Un an, un mois et un jour. Il n'était habituellement pas ce genre de personne à compter les jours. En vérité, il était plus de ceux qui se disaient vivre aux jours le jour. Pourtant, depuis cette date,il comptait. Il ne comptait pas que les mois, que les jours, en vérité il comptait aussi les heures. Jamais il n'avait trouvé le temps si long. L'expression « avoir le temps devant soi »prenait dorénavant tout son sens. Comment aurait-il pu imaginer un jour tuer son temps ainsi ? D'ailleurs qu'est-ce que le temps lorsque l'on est voué à être aussi bas.
« Je ne regarde jamais mon passé. »
Il l'avait fait. Il venait d'avouer une de ses plus grandes peurs. Il avait peur, terriblement peur, du passé. Celui-ci resurgissait dans son esprit bien trop souvent et contre son gré. Lorsque l'on a un passé qui s'avère être douloureux, nous ne le regardons pas.
« Pourquoi ? »
Cette question, ce mot interrogatif, il l'entendait bien trop souvent à son goût. A vrai dire, elle le lui posait à chaque séance. Et à chaque séance, il ne m'était que quelques dixièmes de seconde pour y répondre.
« Je n'aime tout simplement pas ça. »
C'était une réponse simple et qui n'en dévoilé pas trop. Ce genre de réponse, bien trop banale pour son interlocutrice, il les utilisait constamment. Il se réfugiait dans la simplicité afin d'oublier la complexité de sa vie actuelle.
« Vraiment ? »
Bien sûr que non. Il aimait juste un peu trop son passé. Il l'avait tellement aimé qu'il le détestait désormais. Alors, il préférait mentir plutôt que de s'avouer vaincu par celui-ci.
« Oui. »
Elle,elle voyait très bien que son patient lui mentait. Il lui mentait ouvertement sans aucun scrupule et elle comprenait. Elle comprenait que son passé l'avait fragilisé. Elle comprenait qu'il puisse haïr sa vie d'avant qui lui procurait tant de bonheur. Une vie bien loin désormais.
« Personnellement,je pense que les personnes qui ne regardent pas leurs passés, voir jamais, ne peuvent pas avoir un avenir meilleur. »
Elle se détrompait ; du moins il l'espérait. Il l'espérait tellement fort.
« Si vous ne regardez jamais dans le rétroviseur, un accident sera provoqué tout comme si vous ne regardez que le rétroviseur. Il faut avoir un juste milieu. »
Un juste milieu ? Pouvait-il en avoir un ? A vrai dire, il préférait tout simplement ne penser à rien. Juste être un homme de plus dans l'univers à airer sans but.
« Alors,disons juste que je vis simplement l'instant présent. »
Le présent était pourtant si dur à définir et varié d'une personne à l'autre. Comment un homme sans but dans sa vie pouvait-il parler de présent ?
« Peut-on vraiment parler de présent ? »
Osée.Elle avait osé poser la question à son patient attendant une réaction de sa part. Elle eut une réponse immédiate qui ne la satisfait qu'à moitié.
« Pour moi, oui. »
Pourtant,pour elle on ne pouvait décidément pas en parler.
« Il file à toute vitesse. »
Il comprenait parfaitement le point de vue de son interlocutrice et l'avait partagé, il y a quelques années.
« C'est juste le moment où l'on se concentre sur une seule et même chose. »
Il l'avait expliqué. Il venait d'expliquer sa propre définition du présent. Une définition simple mais efficace qui convainquit sa psychologue.
« Donc,notre discussion est dans l'instant présent ? »
Elle l'était, on ne pouvait en douter. Elle regardait l'homme assis en face d'elle attendant une réponse de sa part. Une réponse simple et efficace.
« Oui,tant qu'elle ne se termine pas. »
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THE END
FanfictionLa promesse d'un jour meilleur le fait avancer. -Je ne regarde jamais mon passé. - Pourquoi ? - Je n'aime pas ça.