- Chapitre 12 - Perfections et désillusions -

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Elles s'assayèrent sur un banc à l'ombre d'un grand arbre dont Alice ignorait le nom. Il y avait des fleurs arrangées dans des parterres par ci et par là, les couleurs assorties harmonieusement lui rappelèrent son jardin et elle put presque voir à nouveau sa mère, accroupie au sol, les mains dans la terre arrangeant calmement ses fleurs, coupant des branches ou arrachant des mauvaises herbe par-ci par-là. Quelle joie, au moins lui restait-il encore son imagination, là-bas sa famille y vivait encore. Roxy la sortit de ses pensées :

" Alice? Alice?
- Oh ? Oui ?
- Tu ne m'as pas l'air d'avoir les pieds sur terre toi, dit la belle blonde en souriant.
- Tant mieux quand on ici je crois.
- T'es bien loin toi. Mais tu as sûrement raison. Hmm je peux te poser une question indiscrète ?
- Vas-y, Alice savait qu'elle allait poser des questions à propos de ses blessures.
- Comment tu t'es faite tout ça ? Bingo.
- Alors, ce bras-ci c'est une brûlure, vraiment pas beau à voir, celui-là... Elle le désigna et se figea, puis se remit à parler jugeant inutile de cacher la vérité, tentative de suicide. L'oeil au beurre noir, ahah, c'est un putain de taré qui m'a fait ça quand je suis arrivée, la colère lui revînt.
- Merci de me le dire, Roxy préfèra ne rien dire sur cette évocation du suicide elle même connaissant le phénomène, Il y en a des violents alors ici?
- Oui... Je vais lui arracher les couilles... Sa paupière commença à bouger toute seule, enfin je veux dire, me venger, gentiment, calmement.
- Tu n'as pas l'air d'être très calme, lui fit remarquer Roxy à qui rien n'échappait.
- Soyons franche, écoute... Elle se rapprocha de la belle adulte, J'ai besoin de ton aide. Je sais on se connait à peine c'est beaucoup demander.
- Vaut mieux se serrer les coudes ici non?
- C'est exactement ce que je veux dire... Bon on garde ça entre nous ? Je t'expliquerai après.
- Oui petite. »

Roxy sourit, elle ressemblait moins à une prostituée, plus à une mère. Elle tendit sa main à Alice, Alice la serra et au même moment le docteur Manson passa alors qu'il faisait le tour de sa possession funeste.

« Oh ! Alice ! Et madame White ! Quelle surprise. Me voilà ravi Alice. Vous voyez, vouz vous intégrez vite ! La scène était d'un grotesque, Alice sourit gênée tendit que Roxy la fixa se posant mille questions.
- Bonjour Monsieur... Se força Alice. Elle était de plutôt bonne foi aujourd'hui et décida de répondre poliment au docteur en contraste à la dernière fois où elle s'était adressée à lui. Elle fut prise d'un terrible embarras en se souvenant de ses paroles. Ses joues devinrent pourpre lorsqu'en effet, elle s'imagina sous le bureau s'adonnant à la tâche "d'arracher la queue" -comme elle l'avait si bien dit- au docteur. Roxy ne répondit pas et les observa plutôt.
- Comment te sens-tu aujourd'hui ? Tu découvres donc le jardin, il ajusta ses lunettes.
- Mieux... Je, elle voulut s'excuser puis se rétracta dans sa fierté, les fleurs sont belles.
- Tu n'es pas passée prendre ton traitement ce matin Alice.
- Quel traitement...? Vous ne m'en avez pas parlé, Alice s'inquiéta.
- C'est fâcheux. Tu passeras à mon bureau tout les matins à huit heure pile, d'accord ?
- D'accord... Alice savait déjà qu'elle allait se débrouiller pour ne pas prendre ce traitement, mais M.Manson aussi le savait. L'hypnose suffisait. Et il lui fallait bien observer l'étendue de la démence d'Alice. Lui laisser libre cours à ses folies rêveuses lui apporterait que de satisfactions lors de leurs séances d'hypnose. En revanche il traitait madame White comme il le devait, elle était pour lui une patiente banale, un humain de plus à soigner... pas comme son Alice.
- Très bien, je suis fière de toi. Au revoir et bonne journée. »

Tout semblait trop parfait. Alice le trouva gentil, et attentionné envers elle puis se gifla à coup de "c'est ton putain de psy".
Roxy quand à elle regardait Alice ne sachant pas trop si elle devait rire ou les prendre au sérieux.
Alice lui expliqua alors qu'elle le connaissait depuis bien longtemps et qu'il l'avait vu grandir en quelque sorte. Et même qu'étrangement il s'était lié d'amitié avec ses parents. Elle le vantait comme voulant sauver la cause perdue qu'elle était puis le démontait en riant avec Roxy du terrible et intelligent corps psychiatrique.
Au fil de leurs discussions Alice tentait en parallèle dans un coin de son cerveau d'échafauder un plan. Elle avait quelques idées déjà, mais elle avait le temps. Pour l'instant elle découvrait les joies des relations sociales. Certes c'était une personne mais c'était beaucoup pour elle, ce n'était pas les peluches muettes de sa grande maison perdue. C'était un vrai être humain et non pas son chien. Elle se laissait sourire parfois, assez fière de son "exploit". Roxy était d'un naturel bavard et ainsi tout était plus facile pour Alice. Roxy et elle avait désormais les destins étroitement liés.

Alice passa la salle commune en admirant quelques bibelots et alla à sa chambre avec Roxy, lui montrant où était celle-ci, et Roxy aussi lui montra la sienne. Alice prit sa douche, se demandant pourquoi le docteur offrait un tel confort à ses patients. C'est vrai, bien que le séjour ici est payé au prix fort, qui donnerait de si belles chambres et un si beau décor à des fous.
Lorsqu'Alice fit stopper l'eau, elle resta nue en silence perturbé par ce qu'elle venait de comprendre. Le docteur l'avait pris son son aile. Elle ne payait même pas ces soins onéreux. Elle était ici gratuitement et avait droit à un traitement plus que de faveur. Alors ils étaient proches à ce point. Alice songea sérieusement qu'il ne l'avait pas fait par intérêt. Elle ne pouvait s'imaginer quel intérêt elle suscitait pour lui. Elle ne savait que penser, le gratifier, se méfier? Encore une fois le docteur l'embrouillait. Trop déroutée et préférant fuit ce fait, elle alla dormir. Elle se souvint qu'elle devait aller voir le docteur le lendemain et espéra alors se réveiller à l'heure. Dans son lit, elle fixa longuement le plafond avant de s'endormir. Elle ne pensait à rien. Elle n'était même plus là. Juste perdue à regarder ce plafond. Elle sortit alors subitement de cet état et finit par s'endormir.

Elle se promena à nouveau dans ce monde. Mais désormais elle connaissait son nom. Son esprit s'en était souvenu. Le Pays des Merveilles.

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Un chapitre qui m'a pris tant de temps à écrire, j'espère qu'il vous plaira.

Alice au pays des macabres MerveillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant