CHAPITRE 6

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     Sa vie prenait un mauvais tournant, il le savait. Il devait le montrer,lancer un SOS pendant qu'il en était encore temps. Toutefois, il ne savait pas s'il souhaitait être sauvé. Tout ce qu'il savait c'est qu'elle devait être mise au courant, elle devait le savoir.

« Je suis perdu... »

     Perdu.Il utilisait bien trop souvent ce verbe, de plus en plus pour tout dire. Sans doute, garderait-il que ce simple mot pour se définir.

« Vous me l'avez déjà dit ? »

      Sauf que cette fois-ci, c'était son signal, son appel au secours. Voilà toute la différence, qu'elle ne percevait pas.

« Alors disons que je le suis un peu plus de jour en jour. »

     Plus les jours passés, plus il se faisait peur. Il se faisait terriblement peur.

« Je peux avoir un peu plus de précision. »

     Des précisions ? Une seule lui venait en tête. Un constat agréable mais si affligeant.

« Venir ici devient une habitude plaisant et horrible à la fois. »

      C'était désolant. Tellement pénible de se dévoiler ainsi. Elle voyait bien à quel point c'était difficile pour lui. Cette révélation, elle la nota dans un coin de son carnet.

« Pourquoi utiliser ses adjectifs ? »

     Elle pensait à une réponse qu'elle avait déjà pu entendre mais rien n'apparut. Elle s'imaginait un : « Parce que je vais mieux mais que je suis tout de même obliger de venir. ». Une réponse à l'opposait de celle de Jaewon.

« J'aime vous parler. Je déteste savoir que je suis un patient. »

     Elle fut étonnée de cette réponse qui ne lui plaisait qu'à moitié.Elle appréciait savoir que, comme elle, il prenait du plaisir à lui parler. Mais elle n'aimait définitivement pas la deuxième partie.

« Pourquoi ? »

     Encore ce mot interrogatif. Cependant, cette fois, elle avait eu peur de le poser mais ne trouvant rien de mieux, elle l'avait fait.

« Je vais mal. »

     Après plusieurs séances, elle sentait bien que cela ne s'arrangeait pas.Elle avait vécu cela deux fois, elle prenait peur.

« A quel point? »

     Elle redoutait la réponse. Elle avait posé cette question car elle le devait, c'était son métier. Pourtant, elle s'en saurait bien passé.

« J'ai fixé un peu trop longtemps mes somnifères ce matin. »

     Jamais.Jamais elle n'avait pensé à demander s'il prenait des médicaments.Tout comme les deux premières fois. Elle s'en voulait désormais.Mais tout comme bon psychologue, elle restait impassible face à cette révélation.

« Qu'avez-vous pensé ? »

     Elle connaissait la réponse. Bientôt, elle l'entendrait pour la troisième fois. Elle vivrait cette conversation pour la troisième fois. Elle faisait de son mieux pour ne rien montrer pourtant son cœur se comprimait douloureusement dans sa cage thoracique.

« Que c'était un avenir meilleur. »

     Tous les trois avaient pensés à l'avenir. Eux qui ne pensent pas une seule fois à celui-ci l'imagine dans le pire des moments.

« Vous avez pensé à l'avenir ? »

     Et encore une question déjà posé aux deux hommes et maintenant à lui. Il ne savait pas ce qu'il faisait. Elle comprenait. Elle voulait répondre à cet appel au secours. Elle voulait réussir à répondre à temps.

« Pas de la bonne façon. »

     Personne ne pense à l'avenir de la bonne manière lorsqu'il pense un peu trop à ses médicaments.

« Pourquoi ne l'avez-vous pas fait? »

     Peut-être que cette réponse ne serait pas similaire. Peut-être dira-t-il autre chose que « Je sais pas. » ?

« Je ne voulais pas être en retard pour venir ici. »

     Il avait menti. Elle le savait. Elle trouvait ça légèrement mignon de sa part. Cette sensation s'évapora aussi vite qu'elle était arrivé,elle ne devait pas rester. Elle se refusait de ressentir une telle chose.

« La vraie raison ? »

    En dessous d'un mensonge, se trouvait toujours la vraie raison. Celle douloureuse que l'on ne veut pas dire à vive voix.

« Un espoir. Un infime espoir. »

THE ENDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant