Chapitre 3 - Éveil et sommeil -

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Ses paupières étaient lourdes, elle eût du mal à les ouvrir. Tout ce qu'elle vit fut une triste chambre blanche, elle était déçue. Au fond elle s'attendait à se réveiller à nouveau dans ce monde bizzarement merveilleux. Elle avait l'impression d'être dans ce vieux cliché de film où le protagoniste se réveille dans un hôpital sans se souvenir de rien. Ce qui était au final son cas. Elle se releva doucement et vit alors un énorme bandage sur son bras. Une bribe de souvenir raviva sa mémoire. Un feu? Encore? C'est ce qu'elle se dit assez soucieuse. Sa gorge était sèche. Elle toussa. Elle n'essaya même pas de sortir du lit car elle sentit qu'elle n'en avait pas la force. Elle laissa son dos retrouver le confort du lit médical.

« Quel mauvaise nouvelle vont-ils venir m'annoncer? » marmonna-t-elle.

Sa curiosité refit surface. Elle enleva doucement le bandage qui ornait son bras, avec précaution, du bout des doigts. Elle soupira en voyant les dégâts. Une très vilaine brûlure... Sa peau était rougie, avec des cloques jaunâtre. Ce n'est pas qu'elle se préoccupait énormément de son esthétisme mais plutôt qu'elle se sentait ressembler à Freddy Krueger, ce qui n'est pas très flatteur pour l'ego.
Elle entendit la porte s'ouvrir alors elle se hâta de remettre le bandage tel qu'il était et fit mine de rien.
Une femme - belle, grande, blonde, un véritable mannequin - passa la porte.

« Bonjour Alice. Je suis le docteur... »

Elle se déconnecta déjà, elle n'avait ni l'envie ni l'énergie d'écouter.

« Alice? Alice? insista la femme.
- Vous êtes docteur ? Désolée... Questionna Alice.
- Exact. Ne vous en faites pas, je peux comprendre que le réveil a pu être difficile. Maintenant vous devez m'écouter Alice. Ça va être très désagréable.
- Au moins je suis prévenue, elle hissa de toutes ses forces un sourire sur son visage.
- Vous êtes une jeune demoiselle très forte. »

Tenter de la rassurer ainsi ne marchait assurément pas. Alice se concentra pour écouter le docteur. Elle voulait l'ignorer, ignorer les faits. Elle détournait souvent le regard pour la fuire, en vain bien sûr. Lorsqu'elle eût finit, Alice ne se retint pas, elle en avait le droit après tout. Elle pleura. Elle sentie la main du docteur se poser sur son épaule, elle vit son regard empli de pitié et d'une sorte de peine maternelle, sûrement que ce docteur avait encore un coeur.

« Je comprends votre peine Alice mais vous pouvez encore vous relever, la voix de la femme tremblait d'incertitude.
- Qu'est-ce qu'ils vont faire de moi? »

La femme baissa les yeux et toucha son genou du bout des doigts, comme un signe de gêne. Les larmes coulaient encore des yeux d'Alice, mais elle ne pleurait plus. Elle se souvînt de son rêve, de la mer des larmes, bien qu'il ne fut pas le moment adéquat.

« Eh bien je ne sais pas. Ton cas va être étudié, et tu te rends bien compte que pleins de paramètres entrent en compte et...
- Est-ce qu'il y a une enquête ? Je ne me souviens de rien. Et.. Et je crois qu'ils vont penser que c'est de ma faute. » l'interrompit Alice.

Le regard du docteur avait changé. Plus aucune compassion, comme-ci elle regardait une autre personne. Alice sentit le regard lourd de la femme se poser sur elle. Elle se sentait jugée.

« Vous pouvez le dire vous savez. » lui remarqua Alice.

Bien évidemment qu'Alice avait compris. Elle avait même déjà dessiné une reconstitution des événements dans sa petite tête. C'était elle qui avait mis le feu à sa maison. Lors d'une de ses balades nocturnes. Et cette femme ne savait visiblement pas quoi en penser. Les faits montraient qu'Alice n'était pas innocente mais le docteur et aurait voulu persister à croire qu'il y a quelconque explication différente, autre coupable. Elle avait regardé cette jeune fille d'un oeil humain et non d'un oeil professionnel, et Alice savait que les gens comme ça étaient extrêmement rare, surtout dans son cas.

« Docteur? » intervint une infirmière à la porte.

La femme se leva et sortit de la pièce, ses longs cheveux lui descendant un cascade du dos. Elle se retourna pour sourire tristement à Alice.

Alice essuya rapidement ses joues encore humides, ses yeux la brûlaient, elle commençait déjà à détester cette fade lumière blanche qui irradiait la pièce. La porte n'était pas fermée, l'instant d'une minute elle se dit qu'elle aurait pu s'échapper mais abandonna rapidement l'idée ayant rapidement pesé le pour et le contre de celle-ci. Elle ne ressentait pas de douleur physique, les perfusions lui donnait assez d'anti-douleur pour ne plus rien sentir. Elle était désormais seule dans cette pièce et pouvait s'adonner à la pensée. Elle ne se souvenait absolument pas des événements et pourtant elle pouvait encore parfaitement recréer les images de son rêve. Il avait tout de réel, songea-t-elle, malgré son absurdité grotesque. Soudain la pensée qu'elle venait de perdre sa seule et unique famille la frappa. Bien que son père pouvait être excessivement autoritaire elle l'aimait, sa mère était si douce et surmontait avec elle tout ceci. Elle aurait dû brûler avec eux, elle aurait moins souffert. Le feu la narguait, de ne jamais la prendre, mais il avait toute la main sur elle dans ses cauchemars. Et elle était là, à ne pas savoir ce qui c'était réellement passé. Si c'était réellement elle qui avait allumé ce feu, elle savait que cela correspondait bien à son rêve mais elle ne voulait pas y croire. Elle voulait être innocente. Elle ne voulait pas avoir tué ses parents. Elle voulait se dire qu'elle n'était pas ce monstre. Mais elle savait qu'elle était coupable, tout était de sa faute, désormais elle devait en payer le prix fort. Elle recommença à pleurer, fort, elle était resté calme car elle ne s'était pas tout à fait encore rendu compte qu'elle était dans la réalité, elle ne se sentait plus flottante. Son esprit était là, en dépit de son gré. Elle se leva alors violemment en arrachant les perfusions, elle manqua de tomber mais se soutenut sur le lit. Elle examina la chambre sachant exactement ce qu'elle cherchait. Il y avait un vase sur la commode près du lit. Elle le saisit et le jeta au sol, celui-ci se fracassant en plus petits morceaux de verre coloré. Elle savait que le bruit allait les allerter alors elle se hâta d'en saisir un. Elle le planta dans sa chair avec le peu de force qu'il lui restait, elle continua l'entaille verticalement, sachant que c'était ainsi qu'il fallait faire lorsque l'on voulait vraiment dormir. Elle continua à meurtrir son bras jusqu'à ce que les infirmières et le docteur arrivèrent, en même temps que ses yeux se fermèrent.

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C'est drôle, aujourd'hui c'était le carnaval et j'étais déguisée en Alice au pays des Merveilles.

Alice au pays des macabres MerveillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant