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Pendant tout le cours, je reste dans mon coin. Jeanne me fixe. Ses yeux sont légèrement rougis. Je fuis son regard. Je l'aimais. Je l'aimais tellement. Même si je ne lui ai jamais dit, je l'aimais. Tout ce qu'elle voulait c'est rigoler un peu. J'ai tellement mal..

Aujourd'hui on fait du basket. Je suis nulle pour tout ce qui est d'attraper des balles. Je suis dans l'équipe de Jeanne. Génial. Elle s'approche de moi:
-Maia... j'te jure que...
Je l'ignore et essaye de me concentrer sur le match qui va débuter.
Je sens son regard sur moi. Elle devrait arrêter. Elle ne m'aime pas. Elle devrait recommencer à s'amuser avec ses amis. Elle peut arrêter son jeu maintenant.

Perdue dans mes pensées, j'avais presque oublié le match. Mais la balle qui vient d'atterir sur ma tête me ramene à la réalité. Je tombe sur mes genoux. Ça fait mal. Mais moins que ce que Jeanne m'a fait. D'ailleurs la revoilà:
- Maia tu vas bien ?
Elle se retient de me prendre dans ses bras, se doutant que je n'accepterait pas, mais néanmoins me tend sa main. Je la pousse et me relève seule, avant de lui lancer un "pas besoin de toi". Tout le monde se moque de moi. C'est donc si drôle de voir quelqu'un avoir mal?

C'est Daisy, une des amies de Jeanne qui m'a jeté la balle. Elle me sourit avant de me dire:
-oups j'ai cru que tu l'attraperais, j'avais oublié que t'étais Maia, la fille qui rate tout...
Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais je tremble:
- comment t'as pû penser une seconde que Jeanne t'aimerais vraiment?
- ferme la
- parle plus fort ou tais toi...Nan mais serieux, t'approches pas de moi, j'veux pas devenir lesbienne
Jeanne essaie de s'interposer:
- Daisy, lache la, stop !
- pourquoi ? C'est vrai, elle est dégoutante ! Puis pourquoi tu la défends ?
Toutes les remaques desobligeantes que j'ai reçu au cours de ces derniers mois passent en boucle dans ma tête.
Je suis énervée et j'ai besoin de me defouler. Rien ne va plus.

Je me dirige vers elle et je la pousse avec une force que je n'aurais moi même pas soupçonné. Elle est étonnée. J'ai réussi à la faire tomber. S'en suit une raffale de coup. Je suis complètement différente. Je me fais penser à mon frère. Mais je m'en fous. Son visage est écorché et elle pleure. Jeanne aggripe mon bras et m'approche d'elle. À ce contact je la repousse violemment. J'arrête de frapper Daisy avant de lui dire:
- Désolée j'ai cru que t'encaisserai mes coups, mais t'es Daisy, une conne avec une grande gueule et rien dans l'ventre..

Le prof me réprimande et m'envoit chez le proviseur accompagné de Daisy et de Jeanne qui semble l'aider à avancer. Notre proviseur nous annonce d'une voix sèche notre exclusion temporaire.

Daisy me lance un " merci Maia!" plein d'ironie avant de se diriger vers l'infirmerie.
Jeanne me suis. Elle me siffle et frappe dans ses mains:
- wow Ma'-chan j'suis impressionée
-...
- Maia..
Elle soupire et agrippe mon bras:
- Maia écoutes-moi..juste 5 minutes...
Elle prend ma main, se met à genoux et me supplie de son regard azur. Elle la serre fort pour ne pas que je puisse m'échapper de son emprise. Je la regarde. Mince. Elle est vraiment jolie. Je me reconcentre et parvient à lui dire quelques mots:
- après les cours...lâche-moi

Elle me sourit et dépose un baiser sur ma main. Je la retire promptement et lève les yeux au ciel. Je l'aime tellement. Pourquoi ça m'arrive ?

Dès que la sonnerie retentit pour annoncer la fin des cours, Jeanne se poste devant moi, sous le regard haineux d'Amandine. Je lui adresse un sourire et elle marmonne quelque chose dans sa barbe avant de me faire un bisou sur la joue et de nous laisser seules. Nous quittons la salle à notre tour. Les couloirs sont déjà déserts. Jeanne se lance:
- Maia je t'aime de tout mon coeur, saches-le.
Je souris comme une idiote. J'aime tellement quand elle me dit ça.
- cette histoire de pari, c'est elles qui l'ont voulu, pas moi.
- ça t'as pas empêcher de le faire, pas vrai ?
- je le faisais pas vraiment ! Tout ce que j'ai fais et dit, c'est vrai! Je suis vraiment amoureuse de toi...
Pourquoi elle s'acharne, comme ça?
- je viens de comprendre quelque chose..
- quoi?
-t'as pas voulu que je te touches quand on était chez toi, parce que tu m'aimes pas vraiment et que tu veux garder ta premiere fois pour un mec, c'est ça ?
Elle a l'air en colère:
- pourquoi tu me crois pas ?
- tu m'as menti, pourquoi j'te croirais ?
- qu'est-ce que je dois faire, putain?

Elle me plaque violemment au mur. Ma tête cogne dessus et je grimace de douleur:
- aie!!
- tu m'rends dingue! Je fais que penser à toi !
- pense à autre chose alors.
- comment penser à autre chose que tes lèvres sur mon corps ?
- tu oublieras vite avec un mec.
- c'est toi que je veux, pas un mec!
- arrête de remuer le couteau dans la plaie, je t'aime, pas toi, c'est pas grave.
Elle attrape mon menton entre ses doigts et me regarde avec rage:
- Maia je t'aime, merde !
Elle scelle nos lèvres d'un baiser. Il n'a rien de ceux que j'aime tant. Il est sauvage. Elle force l'accès à l'interieur de ma bouche avec sa langue. Elle rompt le baiser et se met à mordre la peau de mon cou jusqu'au sang:
- aaah tu m'fais mal, arrête..j't'en supplie..
Elle ne m'écoute pas et m'embrasse pour me faire taire. J'essaye de la repousser, mais je n'y arrive pas. Elle passe ses mains sous mon pull, probablement à la recherche de de mes seins. Je me mets à la supplier plus ardemment, des larmes se mêlant à mes requêtes, mais rien n'y fait. C'est pas ma Jeanne. C'est une furie:

-J..Jeanne arrête s'il te plait...j'ai mal..tu me fais mal.
Ses doigts jouent avec mes tétons:
-aah...Jeanne..a...arrrête...on..va nous voir
Elle arrête enfin et je me laisse tomber au sol:
- je t'aimais Jeanne. Pourquoi tu m'as fait ça ? Tu sais quoi ? En fait je t'aime encore. Oui je t'aime Jeanne. Mais j'ai peur. Maintenant j'ai peur de te faire confiance.
Son visage mêle tellement d'emotions. J'y lit de la joie, du regret et une once d'enervement:
- Maia, fais moi confiance..
- c'est pas aussi facile, malheuresement.

Je me releve et me dirige vers la sortie, Jeanne sur mes talons. On prend le même bus mais, on ne s'adresse pas la parole. J'évite son regard inssistant. Je porte ma main à mon cou endolori. Elle baisse la tête.

La voir comme ça m'attriste. Je suis perdue. Je l'aime mais je me sens trahie. J'arrête de refléchir quand je vois une larme dévaler sa joue. Elle essuie ses yeux et me sourit:
- je suppose que j'ai ce que je mérite, pas vrai ?
Je prends sa main et la serre fort. Elle est surprise. Moi aussi à vrai dire. Elle secoue la tête:
- tu m'aimes plus et c'est de ma faute, j'm'en veux tellement.

Je lâche sa main et on descend du bus. On suis nos directions respectives sans un mot, ni un regard. Quelle sale journée...

Aimes-moi Quand même (Yuri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant