J'étais resté quelques minutes pour regarder l'avion de Mathilde décoller. Cet avion où j'aurais dû prendre place. Au final je me sentais plus à ma place en restant ici, à Paris.
Ma meilleure amie avait été un peu dubitative quand je lui avais annoncé que je décidais de rester. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il pouvait y avoir pour moi à Paris, mais comme à son habitude elle supportait mon choix. Elle était surtout ravie de ma peut-être future collocation avec Jules. "Je reviens dans 6 mois, et je suis sûre que vous êtes ensemble" m'avait-elle lancée. Dans tes rêves ma grande !
Mes parents avaient accepté que je prolonge la chambre d'hôtel pendant encore quelques jours, le temps de mettre au point cette histoire de collocation. Je profita de ces quelques jours pour faire vraiment ce que je venais faire à Paris : flâner dans ses rues magnifiques, manger dans ces restaurants qui me tentaient tellement, profiter et en prendre plein les yeux. Au début de trouvais ça bizarre de tout faire seule, mais au final j'adorais me retrouver avec moi-même. Je me découvrais une passion pour la marche et pour l'écriture. J'écrivais des choses qui me passaient pas la tête, souvent ça ne voulait pas dire grand chose mais ça me faisait du bien. Je n'avais parlé à personne depuis 4 jours, excepté cette charmante petite mamie qui m'avait fait la conversation à la terrasse d'un café et qui m'avait même donné son numéro de téléphone fixe. "Si vous voulez parler un jour" m'avait-elle dit.
Mais ce soir, je n'avais pas envie de sortir. Je me retrouvais donc seule dans cette grande chambre qui était un petit peu devenue ma maison. J'en profite pour commencer une série qui me faisait de l'oeil sur Netflix depuis quelques mois.
Avant la fin du deuxième épisode, je rabattu l'écran de mon ordinateur en accompagnant le tout d'un soupire. C'était vraiment pas fameux en fait. Je jeta un coup d'oeil à mon telephone qui indiquait 21h03. Je n'avais pas eu de nouvelles de Jules depuis notre discussion au café de la dernière fois.J'hésita alors entre aller me coucher dès maintenant et lui envoyer un message. L'une des solutions me paraissaient plus raisonnables que l'autre. Et pourtant..
À Jules : Libre ce soir?
20 minutes plus tard la réponse arriva.
De Jules : Déjà occupé avec quelqu'un d'autre ;)
À Jules : Pourquoi ça m'étonne pas ? Bonne "soirée".
De Jules : 22h à ton hôtel.
Ok, je n'avais plus que quelques minutes pour me préparer. Je fonça dans la salle de bain, passa un coup de brosse dans mes cheveux et un de mascara sur mes cils. Je marqua un temps d'arrêt pour me regarder dans le miroir. J'étais vraiment entrain de me faire belle pour un mec que trouvais particulièrement con et insupportable? J'étais vraiment ridicule.
Je fus tirer de mes pensées par le téléphone de la chambre qui sonna.
- Mademoiselle Hera, il y a un jeune homme pour vous à l'accueil. Je peux le faire monter?
- Oui, oui allez-y. Merci beaucoup.On toqua à la porte quelques minutes plus tard. Jules était accoudé à l'encadrement de la porte, posture non chalande pour changer.
Je l'observa pendant quelques secondes, il était toujours aussi sexy.- Tu vas me proposer de rentrer ou je dois le faire par moi-même? me dit-il en haussant les sourcils.
- Euh ouais, ouais biensûr rentre.En passant à coté de moi, Jules posa sa main sur ma hanche et me fit un bisou sur la joue. Ça recommence ce petit jeu.
Jules était déjà assis le canapé alors que je refermais la porte. J'alla m'asseoir à ses côtés, les jambes rabattues comme ma poitrine.
- Pourquoi tu voulais savoir ce que je faisais alors?
- J'en sais rien, j'avais pas envie d'être seule ce soir. Mathilde est partie et tu es la seule personne que je connaisse dans cette ville.
- Et c'est tout?
- Comment ça c'est tout?
- C'est pas mon terrible sex-appeal et mon visage d'ange qui t'ont donné envie de me voir?Je ne pouvais m'empêcher de rire à ses propos et de lui donner une petite tape sur l'épaule.
- Ah non je sais! Tu voulais reprendre ce qu'on avait commencé la dernière fois c'est ça?
Son petit clin d'oeil me fit fondre mais ses mots rendirent mes joues rouges.
Il passa son bras derrière ma nuque et m'attira vers lui.
- Tu rougissais moins sur le moment hein.
- Oh c'est bon on a compris !Il rigolait avec moi et je me sentais bien prêt de lui.
- Alors t'étais vraiment avec une meuf là?
Son sourire me suffisait comme réponse et je me dégageais de ses bras.
- Tu me dégoûtes !
- C'est bon je me suis douchais après!Je me leva d'un bon du canapé et lui fit face.
- Mais t'es sérieux?
- Je savais pas qu'on avait une relation exclusive princesse.
- Très drôle! Non mais je suis pas une deuxième partie de soirée.
- Mais c'est toi qui m'a appelé Lou!Il n'avait pas tord. C'est moi qui voulait qu'il soit là, mais ça m'énervait de savoir que 20 minutes avant il était avec quelqu'un d'autre. Je décidais de couper court à la conversation.
- Bref. Tu as mangé? Sinon on commande un truc?
- On peut commander oui, je connais un chinois pas très loin et vraiment très bon. Tu me laisses commander?J'acquiesça et Jules se dirigea vers la chambre pour passer le coup de fil. En l'attendant je me décida à profiter de la fraicheur de la nuit sur la terrasse. On voyait les étoiles cette nuit là, incroyable pour un ciel parisien. Accoudée à la barrière, un franc sourire m'échappa. Les bruits de la ville, les lumières, les gens en terrasse dehors, la douceur de la nuit. Tout me rendait heureuse d'être là, et je crois que jamais je n'avais été aussi certaine que je faisais ce qu'il y avait de meilleur pour moi.
- T'es belle quand tu souris.
Sa voix me surpris et je sursauta. Jules venait de se placer à côté et moi et ce n'est qu'au bout de quelques secondes que je réalisa ce qu'il venait de me dire.
- Tu fais dans la gentillesse toi maintenant?
- Pourquoi tu te sens toujours obligé d'être sur la defensive comme ça?
- Je suis pas sur la défensive, je suis étonnée.
- Je crois que pas une fois je t'ai entendu avoir un propos sympa envers moi.
- J'en ai jamais eu l'occasion aussi.Il souri.
- Ok, tu marques un point. Mais il va quand même falloir que tu m'expliques.
- Que je t'explique?
- Oui que tu m'expliques pourquoi tu es comme ça. J'ai du mal à te cerner Lou. J'ai l'impression que tu caches quelque chose, un mal être ou quelque chose du genre. Je sais pas. Quand je te regarde, je vois pas une fille heureuse. Je vois quelqu'un de nostalgique, de morose. Comme si on t'empêchait de vivre.Ces quelques mots avaient suffit à faire monter quelques larmes au bord de mes yeux. Il avait encore touché un point sensible et le pire, c'est qu'il avait raison sur toute la ligne.

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L'éveil
RomansaTu sais ce que c'est toi d'avoir l'impression de passer à côté de sa vie? De te voir de l'extérieur? C'est ce que je vivais. Jusqu'à ce qu'il vienne me réveiller. Credit 📸 : Tumblr