭 j'èspère que ça vous aura quand même plu .À bientôt dans de nouvelles aventures 😘

Aimes-moi Quand même (Yuri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant