CHAPITRE 8

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     Même si sa fin approchait, il ne pouvait le nier. Il avait peu à peu pris goût à venir la voir. Bien sûr, au début ce n'était qu'une psychologue, mais ce n'était plus le cas.

« J'aime venir ici. »

     Il avait appris à déchiffrer ses réactions face à ses aveux. Il avait appris à parler de lui sans complexe. Il aimait être ici, à lui dévoiler sa vie.

« Pourquoi ? »

     Il en était même venu à aimer ce mot interrogatif qu'il détestait tant. Ce mot interrogatif qui s'échapper régulièrement des lèvres de la jeune femme.

« Pour vous. »

     Plus de secret. A quoi bon sortir des mensonges quand il nous reste si peu de temps à vivre. Alors il jouait la carte de la sincérité. Et peu importe si cela la choquerait.

« N'avez-vous pas mieux à faire ? »

     Elle était flattée. Mais pourquoi lui dire une telle chose ? Sa question, malgré qu'elle en connaisse la réponse, du moins partiellement, avait du sens.

« Non. »

     Elle imaginait toutes les choses qu'il devait faire avant de partir. Et même si elle ne le voulait pas, même si elle se refusait à ressentir cela, elle aimait savoir qu'il n'avait rien à faire. Elle aimait savoir que ses derniers instants étaient passées au près d'elle.

« Vous ne serez bientôt plus de ce monde. »

     L'un comme l'autre en était conscient. Elle avait juste eu le besoin de le dire. Sans doute espérait-elle que le jeune homme change d'avis.Sans doute avait-elle trop d'espoir.

« Je sais. »

     Il ne changerait pas d'avis. Jamais. Son choix était prit. Il n'était pas de ses hommes renonçant une fois devant le fait. Certes, il était lâche mais il irait au bout de son choix, il ne reculera pas.

« Perdre votre temps ici, alors que... »

     Ellen'avait pas pu finir sa phrase. Gérer ses émotions étaient bien plus dur que prévu. Elle ne pleurait pas, elle était juste profondément meurtrie.

« Je n'ai rien à faire à l'extérieur. Je suis bien mieux ici. »

     Que pouvait-il faire à l'extérieur ? Il préférait tout simplement être là dans cette pièce accompagné de cette jeune femme.

« Cinq jours. »

     Elle le savait. Elle savait qu'elle ne devait pas compter les jours restants, pourtant elle ne pouvait s'en empêcher.

« Je sais. »

     En vérité, il ne prenait pas le temps de compter ; car elle, le faisait. Il s'en voulait pour cela mais ne pouvait rien y faire.

« Quand aura lieu notre rendez-vous ? »

     Cela faisait plusieurs heures qu'elle y réfléchissait. Elle réfléchissait à des choses bien futiles à vrai dire. Comment s'habillera-t-elle ? Pour qu'elle maquillage optera-t-elle ?

« Êtes-vous pressée ? »

      Il avait demandé cela sur le ton de la rigolade pour que le sujet soit moins pesant.

« Non. »

     Qui serait pressé dans une telle situation ? En vérité, elle avait peur de ce moment là. Terriblement peur.

« Le jour même. »

     Elle serait donc la dernière personne à lui avoir parlé. Sans aucun doute la dernière personne à avoir fait attention à lui. A l'avoir regardé avec intérêt.

« Aurai-je le droit de me sentir coupable? »

     La culpabilité serait présente. Peu importe sa réponse elle ne pourrait pas lutter contre elle, malgré ses multiples efforts.

« Non. »

     Il se sentait déjà assez coupable. Elle ne l'avait pas à l'être.

« Un de plus. »

     Elle l'avait dit faiblement, espérant qu'il ne l'avait pas entendu. Jaewon avait de bonnes oreilles.

« Combien avez-vous perdu de patients ? »

     Bien trop à son goût. Juste savoir qu'elle avait déjà perdu des patients été douloureux. Mais c'était la fois de trop.

« Deux. »

     Elle avait tellement espéré que cela s'arrête à deux, comme elle avait espérait que le premier soit le dernier. Mais la vie ne le voyait pas ainsi.

« Jamais deux sans trois. »

     Il n'aimait pas ce genre d'expression. Elle non plus.

« Malheureusement. »

     Il espérait de tout cœur à être le dernier. Elle avait encore l'infime espoir qu'il renonce, c'était peine perdu.

« Vous faites du bon travail. »

     Il ne pouvait rien faire à part la rassurer. Il voulait lui faire comprendre qu'elle faisait du bon travail et qu'elle n'était en rien coupable de sa décision.

« J'en doute. »

     Elle était en droit de douter. Un troisième patient qui s'envole. Elle ne supportait pas cette idée.

« Nous réfléchissons sans doute trop. Vous ne pouvez rien y faire. »

     Elle ne pouvait pas contrôler les pensées sombres de ses patients.Lorsqu'ils étaient seuls sans aucun piliers pour les maintenir debout, elle faisait de son mieux lorsqu'ils étaient dans son cabinet.

« Ça me désole. »

     Il pouvait lire toute la tristesse à travers les yeux de cette femme.Il ne pouvait rien faire, juste la consoler.

« Ne soyez pas triste. »

THE ENDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant