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Jules partit aussitôt du bar sans un mot de plus. De toute façon que pouvait-il rajouter de plus? En quelques mots, il avait définit la situation comme personne n'avait osé le faire en face de moi auparavant.

Il fallait que je me prenne en main, que je me bouge, que je me réveille, que je lâche prise et que je fasse enfin ce que mon instinct me dictait. Et aujourd'hui, à ce moment précis, mon instinct de dicter de rester à Paris, comme si quelque chose m'y attendait. Sans attendre, je saisis mon téléphone dans mon sac et composa le numéro de la maison.

- Allô?
- Maman, c'est moi c'est Lou.
- Ah ma chérie! Comment tu vas?
- Super et vous?
- Ça va, ton père est dehors, il jardine un peu.
- D'accord.

Pendant quelques minutes, j'hésitais à lui annoncer mon choix. J'avais peur de sa réaction. J'étais fille unique et nous avions une relation très forte avec mes parents. Les abandonner comme ça, je craignais qu'ils ne le prennent mal.

- Maman, j'aimerais te parler de quelque chose.
- Ouhla, je crains le pire là. Qu'est-ce qu'il se passe ma chérie?
- Voilà, en fait, j'aimerais rester sur Paris.
- Mais il n'y a aucun problème chérie, on peut prolonger la chambre d'hôtel de quelques jours. Mathilde aussi reste avec toi?
- Non maman, tu n'as pas compris. J'aimerais rester pour y vivre. Définitivement.

De l'autre côte du fil, je sentais ma mère aussi dubitative qu'inquiète.

- Mais comment ça y vivre? Tu ne peux pas tout quitter comme ça. Et Matthias, et tes amis et tout ça?
- Je ne suis plus avec Matthias maman. Puis, je viens de finir ma dernière année, j'ai mon diplôme en poche et tu sais que les offres d'emplois dans ma branche sont beaucoup plus attractives à Paris qu'en province. Puis, avec le train, je pourrais rentrer souvent vous voir, et vous pourrez venir aussi.
- Comment ça tu n'es plus avec Matthias? Lou, je ne te reconnais pas là. En 3 jours, on dirait déjà que tu as complètement changer de vie.
- Non maman, c'est pas ça. C'est juste que je me sens vraiment bien ici, je me sens moi. J'ai l'impression de m'être trouvée. Et tu sais que ça fait un moment que tout cela me pèse. Paris, c'est comme si on m'enlevait 10 kilos des épaules. Ça m'a libéré.
- Je vois ma chérie et je comprend ton ressenti. Mais tu es sûr que tu ne réfléchis pas sur un coup de tête? Et puis tu as pensé à ton logement? En trouver un là-bas à des prix raisonnables c'est un casse-tête.
- Oui je sais, et d'ailleurs, Mathilde a un ami ici qui est en colocation avec 2 amis à lui. Une chambre s'est libéré dans leur appartement et il m'a proposé cette solution.

J'étais oblige de mentir et de faire passer Jules pour un ami de Mathilde, car si j'annonçais là maintenant à ma mère que je voulais aménager avec un quasi inconnu, elle m'aurait fait mettre dans un avion direction la maison illico presto.

- Bon alors voilà ce que je te propose. Ton père et moi allons monter sur Paris, je veux que nous en discutions de vive voix. Et surtout, surtout, je veux rencontrer cet ami là. Hors de question que je laisse ma fille habiter avec n'importe qui.
- D'acc, d'accord! C'est comme vous souhaitez. Si ça peut vous rassurer, on fait ça.
-Bon déjà, je vais en parler à ton père puis je vais voir au travail si je peux poser quelques jours. Je te rappelle quand j'en sais plus d'accord.
- Ok, super !
- Super ma chérie, bon alors je te dis à très vite.
- Attend Maman!
- Oui?
- .. Je t'aime, merci d'essayer de comprendre.
- Les mamans sont là pour ça mon ange. Je t'aime aussi.

Une bonne chose de faite, il ne me restait plus qu'à convaincre complètement mes parents avant de pouvoir toucher du doigt ce nouveau projet de vie.

Je me réjouissais déjà tellement que j'en oublié le principal : il fallait que je fasse avaler à Jules l'idée d'un dîner avec mes parents.

Et entre mes parents et Jules, quelque chose me dit que les plus compliqués à convaincre, ne sont pas forcément ce que l'on croit..

L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant