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Ça faisait maintenant près de 4 mois que j'étais dans cet internat. Sans surprise, je m'étais liée d'amitié avec les filles qui partageaient ma chambre. Même avec Axel. Elle continuait toujours son petit manège d'allumeuse. Mais c'était devenue une routine. Elle me draguait et je la repoussais. J'avais décidé d'appeler Ema, Louis et Raphael pour leur expliquer la situation. Ils avaient été très surpris et un peu déçus. Mais néanmoins compréhensifs. J'appelais Jeanne tous les soirs mais n'obtenais jamais de réponse. Je la "voyais" uniquement à travers les réseaux sociaux. Mon travail de serveuse me rapportait un peu d'argent et j'étais très fière de le gagner par moi-même. Ma nouvelle vie me plaisait beaucoup et j'aurais voulu toujours avoir 16 ans.

Avec les filles, on a cette habitude de regarder un film chaque soir. Aujourd'hui c'est un Disney. J'aime beaucoup ce genre de films. Je m'installe sur la moquette. Mais cette fois-ci, Axelle s'est assise un peu en retrait. Normalement elle est collée à moi. En y repensant, elle a été comme ça toute la journée. Je m'approche d'elle et observe qu'elle a l'air triste. Je pose ma main sur son genou et elle sursaute un peu. Elle ne m'a vraiment pas vu arriver ? Pourtant d'habitude elle est très attentive...:
- Axel ?
- mhh ?
- ça va pas ?
- si
- nan
- si
- nan
- si jte dit !
- dis moi ce qui se passe
Elle me signe de me taire et m'indique de me retourner avec ses yeux. Les autres filles nous regardent avec des mines interrogatrices:
- on revient tout de suite !
Je me relève et la tire par le bras . Elle me suit docilement. Une fois dans le couloir, je lui fait face:
- qu'est-ce que t'as ?
- rien, c'est bon, on ferait mieux d'y retourner
Elle se retourne mais j'attrape son bras fermement:
- Axel, je veux t'aider s'il-

- tu peux pas !
Ses yeux sont pleins de larmes prêtes à se déverser à torrent. Je l'enlace tendrement. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Elle finit par éclater en sanglots. J'essaie de la calmer, en caressant sa tête :
- viens on va faire un tour...
On a pas le droit de sortir après le couvre-feu mais j'aurai préféré mille fois qu'on me sanctionne que de voir Axel malheureuse. On marche sans direction précise; je ne connais pas vraiment la ville et je suppose qu'Axel n'a pas vraiment la tête à réfléchir ce soir. Elle renifle encore et à la tête baissée. Je m'arrête progressivement et elle fait de même. Ma nouvelle amie me questionne du regard: on est devant une ruelle, lieu assez propice au meurtre. Je lui souris et l'invite silencieusement à me suivre. On se laisse glisser contre un mur. Je sors une cigarette et la glisse entre mes lèvres. Je l'allume et prends une première bouffée, que je recrache avant de la retirer de ma bouche:
- alors ?
- pourquoi tu laisses pas tomber ?
- pourquoi tu parles pas ?
Je retire une taffe et pose ma main sur sa joue:
- bébé, laisse-moi t'aider...
Elle sourit:
- qu'est-ce que Jeanne dirait ?
- hmm...bonne question...
Elle me prend la cigarette des mains et la cale entre ses lèvres pulpeuses. Je passe ma main dans ses cheveux ébènes:
- J'imagine qu'elle serait en colère...
- ah oui ? Pourtant je crois savoir qu'elle t'ignore chaque jours, pourquoi ce serait différent, chérie ?
- parce qu'elle est comme ça...
- Elle est compliquée, alors que moi...
- t'es tellement mieux ?
- exactement !
Je lève les yeux au ciel et pouffe. Elle embrasse ma main et je la retire de son visage:
- Axel, dis-moi ce qui t'arrive
- seulement si on baise après
Elle a ce regard pervers que j'aime tant. Je fais mine de réfléchir et renchéris:
- pourquoi pas ?
- Maia je rigole pas.
- moi non plus.
- si justement, et c'est l'un de mes problèmes.
Elle est pas énervée. Elle fixe le mur, pensive:
- mes parents voulaient un garçon..
- oui je sais
- ils en voulaient tellement un, Maia... je sens la déception à chaque fois que je leur parle...
- je peux que te comprendre..ma mère et mon frère sont cinglés...
- cinglés comment ?
- mhh... ma mère me déteste et mon frère a faillit me violer...
- putain...
- tu l'as dit...
- Maia jveux rester avec toi, et les autres, jveux vraiment pas y aller...
- alors t'ira pas.
J'écrase mon mégot et le balance plus loin:
- comment- Maia ?
Je pose mes lèvres sur les siennes. J'enroule mes bras autour de sa tête. Elle se laisse faire et pose ses mains sur mes hanches. Mais elle finit par me repousser un peu et me dit:
- jveux pas que ce soit comme ça..je t'aime pour de vrai, mais je sais que tu l'aimes, elle et pas moi, alors ne me fais pas espérer dans l'vide...

Aimes-moi Quand même (Yuri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant