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Presque une semaine que je n'avais pas vu mon Taehyung, que je n'avais pas de contacts avec lui. J'espérais qu'il vienne parfois à la sortie de mes cours, mais en vain. J'avais eu une courte journée scolaire aujourd'hui et j'étais enfermé dans ma chambre. Je ne voulais rien faire. Mon uniforme avait laissé place à un pyjama en pilou-pilou, signe que je comptais ne rien faire de ma journée. Je grognais dans mon oreiller en entendant la porte s'ouvrir.

« -J'ai déjà dit que je ne voulais pas de gâteaux, maman ! »

Je soupirais fortement en gardant ma face dans le coussin moelleux. J'entendis la porte se refermer et c'était tant mieux. Cependant, je sursautais un peu en sentant une main se déposer dans mes cheveux. Je plissais le nez en me redressant sur les coudes. Ce n'était pas la main de ma mère, non. C'était belle et bien celle de Taehyung, qui ne m'avait pas touché depuis environ une semaine. Je souris doucement en voyant alors son visage et me redressai, assis sur mon lit désormais.

« -Sexy le pyjama. »

Je fronçai les sourcils et jurai intérieurement. Je n'avais absolument pas prévu qu'il vienne chez moi aujourd'hui. Je tapai son épaule en me levant de mon lit et en me dirigeant vers l'armoire pour me changer. C'était sans compter l'aide de Taehyung qui m'entoura la taille de ses grands bras. Foutus grands bras musclés.

« -Reste comme ça, j'aime bien.

-Pourquoi t'es là, enfoiré. »

Je tapais ses mains pour qu'il me lâche, en vain. Il resserra même sa prise sur moi et embrassa ma tempe de ses lèvres qui m'avaient tant manqués. Intérieurement, je me sentais bien dans ses bras. Mais non, je n'allais pas lui avouer.

« -Tu sais... Ton père cherche quelqu'un doué en dessin... Tu devrais vraim-

-Continue un seul mot de ce que tu t'apprêtais à dire et tu seras dans l'incapacité de faire des gosses.

-Ca tombe bien, je n'en veux pas. »

Je soupirais, il m'énervait mais qu'est-ce que je l'aimais ce grand gamin. Je m'extirpai de ses bras et lui sourit tendrement avant de lui asséner une baffe sur la joue. Peut-être qu'il comprendra ainsi. Je ne veux pas travailler avec mon père. Je partis directement vers mon bureau pour attraper mon carnet de dessins et le jetai dans un des tiroirs. Je ne voulais pas dessiner pour quelqu'un qui ne croyait pas en moi.

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Taehyung ne pouvait pas rester longtemps, mon père allait bientôt rentrer et je ne pense pas qu'il soit heureux en voyant son fils puni avec son copain. Il était parti en coup de vent, ayant bien compris que je n'avais pas l'intention de travailler dans l'entreprise de mon père. J'étais de nouveau dans mon lit, allongé avec la tête dans l'oreiller. La porte s'ouvrit encore une fois et je la relevai rapidement. Taehyung ne pouvait pas rester loin de moi trop longtemps, je le savais.

La déception fut rude en voyant mon père dans l'encadrement de la porte. Je soupirai longuement en replongeant ma tête dans le coussin, en espérant m'étouffer dedans par la même occasion. Je l'entendais crier, s'énerver contre moi pour je ne sais encore quel motif. C'était devenu une sorte de routine désormais. Lorsqu'il s'en alla, j'en conclus que moi aussi je devais partir. Je me changeais pour enfiler un jogging et une veste bien chaude, agrafant mon bonnet rouge sur mes cheveux sombres, chaussant mes célèbres chaussures.

Mes pieds m'emmenèrent vers les escaliers, je les dévalais rapidement, j'ouvris la porte d'entrée en entendant encore une fois les cris de Papa Jeon.  Je me reculais de quelques pas pour attraper mon portable laissé à l'abandon sur le meuble de l'entrée. Et je fuis. Les bus passaient encore, heureusement. Je fus rapidement devant l'immeuble de Taehyung.

Je toquais à la porte. Une tête blonde l'ouvrit à la volée. Ne me croyez pas assez fou pour aller chez le gars qui me sert de copain. Il me tuerait probablement s'il savait que je m'étais enfui de chez moi. Je souris légèrement à Jimin en me passant une main dans la nuque, gêné.

« -Hm... Tae n'est pas chez toi ?

-Non. Pourquoi, il n'est pas chez lui ?

-J'en sais rien. Tu peux m'héberger pour ce soir, dis ?

-Qu'est-ce que t'as encore foutu, fils à papa.

-Ta gueule. »

Je poussais Jimin pour entrer dans son appartement. Je ne voulais pas risquer d'attendre plus dans le couloir et, qu'au même moment, un Taehyung sauvage apparaisse. Je me laissais tomber dans le canapé mais me redressais rapidement en sentant des jambes sous mon crâne. Depuis quand Jimin avait des amis, lui ? Je voulus le rejoindre dans la cuisine mais je l'aperçu au téléphone. Ne me dites pas que...

« -J'en sais rien. Il est dans le salon, là. Tu t'es disputé avec ? »

Je raclai ma gorge pour montrer ma présence et foudroyai le jeune homme des yeux. Je m'avançai vers lui pour lui prendre son portable des mains et raccrochai au nez de mon copain. Grave chiant il était celui-là. Je ne me bernai pas d'illusions, je savais qu'il débarquerait chez Jimin.

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« -Tu m'expliques ce que tu faisais chez Jimin alors que tu devrais être chez toi, à cette heure-ci ? »

C'était difficile de répondre à Taehyung lorsqu'il était ainsi. Il avait revêtu son masque froid et laissait place à un homme grand, sûr de lui, qui vous écrasez par le poids de son charisme. Je ne pouvais que baisser la tête mais, par une poigne assez dure, il prit son menton entre ses doigts pour m'obliger à le regarder. Comme ça, il pouvait presque me faire penser à mon père.

J'écarquillais les yeux face à cette pensée des plus ignobles. Je suis reculais dans le canapé pour qu'il soit contraint de lâcher mon visage. Je l'entendis soupirer et il sortit son portable de sa poche pour je ne sais quoi faire. J'en profitais pour le lever du canapé mais, trop rapidement pour moi, il me repoussa. Mes doigts avaient attrapé son long manteau noir, qu'il n'avait toujours pas pris le temps de retirer et il tomba sur moi. Je souris tel un ange et encerclais sa nuque de mes bras.

« -Désolé. J'avais juste besoin de sortir du cercle familial, je pense. »

Il soupira encore une main et je le lâchais. Il m'emmena dans la chambre sans un mot de plus et m'ordonna de dormir. Apparemment, je créais des problèmes en venant ici et j'aggravais la situation. Je me sentis mal.

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Un poids écrasait ma poitrine, mes poumons me faisait mal, je peinais à respirer convenablement. J'avais terriblement chaud mais j'avais froid en même temps. Plongé dans le noir, j'étais dans l'incapacité de reconnaître quoi que ce soit. Je posais une main sur mon thorax, enfin... J'essayais. Mes membres ne me répondaient plus. Je paniquais.

« -Tu sais, ce que ça fait, toi, que d'être noyé ? »

Je secouais la tête : non.

« -Tes poumons se remplissent d'eau. »

J'avais mal.

« -L'air n'existe plus. »

Ma gorge se bloqua.

« -Tu essais d'ouvrir la bouche. »

C'est ce que je fis.

« -Mais il est déjà trop tard. »

Je me redressai sur le lit, les yeux ouverts, sûrement injectés de sang. J'étais en sueur, complètement trempé. Mes jambes battaient l'air dans le vide pendant quelques secondes. Aucun mot, aucun cri, aucun son, ne parvint à sortir d'entre mes lèvres. Il fallu que je sente une main douce sur mon dos pour qu'enfin, mes poumons se regonflent. Je souffrais, je sentais mes lèvres craquées du bout de ma langue. J'avais froid.

Une main caressa doucement mon front et je plissai le nez, fermant fortement les yeux. J'avais l'impression de mourir. Je sentis un torse contre moi, ma tête s'échoua dessus. J'entendis le rythme régulier d'un cœur : certainement pas le mien. On me chuchotait quelques trucs à l'oreille mais je n'entendis que de vagues bourdonnements.

Il paraît que lorsqu'on nage trop profondément, on aura toujours beau essayer, il nous sera impossible de remonter.

(2) Le Mois de janvier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant