Chapitre 2 - L'eau et le feu -

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Elle grandissait a perte de vue. Son cou s'allongeait, puis ses jambes et ses pieds avec. Si bien qu'elle finit par toucher le plafond et dû même se recroqueviller un tout petit peu. Elle pu alors voir le plafond qui était joliment décoré par des peintures de diablotins festoyant et riant avec des femmes nues, des sorcières pensa-t-elle. N'importe qui aurait pu trouver celles-ci glauques, mais elle les trouvait jolies, elle aimait cette beauté macabre. Elle cessa de s'attarder sur son exposé d'histoire des arts éventuel qu'elle était en train de s'imaginer sur cette oeuvre. Toute façon il n'y avait plus d'école, elle était simplement là perdue, tombée dans un trou immense.
Elle regarda ses pieds, ils étaient énormes, ils devaient faire la taille d'une voiture, elle les trouvait si ridicule qu'elle se dit qu'ils ressemblaient à deux Fiat pandas. Elle se souvint de ses beau, petits pieds -qui ne dépassaient pas la moyenne de son âge- oui elle les aimait bien comme ils étaient avant. Certes ils étaient vraiment petit, mais l'on dit bien que ce qui l'est est mignon n'est-ce pas? Et là ils étaient énormes, difformes. Si elle aimait une chose chez elle c'était bien ses pieds.

« Mes pieds... Mes petit pieds... Je hais tout ça ! »

Sa position la gênait, elle était horrifiée face à des pieds aussi laid et sa culotte était mal placée mais elle ne pouvait bouger de sorte à arranger le problème.
Les larmes débordèrent de ses yeux, de grosses goûtes chaudes pleuvèrent (nda) alors de ceux-ci, inondant bientôt la pièce d'une mer pale se déchirant en marées et torrents. Tout ce qui avait pu se trouver dans la pièce avait été englouti. Excepté un petit éventail de plumes blanches trempées qui flottait à la portée de main d'Alice. Toujours sanglotante, les yeux rouges comme ceux d'un petit rat, s'affolant la chaleur lui montait à la tête. Elle saisit alors le petit éventail et se venta tout naturellement. Une fois de plus, elle rapetissait, rapetissait jusqu'à se faire engloutir dans sa propre mer de larmes, manquant de se noyer, elle se débattit et sortit la tête de l'eau, son corps se faisait balancer de part et d'autres dans les vagues.  Elle aperçut à  nouveau le lapin, battant ses petites pattes dans l'océan déchaîné qu'elle venait de pleurer. " Je vais être en retard ! Je vais être en retard, on va à nouveau me couper la tête ! " qu'il disait. Elle se stabilisa dans l'eau et réussit à nager jusqu'à la terre ferme. Le ciel lui apparut comme du papier canson, avec des découpes de bleues plus clairs collées sur celui-ci. Et voilà que la mer aussi se dessinait, des vagues saillantes s'animant comme le décor d'un théâtre grotesque, les vagues s'épuisant finalement s'écroulèrent sur le sable dans un fracas. Un soleil de papier mâché s'ajouta au décor et il sourit à Alice, n'enlevant plus ce rictus de son visage. À peine eut elle décroché son regard du soleil qu'elle vit une troupe d'animaux rassemblés sur la petite plage. Elle s'essuya les yeux pensant voir des choses qui n'étaient pas à force d'avoir regardé ce soleil, mais ils demeuraient là, elle se résolut calmement puisqu'elle avait pu voir tant de choses étranges que des animaux apparaitre en quelques secondes n'allaient pas l'étonner. Elle se contenta de les observer pendant quelques temps, ils se plaignaient tous d'être trempés, ils faisaient un vacarme qui agaça Alice si bien qu'elle leur cria « On pourrai tout simplement arranger ça ! » ce à quoi un singe lui répondit « Regarde toi comme tu es petite et si singulière ! Nous n'attendons pas de conseils d'un animal de ton genre. ».
Alice bouda dans son coin se sentant rejetée et supportant les ricanements des autres animaux.
Le dodo s'assit et cria, tout le monde s'assit en cercle autour de lui et il commença :
« Dans l'Antiquité romaine, les hommes pratiquaient fréquemment des orgies, parfois même à table, et ils buvaient jusqu'à en vomir. Le mot " pédéraste " est issu de l'Antiquité...
- Je vois je vois ! Tu nous propose de tous pratiquer le coït pour nous sécher? Grandiose ! L'interrompis sauvagement le singe.
- Je ne crois pas que nous devrions... Et où voulez-vous en venir Dodo? Cela n'a aucun sens... intervint Alice sans trop d'espoir, mais elle ne pût s'empêcher de prendre part à la conversation.
- Gardez votre langue dans votre bouche, lui suggéra le singe.
- Mais qu'est-ce qui est sensé ? Répondit le Dodo. Je ne faisais là qu'étendre mes connaissances, il fallait bien qu'elles me servent un jour.
- Je propose un jeu ! » conclut le Lori, qu'elle trouvait des plus adorables.

Il traça une sorte de cercle déformé dans le sol, et il n'eut besoin de donner un départ que tout les animaux de mirent à courir en suivant la ligne tracée. Elle les observa courir, ils coururent jusqu'à ce que leurs poils ou plumes soit secs. Elle jugea préférable de rester assise et de les observer de son côté. Et puis sa robe séchait naturellement et être trempée jusqu'aux os ne lui posait pas tant que ça problème.
Elle était fatiguée. Elle laissa son corps tomber sur le sable et ferma les yeux. En ces quelques secondes un frisson parcourut son corps, elle ne comprit pas ce qui lui arrivait, elle était confuse, tout se passait vite mais en si peu de temps, elle ne savait pas si elle devait se sentir bien ou être inquiète. Elle était perdue mais dans un cocon qui lui semblait assez confortable. Elle réouvrit alors les yeux.
Et elle savait qu'elle disjonctait. Elle savait qu'elle ne devait pas se laisser porter à la rêverie est pourtant elle l'avait fait. Maintenant elle s'en voulait et se sentait à nouveau coupable. Le ciel s'était obscurci, il était même devenu rouge et parsemé de cendres. Elle pouvait les sentir tomber sur son visage, alors elle ne savait plus si tout ceci n'était qu'un rêve, les choses l'échappaient, à nouveau. Elle se précipita pour se relever, elle vacillait. Elle entendit le battement d'une horloge au loin, ce son lui semblait familier. Mais elle n'avait pas le temps d'y penser, les animaux se dirigeaient vers elle, les yeux injectés de sang, la bouche grande ouverte hurlant son nom.

« Nous savons ce que tu as fait... tenta d'articuler le Dodo.
- On peut voir tout des défauts... continua le singe.
- Ils suintent de ton corps. »

Ils se jetèrent sur elle, lacérant ses habits, l'attaquant avec tout leur esprit animal.

« Laissez moi s'il vous plaît. » dit elle poliment.

Bien que ses bras se couvraient de griffures, qu'elle commençait à suffoquer.

« Laissez moi tranquille, dit elle tout à fait clairement et déterminée. Je ne suis pas folle. »

Elle farfouilla alors dans la poche de sa robe du mieux qu'elle pu et elle trouva ce qu'elle recherchait. Son briquet. Dieu merci il était là dans ce monde absurde. Elle pouvait sentir leurs griffes se déchaîner sur ses bras. Elle appuya sur la pierre du briquet de toute ses forces et le dirigea vers eux. Ils s'enflammèrent. Leurs plummes, leurs poils, leurs visages transit de douleur, tout prît feu chez eux et fondit. Elle s'éloigna aussi vite qu'elle pu mais son bras lui aussi avait été touché, elle se retourna affolée et ne retrouvait plus l'océan. Il n'y avait plus que le ciel rouge sang, les cendres, l'amas de corps diformes dévorés par les flammes et... Non, elle ne se sentait plus là.

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Nda : Je sais que la déclinaison ''pleuvèrent'' n'existe pas mais moi j'ai décidé de la faire exister.

Alice au pays des macabres MerveillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant