THE END

CHAPITRE 9

Les jours deviennent courts pour l'un, long pour l'autre. Un cœur va s'envoler tandis qu'un autre va se briser. Et aucune des deux personnes ne pouvaient faire quoique ce soit face à cet événement.

« Trois jours. »

Lui aussi avait commencé à compter, un peu malgré lui.

« A quoi pensez-vous ? »

Dans un moment pareil, les personnes ont en générale une multitude de pensée. Il n'était pas une personne comme les autres, il était de ceux qui ne pensent qu'à une seule et même chose.

« A ma future liberté. »

Associer le suicide à la liberté était une chose normale. Plusieurs de ses patients le voyait ainsi. Elle, ne voyait que la douleur, futur, des personnes les entourant.

« Avez-vous toujours vu le suicide ainsi ? »

Pourquoi les hommes pensent-ils être seuls lors de ce moment ? Pourquoi ne se rendent-ils pas compte du mal qu'ils font en se retirant la vie ? Nous ne sommes jamais seuls. Elle détestait cette forme de lâcheté, même si elle l'a comprenait, paradoxalement, parfaitement.

« Seuls les lâches ont recours au suicide. »

Il était conscient de ce point là. Il était conscient qu'il allait mourir comme un lâche. Pourtant cela ne le dérangeait pas, l'idée avait fait son nid dans sa tête.

« Êtes-vous un lâche ? »

La réponse fut brève et immédiate.

« Oui »

Elle n'aimait pas que ces patients se voient ainsi. Leurs trouvant toujours des excuses.

« La société vous a juste détruit. »

Malheureusement, la société détruit bien plus de monde qu'on ne peut le croire. Jaewon est juste une victime de plus, une victime parmi des millions, des milliards de victime de cette société perfectionniste.

« Il a eu raison de moi. »

Elle commençait à penser que celle-ci avait eu aussi raison d'elle.

« Ne dites pas ça. »

Pourquoi mentir ? Pourquoi cacher la vérité derrière le mensonge, lorsque l'on en est conscient ?

« C'est pourtant la vérité. »

One, le jeune homme vivant dans un monde idéalisé n'existait plus, Jaewon, l'homme se prenant la vérité de pleine face, avait pris sa place.

« J'en suis désolée. »

Cette impression de s'excuser sans arrêt ne lui plaisait pas. Elle voudrait pouvoir lutter contre cela mais il n'y avait aucun moyen de le faire.

« Après-demain. »

Changer de sujet était la meilleure des choses à faire selon lui.

« Notre rendez-vous ? »

Ce fameux rendez-vous l'a stressé plus qu'autre chose. Sans doute car celui-ci signé l'arrêt d'une période agréable.

« Oui. »

Lui n'attendait que ça. Vivre les derniers instants de sa vie en espérant qu'ils soient à la hauteur d'une fin de vie.

« Votre dernier jour. »

Devrait-elle arrêter de compter les jours ? Elle ne pouvait s'en empêcher. Le fera-t-elle une fois tout finie ?

« Un dernier jour heureux. »

Il venait de rajouter cela avec un léger sourire sur les lèvres. Un sourire se dessina sur le visage de la psychologue.

« Je ferais en sorte que ce soit le cas. »

Jaewon eu un sourire si sincère et déformé à la fois. Il était reconnaissant de cette femme qui rendait ses derniers jours si beau et agréable.

« Devrais-je avertir de votre disparition ? »

Pourquoi posait-elle cette stupide question ? Elle ne savait pas. Peut-être en avait-elle besoin pour se rendre compte de son futur bien fade et désagréable.

« Après deux séances manqués. »

Soit deux jours. Deux jours sans aucun patient à cette heure -ci. Une éternité sans personne face à elle à cette heure-ci.

« Très bien. »

Un silence s'installa dans la pièce. Jaewon regardait la femme face à lui. Une femme avec la tête baissée, cherchant ses mots, sa voix.

« Comment... »

Sa voix eut du mal à sortir, les mots ne venant pas. Elle contrôlait du mieux qu'elle le pouvait ses émotions.

« Comment sera-t-elle, votre fin ? »

Elle posait enfin la question. Il avait beaucoup réfléchie à cela. Pesant le pour et le contre de chacune des manières, optant sans aucun doute pour la plus courante, mais surtout pitoyable. Une méthode montrant toute sa fragilité. Une overdose.

« A base d'alcool et de somnifères. »