" Je te veux et je t'aurai.
Appelle moi : 06. XX. XX. XX. XX"J'écrasa aussitôt le serviette entre mes mains et finit par la jeter dans la poubelle de la cuisine. Au grand désespoir de Mathilde.
- T'es vraiment pas drôle comme fille, tu le sais ça?
- Mathilde, tu penses vraiment que je vais appeler ce mec? Il m'insupporte! Je ne peux pas, c'est physique.
- Arrête, tu l'a vu 10 minutes dans ta vie, tu peux pas le juger comme ça.
- Ouais bah c'est 10 minutes de trop.
- Désolé mais sur le coup t'es conne.Je reste bouche bée à ces propos.
- Non mais accessoirement, je te rappelle aussi que j'ai un mec, et c'est pas parce que tu ne l'aime pas, que je dois le mettre de côté. Tu te prends pour qui a essayer de dicter ma vie là?
Elle se rapprocha de moi pour être au plus près, comme si elle voulait que ses mots m'atteignent en pleine face.
- Tu sais autant que moi que ton "mec", tu ne l'aime plus. T'es tellement pommé dans ta vie, t'as tellement pas de cran, que même ça t'es pas capable de te l'avouer. Putain Lou, ça fait des mois que tu vis plus, tu survis. Alors pour une fois que quelque chose d'un peu hors du commun vient te bousculer, accepte! Mais non Madame, reste sur ses principes. Bah tu sais quoi, reste dans ta détresse, dans ton néant, dans ton flou. Reste où t'es. Wow, géniale la vie que t'apprêtes à mener. Je te rappelle juste, Lou, qu'on est pas éternel. Si tu ne vis pas maintenant, tu ne le feras jamais.
T'as 23 ans, arrête d'agir et de penser comme si t'en avais 56.Ces mots sont venus s'écraser contre mon coeur comme des boulets de canon. Comme si on m'avait planter un poignard dans les tripes. Comme si on m'empêchait de respirer et que je ne pouvais que suffoquer.
J'ai n'ai rien su répondre. Elle est partie dans sa chambre et moi dans la mienne.
Les larmes ne s'arrêtaient plus de couler. Un mélange de peine et de haine. Pas contre Mathilde, mais contre moi. Parce que je savais que tout ce qu'elle venait de me balancer n'était que la pure vérité, mais que j'étais trop lâche pour me l'avouer. Mathilde avait mit des mots sur tout le bordel qui m'entoure et qui m'habite depuis des mois entiers. Même si le sentiment prédominant restait la haine, bizarrement j'avais aussi l'impression qu'on m'enlevait 100 kilos de mes épaules.
Je ne voulais plus vivre comme ça. Enfin si on peut employait le mot "vivre". Le plus juste serait de dire "Je ne veux plus survivre comme ça". Je veux vivre, pleinement. A m'en éclater les poumons, à en prendre pleins les yeux. Je veux prendre des risques, quitte à me prendre un mur, mais je veux oser.
Il était déjà 3h du matin. Je saisie mon téléphone et commença à rédiger un long texto à Matthias. Je lui ai tout dit : mon ressenti, mes peurs, mes sentiments qui au fil de temps se sont étiolés, mon envie d'ailleurs, de nouveau, ma profonde affection pour lui, sa présence importante, l'amour incontestable que je lui ai porté, les très belles années qu'il m'a offerte. J'ai conclus en disant que par respect pour lui et pour ce qu'on a vécu, on ne pouvait pas continuer ce "semblant" d'histoire, trop imprégné de routine, de lassitude et sans assez de passion et d'amour.
J'appuya sur "envoyer" avec une boule au ventre mais aussi le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait. À aucun moment je ne doutais.
La réponse arriva 20 minutes plus tard.
De Matthias -
Si je dois être honnête avec toi, ça fait quelques temps que je m'attend à recevoir ce message de ta part. J'ai eu beau faire tout ce que j'ai pu, je voyais très bien que tu n'étais plus vraiment là. On l'a encore vu ce soir. Je te mentirais si je te disais que je ne suis pas affecté, mais je pense que je m'y attendais tellement que le coup est moins douloureux à recevoir. Je suis désolé de n'avoir pas réussi à t'apporter ce que tu voulais. Je pensais réellement que tu étais la femme de ma vie. Il faut croire que je me suis trompé. Je ne te souhaite pas "beaucoup de bonheur et d'être heureuse" car tu sais très bien comme moi que ça serait des conneries. Alors voilà Lou, je te souhaite juste de vivre, et bien.Forcément les larmes à la lecture de son message n'ont pu s'arrêter de couler. J'avais l'impression de le trahir, de le laisser, lui qui avait tant fait pour moi. Mais je me consolais en me disant, que je n'aurais plus jamais pu le rendre heureux et j'espérais du plus profond de mon coeur qu'il le serait, heureux, avec quelqu'un d'autre.
Je me leva et sortis de ma chambre. Je traversa le salon et toqua à la porte de la chambre de Mathilde.
- Uhm?
- Je peux entrer?
- Bah bien-sûr.J'entra dans la chambre et me glissa sous la couette avec Mathilde.
- J'ai quitté Matthias.
Elle se releva d'un coup et alluma la lampe de chevet qui se tenait à sa droite.
- T'es sérieuse?
- Oui.
- Mais je comprends pas.
- Tout ce que tu m'a dit tout à l'heure, je ne peux pas me voiler la face, c'est vrai. Ça fait des mois que je suffoque, que je peine à respirer. J'ai plus envie de vivre comme ça.Mathilde me prit dans ses bras.
- T'es forte ma Lou, vraiment.
- Arrête de dire des bêtises.On se recoucha.
- Merci. Vraiment merci, murmurais-je à ma meilleure amie.
- Pas de ça entre nous chaton.✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨

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L'éveil
RomanceTu sais ce que c'est toi d'avoir l'impression de passer à côté de sa vie? De te voir de l'extérieur? C'est ce que je vivais. Jusqu'à ce qu'il vienne me réveiller. Credit 📸 : Tumblr