Chapitre 4 - Alice extra muros -

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Et une nouvelle fois elle se réveilla, empêtrée dans cette sensation de lourdeur. Cette fois-ci la chambre était quelque peu différente. Aussi immaculée, il lui semblait être dans le même bâtiment mais il y avait quelques imperfections sur le mur qui n'étaient pas là dans la première et l'orientation de la chambre était aussi différente. Quelle importance se dit-elle. Elle savait ce qu'elle avait fait et s'en souvenait parfaitement cette fois-ci. Désormais ses deux bras étaient bandés, elle ne prit même pas la peine de défaire les bandages, sa curiosité ne la piquait étrangement pas. Elle se contenta de rester là jusqu'à ce que quelque chose vienne la sortir de l'ennui.
Elle vit alors plus tard la belle docteur entrer l'air grave.

« Bonjour Alice. Comment vas-tu? lui demanda-t-elle le plus naturellement du monde.
- Ça aurait pu aller mieux, si j'étais morte par exemple, lui répondit-elle sombrement.
- Ils ont étudié ton dossier, dit le docteur comme-ci elle n'avait pas entendu ce Qu'Alice avait dit. Alice quand à elle se rendit compte qu'elle n'était plus qu'une patiente et pas un humain. Un corp malade et rien de plus. Étant donné ton état... Hum mental, le psychiatre qui jusqu'à maintenant te suivait s'est chargé de la décision, tu iras dans l'hôpital de repos qu'il tient.
- Je sais que "hôpital de repos" est simplement une manière plus glamour de dire asile, annonça Alice avec une pointe de cynisme.
- Je suis désolée... tenta le docteur, mais Alice l'interrompit.
- Non vous ne l'êtes pas et même si vous l'étiez je n'apprécierais pas que vous le seriez. Comment cela se fait que je sois encore en vie?
- Très bien, elle baissa les yeux, pris une bouffée d'air puis soupira et reprit, les docteurs ont fait de leur mieux. Il faut dire que votre psychiatre leur a mis une pression incroyable. Vous vous y êtes bien prise, verticalement. Vous avez des attaches le long de la plaie et devrez les garder un long moment. À cause de la perte de sang vous êtes restés deux jours dans le coma.
- Merci docteur. Mon psychiatre a-t-il dit quelque chose de particulier?
- Non. Juste qu'il viendrait te chercher à ton réveil et les infirmières l'ont déjà appellé. Si tu as d'autres questions n'hésite pas. »

Alice hocha de la tête et vit le docteur s'en aller. Visiblement elle était résignée, après tout qu'espérait-elle d'une adolescente lunatique qui venait de perdre ses parents dans un incendie dont elle était l'incendiaire? Il n'y avait pas d'espoir de quelconque soin pour ce patient, on ne soigne pas les morts. C'est comme-ci le docteur lui en voulait d'avoir touché à cette précieuse vie dont elle en était la gardienne. Alice lâcha un vulgaire soupir et sortit ses pieds du drap pour les faire toucher le sol désynfecté froid. Un léger frisson parcourut son corps.
Elle savait que désormais elle allait croupir dans le fabuleux asile du psychiatre Freud Manson, cet anglais extravagant. Elle pouvait déjà s'y imaginer, défilant dans son freak show des choses plus misérables et digne de pitié des toqués. Elle ne savait qu'éprouver pour lui. N'importe qui détesterai son psychiatre mais l'ambiguïté d'Alice la faisait garder une part d'admiration et de respect pour lui. Peut être même un peu de sympathie, après toutes ces discussions elle ne pouvait pas empêcher un lien de se créer entre eux. Il savait tout d'elle. Il grattait les recoins sombres de sa tête. Parfois elle s'amusait a lui retourner les questions et il lui demandait si elle comptait devenir psychiatre à son tour. Il était toujours heureux de la recevoir et plaçait de grandes espérances en elle. Un peu ingrate bien que consciente de ces sentiments troubles, elle se contentait de sauter dans son canapé une place et s'asseoir de travers et répondre vaguement comme elle l'avait toujours fait avec tous, avec ce ton détaché, mais peut être un peu taquin.
Peu après elle le vit entrer dans sa chambre, ses lunettes rondes posés sur son nez. L'homme devait bien avoir la cinquantaine et avait un corps fin caché sous des costumes classiques de couleurs sombres.

Alice au pays des macabres MerveillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant