Je me rhabilla en vitesse et partie rejoindre Mathilde au salon. À peine avait-elle poser les yeux sur moi qu'elle commença à rire. Il était hors de question que je lui dise quoi que ce soit de ce qu'il venait de se passer. Ça fait des jours que je lui rabâche que je déteste ce mec !
- Ok, je comprends mieux maintenant !
- Hein? De quoi?
- Fait pas l'innocente, aller raconte moi plutôt!
- Mais que je te raconte quoi?
- Lou arrête un peu, t'as les cheveux autant en bataille que Jules qui vient de partir. T'as mis ton short à l'envers et tu portes pas le même haut de pyjama qu'hier soir. Tu crois vraiment que je dupe ?Aie, coincée.
Je finis par lui raconter la scène d'hier soir. Mathilde m'écoutait comme si j'étais Pierre Bellemare dans les Enquêtes Impossibles. Elle lançait des "ah", "oh", "mais non!" à chaque rebondissements.
- Et voilà tu sais tout, finissais-je.
- Ouais enfin bon, il me manque quand même la partie entre le moment où tu le laisse en bas avec les vigiles et le moment où je le vois sortir de ta chambre ce matin.
- Ouais bah après, il est monté, on a parlé puis il devait bosser donc il est parti voilà.
- Non mais c'est dingue de mentir comme ça!J'esquissais un sourire et Mathilde comprit qu'il ne fallait pas aller plus loin.
- Bref, reprit-elle, va falloir commencer à faire nos valises pour demain?
- HEIN?
- Bah quoi? L'avion est à 15h demain. T'as pas oublié quand même?
- N.. Non non. T'inquiète. J'allais faire la mienne là.La réalité me revenait de plein fouet. Pendant ces quelques jours je me suis totalement abandonné à cette vie parisienne et même si la rencontre avec Jules n'a pas toujours donné que des moments agréables, je me sentais bien dans cette ville. Enfin j'avais l'impression de vivre et non plus de survivre. Mon instinct me pressait de rester et ma raison me demandait de rentrer. Qu'y avait-il pour moi ici ? Je n'en savais rien et pourtant j'avais une affreuse envie de le découvrir.
Après le déjeuner, je décidai d'envoyer un message à Jules.
À Jules - Il faut que je te parle. On peut se voir?
De Jules - Tu veux déjà finir ce qu'on a commençait ce matin? Tu perds pas de temps princesse.
À Jules - Rdv à l'Eden, 15h.À 15h10, j'étais toujours seule, attablée, mon café à la main. Les minutes passèrent. Si il n'est pas là à 15h30, me dis-je, je pars et tant pis.
15h25, toujours personne.
Finalement le beau brun poussa la porte du bar à 15h27. Il balaya la salle du regard et fini par me remarquer. Il se dirigea dans ma direction et j'en profitais pour l'admirer peut-être une dernière fois. Il était vêtu d'un simple t-shirt noir qui faisait terriblement bien ressortir son bronzage et d'un bas de jogging gris. Son visage était un peu moins bleu que ce matin mais sa pommette droite était encore quelques peu gonflée.
Il déposa un baiser au coin de mes lèvres avant de s'asseoir en face de moi.
- Bon j'imagine que tu veux parler de ce matin.
- Non pas du tout. Je dois partir demain. Je prends l'avion à 15h.
- Déjà?
- À la base, c'était quelques jours pour fêter la fin des cours, rien de plus.
- A la base?
- Je me sens bien ici à Paris, je me sens mieux même. Ça fait longtemps que j'avais pas ressenti ça.Je ne sais même pas pourquoi je me confiais à lui. Je me sentais en confiance, tout simplement. Jules semblait m'écouter avec attention.
- Tu aimerais rester?
- J'adorerais oui. Mais ça risque d'être compliqué. J'ai pas de logement, pas de boulot, j'ai aucune affaires, je connais personne ici. C'est un peu risqué.
- Tu m'as moi. Ici.Il n'en fallu pas plus pour me faire vaciller à l'interieur, mais je pris soin de ne rien laisser transparaitre.
- Jules, s'il te plait, je te parle sérieusement là.
- Ecoute, je ne devrais même pas t'en parler avant que ce soit sûr mais un de mes colocs a libérer sa chambre il y a deux mois. On galère pour trouver quelqu'un. À la base, on voulait un mec, mais je peux en parler à Enzo et Thib.
- Une coloc avec 3 mecs?
- T'es pas tellement en phase de négocier bébé. C'est soit ça, soit le retour à la routine.
- Bébé? Oh s'il te plait, épargne moi tes surnoms débiles.Il se leva et vint s'asseoir à côte de moi sur la banquette, et avant qu'il ne soit tout à fait assis, il me susurra à l'oreille.
- Je sais que tu adores ça.
Les poils de mes bras se hérissèrent. Sa voix.. Je pourrais l'écouter me parler comme ça pendant des heures.
Je détourna la tête de façon à ne plus lui faire face, mais c'est lui qui de sa main chaude venu chercher ma nuque et alors que je me retournais vers lui, posa ses lèvres sur les miennes. Même si j'appréciais le moment et alors qu'il commença à mordre ma lèvre inférieur, je me retirais de notre étreinte.- Arrête putain Jules, arrête de faire ça tout le temps. Un coup oui, un coup non? Je suis pas ton jouet.
- Mais arrête d'être rigide comme ça Lou. Profite de la vie comme elle vient un peu. Arrête de te poser milles questions sur tout. On passe du bon temps ensemble et alors c'est un crime? Tu vas passer à côte de ta vie à force de penser comme ça.Il avait prononcé les mots que je savais déjà mais qui me faisaient peur. "Passer à coter de sa vie". J'étais jeune et pourtant j'avais déjà l'impression d'avoir gâcher tant d'années. Et si Jules avait raison? Si je me prenais trop la tête?
Et si c'était Jules la clé de mon lâcher-prise?

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L'éveil
RomanceTu sais ce que c'est toi d'avoir l'impression de passer à côté de sa vie? De te voir de l'extérieur? C'est ce que je vivais. Jusqu'à ce qu'il vienne me réveiller. Credit 📸 : Tumblr