Avec cette nouvelle coupe, je me sens plus légère, comme si mes cheveux avaient emporté un poids invisible avec eux. Le miroir me renvoie une image différente. Une image de moi, mais pas tout à fait. Une version plus audacieuse, plus déterminée. Cette coupe, ce n'est pas qu'un changement d'apparence. C'est un acte symbolique. Une mue. Un nouveau départ.
Il est temps de reprendre ma vie en main. Trouver un travail, reprendre mes études, devenir quelqu'un de solide, autonome, dans un monde qui exige tant. Mais par où commencer ? Le lycée, dans ce siècle, n'est pas qu'une formalité. C'est un passage obligé pour prétendre à plus. Alors si je veux avancer, il faut faire un choix. Et vite.
Après des jours de réflexion, la décision tombe : ce sera la psychologie. Les méandres de l'esprit humain, les mystères qui poussent les gens à agir, à rêver, à aimer... Ce domaine m'a toujours fascinée. Et dans ce monde moderne si tourmenté, je veux trouver ma place, comprendre, et peut-être, apaiser. Cette idée me remplit d'une énergie nouvelle. Pour la première fois depuis longtemps, j'entrevois une direction.
Trois mois plus tard – 22 décembre 2016
Un courrier. Pas un mail ni une notification qui clignote sur un écran, mais une véritable lettre. Une enveloppe épaisse, avec un cachet de cire. Je la tiens entre mes doigts tremblants, hésitant presque à l'ouvrir, comme si le simple fait de la décacheter pourrait briser le moment.
Le sceau est celui de l'Université de Cambridge, une institution qui brille comme un joyau dans l'histoire de l'éducation. Mon cœur s'emballe. Et si ce n'était pas une bonne nouvelle ? Non. Je chasse cette pensée. J'ouvre doucement l'enveloppe et lis, les mots dansant presque devant mes yeux :
« Félicitations, Alice Liddell, nous avons le plaisir de vous informer que vous êtes admise au programme de psychologie de l'Université de Cambridge pour la session 2017. »
Les phrases suivantes se brouillent dans un mélange d'émotions. Une admission. À Cambridge. Moi, Alice Liddell, qui n'ai pas fréquenté une classe depuis... depuis un autre siècle. Littéralement. Si on m'avait prédit cela, j'aurais éclaté de rire.
La joie me submerge, mais elle est vite rattrapée par une vague de réalité. Tant de choses à faire ! La rentrée est fixée au 5 septembre 2017. Cela me laisse quelques mois pour rattraper un retard considérable. La science, la société, la technologie... un siècle et demi à rattraper en quelques mois. Et un détail crucial me fait froncer les sourcils : mes diplômes. Celui que je possède date de 1874. Autant dire qu'il ne convaincra personne. Alors, oui, il faudra tricher un peu. Mettre à jour mes papiers. Juste un ajustement mineur. Après tout, la valeur de mon esprit est réelle, peu importe les formalités.
22 août 2017 – J-17 avant la rentrée
Cambridge. Je n'arrive pas à croire que j'y suis. Les bâtiments anciens, majestueux, se dressent fièrement contre un ciel changeant, témoins silencieux des siècles passés. Et pourtant, tout autour, la ville vibre de modernité. C'est une danse entre l'ancien et le neuf, entre l'immuable et le fugace. Une danse dans laquelle, je le sens, je vais devoir apprendre à trouver mon pas.
J'ai loué un petit appartement pour quelques jours avant d'emménager dans ma résidence étudiante. Tout est prêt : mes papiers, mes affaires, et surtout, ma détermination. Aujourd'hui, je rencontre ma colocataire, Anaïs. Elle entre dans la pièce avec une assurance presque palpable. Grande – au moins 1m85 – elle se déplace avec une élégance décontractée. Ses cheveux blonds mi-longs encadrent un visage radieux, et ses yeux, d'un vert éclatant, semblent voir plus loin que l'instant.
— « Salut ! Tu sais, je bats souvent les garçons au basket et à la course, » me lance-t-elle avec un rire cristallin, brisant instantanément la glace.
Je souris, un peu impressionnée. Cette assurance, cette légèreté... À mon époque, une femme comme elle aurait été jugée, mise de côté. Ici, elle brille. Je sens une pointe d'admiration poindre en moi.
Nous partons ensemble en direction de notre chambre commune, bavardant de tout et de rien. Anaïs est solaire. Sa bonne humeur est contagieuse, et je sens que cette colocation sera agréable. Une fois installées, nous organisons nos affaires. En rangeant mes vêtements, je m'arrête un instant pour contempler la vue depuis la fenêtre. Les pelouses impeccables et les bâtiments historiques de Cambridge s'étendent devant moi.
Pour la première fois depuis des années, peut-être des décennies, je sens que je suis exactement là où je dois être. Ce nouveau monde me tend les bras, et malgré les défis qui m'attendent, je suis prête à les relever.
Un nouveau départ.
VOUS LISEZ
Alice et le Pays des Mensonges.
FantasyInspiré du jeu vidéo " Alice Retour au Pays de la Folie" À 21 ans, Alice Liddell reçoit un cadeau inattendu : un vieux coffret scellé, datant de son enfance. Ce coffret appartenait à son père, et il devait lui être remis à sa majorité, mais un drame...