La femme s'était contentée de lui dire que le docteur passerait dès qu'il pourrait et qu'elle devait l'attendre pour qu'ils parlent de la vie ici. Alice ne voulait pas parler et encore moins de la vie ici. Elle s'assit doucement sur le lit, en soulevant sa robe d'un bleu s'accordant à la chambre. Et puis elle s'allongea et regarda le plafond, elle le fixa tout en pensant. Dyna lui manquait. Elle eut même l'impression que sa chienne lui manquait plus que ses parents, c'était absurde mais pourtant vrai, elle avait des liens plus puissants avec ce petit animal à qui elle ouvrait son coeur dans de longs monologues. Elle rit lorsqu'elle se rendit compte qu'elle aimait plus un chien que sa famille, elle se dit que l'être humain était bien ignoble pour penser de telles choses et elle se sentit coupable comme souvent. Elle voulut se réconforter en se disant qu'elle les aimait, ce qui était vrai mais la pensée qu'elle les avait tué ressurgit. Et Dyna aussi était morte, alors et se mit à pleurer a chaudes larmes, ses yeux s'embuèrent et elle ne pouvait plus regarder le plafond. Elle se recroquevilla sur elle même et tatonna le lit pour saisir un coussin et le serra contre sa poitrine. Rien, plus de doudous, de chien, de famille. Tout ce qu'elle voulait faire était se morfondre et pleurer sa situation. Dans la douleur et la colère, elle enfonça ses doigts dans ses brûlures et elle sentit le bandage s'humidifier de sang. À ce stade de souffrance intérieur, la douleur physique n'était qu'une piqure de moustique insignifiante. Elle continuer à se meurtrir en pleurant, elle aurait voulu s'arracher les bras, les jambes, les membres, ne plus vivre. Elle retint ses sanglots le plus possible pour ne pas faire de bruit, elle enfouit en elle toute la rage qu'elle aurait voulu crier. Une rage qui se débattait sous sa poitrine, lui brisant les os, s'attaquant à sa tête, lui obstruant le cerveau. Elle ne pouvait pas sortir de cet état tout simplement en le décidant alors, las d'avoir autant pleuré et de s'être autant fait mal, elle attendit simplement de s'endormir en s'accrochant à la douceur de l'oreiller sur sa poitrine. Elle s'endormit rapidement, les yeux encore mouillés et les joues pâteuses.
Et puis elle ouvrit les yeux et ne fut pas surprise de se retrouver dans une forêt. Non pas simplement. C'était plus précisément l'endroit qu'elle avait vu du trou de la serrure lorsqu'elle était arrivée dans ce monde si singulier. Elle allait étrangement mieux, une aura de bien être l'entourait. Tout était si beau, si magique si... Merveilleux ! Au lieu de se demander où elle était elle admira l'endroit où elle se trouvait. Ses yeux se perdaient sur chaque parcelle du paysage, ne sachant où regarder tant il y avait de choses enchantées à découvrir. La végétation n'était pas simplement verte, elle arborait des couleurs tels que le rose éclatant ou le violet pâle. Des têtes de poupées poussaient aux arbres, et celles-ci parlaient, tout comme les fleurs. Des coccinelles géantes transportaient des hommes aux têtes d'animaux dans le ciel de berlingot à l'orange. Des ballons poussaient. Alice grimpa sur un champignon qui devait bien faire cinq mètres de haut, et elle n'avait même pas peur de tomber car le sol était d'une terre mousseuse qui sentait bon le champagne. Du haut de son gros champignon rouge elle ne pût que rester subjuguée. Elle s'allongea en regardant le ciel où passaient les coccinelles et où les nuages qui avaient tous une forme différente lui faisaient de grands signes comme pour lui souhaiter bonne journée.
« Enchantée madame nuage princesse ! Oh, bonne journée monsieur le nuage fusil. Coucou toi le piranha. »
Elle entendit de petits pas s'enfoncer dans la mousse, suivit d'une grosse collision sur son champignon. Elle était pourtant si sereine. Qui pouvait bien donc l'importuner. Elle glissa le long du pied du champignon et atterit en douceur dans la terre.
Elle vit le même lapin blanc de la dernière fois, la tête douloureusement rentré dans le champignon. Un peu attristée elle l'aida à se sortir la tête. À peine sorti il s'affolait déjà et s'exclamait :« Je suis en retard comme toujours ! C'est un problème... Qui me rattrape. »
Alice le regarda, pensa que ce lapin n'avait alors fait de sa vie uniquement être en retard.
« Mais en retard pour quoi?
- Mais pour tout bien sûr. Je dois aller voir la reine.
- Reine ?
- Pensez-vous qu'un aussi vaste royaume ne soit pas dirigé par une illustre reine ? Vos sottises me font perdre mon temps !
- Peut-être voudriez vous de l'aide ? Vous ne pouvez pas faire grand chose avec vos si petites pattes. »Alice avait pris pitié du pauvre lapin qu'elle trouvait adorable dans son costume d'humain. Lorsqu'elle termina sa phrase, le lapin n'eut temps de lui répondre puisque la terre tremblait. Le lapin sauta dans ses bras et elle l'accueillit alors avec délicatesse, elle lui caressa la tête lorsqu'elle vit l'expression de peur qui avait changé son visage.
" Si je meurs je n'aurai plus de raisons d'être en retard ! "
Alice voyait se décimer au loin une silhouette approchant à grand pas et apparaissant à travers les fougères et autre arbustes qui se faisaient piétiner. Des poils, des pattes de velours, une tête à la truffe avisé apparurent. Un chien en somme. Ses oreilles se balançaient derrière lui dans ses mouvements titanesque. Alice le trouva ridicule, en effet, malgré qu'il mesurait des mètres il demeurait être un pékinois à la tête des plus amusantes et innocentes. Peut-être s'amusait-il juste à courir ainsi, il se dégourdissait sans se rendre compte - dans son idiotie - qu'il détruisait nature et même vie. Mais elle comprit tout de même vite qu'elle dû courir, ce qu'elle fit, le lapin toujours dans ses bras. Chaque fois que la terre tremblait sous les pas du chien elle manquait de tomber et se fatiguait si vite. Le lapin lui n'avait pas à courir, elle si alors qu'elle détestait tant courir. Pourquoi se presser. La finalité était toujours la même. Elle ne jugeait donc pas nécessaire de se fatiguer ainsi. C'est ici qu'elle découvrit que parfois il faut courir pour décider de sa finalité.
Bien trop peu sportive, elle s'essouffla rapidement et ne tarda pas à se prendre les pieds dans les quelques lianes-cheveux au sol et s'étala au sol en mangeant littéralement la terre qui avait un goût de gâteau au chocolat. Elle se retourna, sans savoir qu'elle était dévisagée par les écorchures, le lapin toujours bloti au creux de sa poitrine, trop effrayé pour ouvrir ses yeux,il les cacha même avec ses oreilles. Le chien arrivait. Il était là. Il lécha Alice de sa langue surdimensionnée, et elle se retrouva mouillée de la tête au pied, son haleine putride lui collant à la peau alors. Alice n'avait pas peur. Elle ne pouvait pas avoir peur d'un chien. Et elle avait d'ailleurs raison puisque celui-ci la fit voler à l'aide de sa patte et la posa sur son dos. Sa robe bleue humide collait au poil, et elle s'y aggripa également. Le lapin quand à lui avait ouvert les yeux mais n'était pas le moins du monde rassuré. Il n'écouta pas ce qu'Alice tentait de lui dire sur l'animal et sortir de la poche de son veston un couteau qu'il planta dans le cou du pauvre animal. Alice hurla de douleur avec lui. L'animal bien qu'énorme était si fragile et son corps, alourdi par le poids de sa souffrance s'écrasa au sol. Son sort était fait. Dans ce monde où tout se passait si rapidement durant une éternité. Alice resta alors à ses pieds, ses mains s'accrochant au cou de la bête agonisante, le liquide rouge et poisseux la recouvrant de la tête aux pieds. Le lapin ne bougeait pas.Le chien poussa son dernier souffle. Alice cessa alors ses pleurs et saisit le lapin qui avait mal fait de ne pas partir. En lui arrachant une oreille à mains nues elle sourit. En lui arrachant la deuxième elle rit. En le mangeant encore vivant elle fut repu.
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Alice au pays des macabres Merveilles
HorrorRéalité (nc.nf) : Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement. « Tout ceci est dans ma tête, donc cet endroit est réel puisqu'il existe au biais d'une réalité. »