Lorsqu'elle se réveilla il faisait déjà jour. Sa première pensée fut qu'elle n'avait pas eu droit à un véritable sommeil régulier à des heures dîtes "normales". Tanpis songea-t-elle. Elle resta assise le temps que son corps se désengourdi puis se dirigea vers sa porte. Elle se demanda si elle devait sortir. C'est qu'à peine réveillée elle s'ennuyait déjà. Elle n'avait pas peur de descendre affronter les autres, elle les avait déjà affronté de la pire et plus rapide manière qui soit. Elle était dans une de ces périodes où elle se sentait d'état à affronter le monde entier, la tête droite, la langue salie d'obscénitées.
Bien que le docteur l'avait calmé, son amertume avait prit le dessus et elle était désormais chargée d'une haine puissante. Elle changea d'habit rapidement et descendit prête à affronter son environnement à nouveau et sans trop de craintes. Elle se retrouva dans la grande sale, elle regardait chacun de ses locataires, les détaillant dans sa tête, procédant à une analyse de chacun d'eux. Certains avaient l'air simplement dépressifs, d'autres pris d'horribles tic comme cette femme s'arrachant les cheveux... Un infirmier arriva et l'emmena sans qu'Alice sut quel sort il lui réservait. Un d'entre eux parlait avec un infirmier, il faisait des gestes obscènes et dès qu'il s'apprêtait à toucher ses parties intimes, l'homme en blanc détournait son attention, ce qui marchait alors étonnement plutôt bien. Tout ces humains faussement vivants, pris d'une douce léthargie, empêtrés dans leurs traitements puants et torchant leurs vomis dans des billets soyeux ne lui inspiraient même pas pitié. Juste du dégoût. Mais dans cette peinture fade et grotesque, une femme attira son attention, rayonnante, sa longue tignasse blonde démesurée brillait dans la pièce, là dans le fauteuil.Alice tu dois te faire des alliés dans ce trou, soit maline, c'est ce qu'elle pensa. Mais comment?
Elle approcha d'une démarche incertaine du fauteuil où elle se trouvait, elle avançait sans savoir si elle allait s'y asseoir ou se défiler. Au final elle s'assit. Et fort heuresement, c'est la dame qui fit le premier pas.
« Eh, eh, toi là petite ! chuchota-t-elle. Alice fit semblant d'être surprise qu'elle l'interpelâsse.
- Oui Madame? Chuchota Alice à son tour, sans trop savoir pourquoi, puis le fit remarquer, pourquoi donc chuchotons-nous? La dame la regarda alors, les yeux écarquillés, elle effraya quelque peu Alice, elle avait une drôle de prestance.
- Je ne sais pas. C'est vrai, elle parla alors normalement. T'es trop mignonne et jeune toi, qu'est-ce que tu fous dans ce trou? Alice la trouva curieuse mais elle avait au moins le privilège de parler comme quelqu'un de normal, de ne pas l'attaquer non plus et d'être franche. Elle ne passait pas par les présentations habituelles qui, bien évidement était bien peu utiles en ce lieu.
- J'ai tué des gens, Alice se rendit tout de même compte que ce n'était pas la meilleure manière d'inspirer confiance aux gens, elle tenta de réparer son erreur en plaquant un affreux sourire tranchant sur son visage. Elle soupira, elle avait l'air tout sauf de confiance ainsi.
- Oh ! Bah c'est drôle ça ! Moi on m'accuse d'avoir tué quelqu'un, elle parlait maintenant fort, sa voix était rauque, grande fumeuses en conclut Alice.
- Sans vouloir être indiscrète, êtes-vous coupable? S'intrigua Alice.
- Oh non... Elle était triste, puis hurla soudainement, je n'ai pas tué mon mari !
- Je vous crois, je vous crois...
- Mais ? Tu ne regardes donc pas la télé?
- Non jamais. Mais j'avais internet vous savez...
- Écoute tant mieux, elle l'interrompit affolée, je suis quelqu'un de totalement ordinaire d'accord?
- Entendu. Et vous... Alice se dit qu'il n'était pas si difficile de parler. Vous, pourquoi vous êtes ici ?
- Drogue chérie, mes parents, mes agen... Hum, ses parents aussi, tous, ils m'ont envoyés en cure ici. C'est horrible. Je m'ennuie. Tu es la seule personne à qui je parle qui ne débloque pas complètement.
- Merci, moi je viens d'arriver.
- Ne pourris pas ici, tu es trop jeune, il faut saisir les occasions de se distraire ici... Dieu merci je viens juste de te parler mais tu m'occupes.
- Vous m'en voyez ravie. Je m'appelle Alice.
- Et moi Roxy, Alice se mit alors à rire. Qu'est-ce qu'ya drôle?
- Si je vous le dit vous allez être offensée je crois bien, réussit-elle à articuler dans ses rires.
- Rien ne m'offense moi, c'est moi qui choque !
- Bon eh bien... Voilà, ma mère avait une soeur qui s'appelle Roxy, elle a fini sur le trottoir.
- Mais y'a rien de drôle là dedans chérie !
- Désolée... Je vous aviez dit.
- C'est pas grave, allons. Tu dis ça mais, t'es belle et jeune, tu pourrais faire en sorte que le psy te laisse t'en aller si tu vois ce que je veux dire.
- Oh non... C'est bien plus compliqué que ça , Alice soupira.
- On dirait que tu as des choses à cacher toi.
- Vous aussi, vous aviez hésité tout à l'heure.
- Bon, bon, c'est juste que j'ai pas envie de te le dire maintenant.
- Je comprends. Vous aviez parlé de s'occuper, qu'y-a-t-il à faire ici ?
- Eh bien... Des groupes d'activités, mais c'est pas top de se mêler à ces gens. Tous endormis par les pillules.
- Et vous? Vous faites comment privée de votre drogue?
- J'en ai encore. Ils diminuent la dose... Mais ça reste dure, tu sais sûrement comment ça se passe.
- Mais vous êtes en forme à part ça ? Alice tatait le terrain, si elle voulait ne pas être seule elle se devait de bien choisir ses fréquentations en ce lieu, ça, elle l'avait vite compris.
- Parfaitement, enfin, je crois, je sais pas si on peut parler d'être en forme ici. Tu veux aller dehors?
- Dehors ?
- Pas dehors en liberté, le jardin je veux dire.
- Oh ça... Oui. »Elles se levèrent toutes deux, Roxy lui ouvrit le chemin, c'etait une femme qui devait avoir au moins quarante ans, à moins que la drogue ne la fasse paraître plus vieille. Ses cheveux blonds platines en bataille lui arrivaient au milieu du dos, des mèches sauvages se posaient sur son visage et son torse. Ses yeux étaient d'un bleu pure, mais perdu, son regard semblait fixer le vide, ou bien l'éternité. Ses lèvres étaient pulpeuses, avec une légère teinte naturellement rouge. Elle marchait fièrement avec prestige dans ses hauts talons rouges, sa robe blanche près du corps laissait Alice deviner un corps avantageux, une poitrine généreuse, des hanches provocatrices. Alice se dit qu'elle ressemblait à une strip-teaseuse, pour se balader en talons ici il aurait bien fallu qu'elle le soit.
Elles traversèrent le manoir et lorsqu'elles sortirent, des infirmiers saluèrent sympathiquement Roxy. Alice ne se souvenait plus du véritable ciel, elle n'avait plus que celui de ce lieu étrange en tête. Ce monde qui lui semblait si réel. Bien que tout y était si absurde et sanglant, il semblait mieux la comprendre que celui réelle. Elle regarda tristement le ciel et regretta son réveil.- ☀ -
Nouveau chapitre et nouveau personnage. Votes et/ou commentaires ---> go
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Alice au pays des macabres Merveilles
HororRéalité (nc.nf) : Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement. « Tout ceci est dans ma tête, donc cet endroit est réel puisqu'il existe au biais d'une réalité. »