Une rose dans le sable

UN MONSTRE BANNIT

Demain, je serais officiellement bannie. Après un an de torture, je ne suis plus d'aucune utilité pour la reine . Comme je suis la fille de l'ancien roi, elle ne peut pas me tuer comme elle le voudrait. L'exil est légal pour tous les criminels de l'empire. Je suis accusée de complicité dans l'affaire de l'attentat qui y a eu lieu au palais et je suis considérée comme la plus grande criminelle du pays .

La reine en a fini avec moi, elle veut ma mort mais préfère me voir souffrir jusqu'à mon dernier souffle. En m'expulsant de la cité Agora je serais livrée à moi même. Les déserts d'alcabase sont les lieux les plus dangereux du pays ou les rebelles et les criminels font la loi. Comment peut elle m'envoyer la bas, comment cette femme, ma mère ; veut autant me voir souffrir ?

Pendant un an je n'ai pas vu le ciel, je n'ai pas senti la chaleur ni l neige, non ma vie se résumait aux sous sols du palais .Je me laissai mourir dans ma prison et ma haine envers la reine me consumait pendant les séances de tortures.

Mais je réalise que j'aurais préféré mourir au palais plutôt que d'affronter les individus monstrueux qui vivent à l'extérieur de la cité. Je suis épuisée et je n'aurais jamais la force de les combattre .Ma mort sera pire encore avec eux qu'avec la reine.

Je suis dans ma cellule et mes dernières larmes coulent sur mes joues , le jour se lèvera bientôt et ma mort approche plus vite que je ne le pensais. Je m'assoupie profitant de mes dernières heures de sommeil avant ma sentence.

La porte s'ouvre brusquement sur une dizaine de gardes. L'une d'entre eux s'approche de moi, et me met des menottes, deux autres me prennent par les bras et me dirige vers la sortie du palais. Je vais enfin voir le soleil, j'en ai tellement rêvé. Dehors, la lumière m'éblouie, mes yeux arrêtent de fonctionner quelques instants mais c'est un moment exaltant.Ma vision se précise et je distingue une foule de personnes qui sont à l'entrée du château et qui crient de toutes leur force « traitresse !! », « à mort!! », ca ne me  fait plus d'effet car je sais qu'aujourd'hui est mon dernier jour dans ce monde. Demain je serais surement morte de froid ou tuée par un de ces criminels.

On me pousse dans une diligence ou plusieurs autres gardes m'attendent.Ils sont si nombreux pour moi ? Ils ont vraiment cru la reine ? Que moi, si faible je pourrais vaincre un groupe de soldats formés ? C'est invraisemblable mais plus rien ne peut m'étonner venant de la reine.

- Ou est son altesse ?demandais-je

Les gardes ne prennent même pas la peine de m'écouter, ils sont silencieux et ne remuent pas d'un cil. C'en est presque inquiétant.

Alors je me recroqueville et n'ose plus prendre la parole. Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander ou se trouve la reine. Elle, devrait au contraire adorer la haine que me voue le peuple, elle en serait que plus heureuse.

Après une bonne vingtaine de minutes, la diligence s'arrête enfin.

Les gardes me tirent vers l'extérieur et je découvre que je suis en face du mur principal de la cité qui nous séparent des déserts d'alcabase. Il fait au moins vingt mètres de haut et est jonché de barbelés.je suis escortée dans un bâtiment construit dans le mur et qui contrôle l'ouverture du mur pour les prisoniers.Je suis dirigée vers une petite salle ou se trouve celle qui était pour moi ma mère, maintenant je ne vois plus d'elle que de la méchanceté et un cœur de glace.

Quand elle m'aperçoit elle me sourit, elle s'approche et m'enlace le plus tendrement possible.

- tu m'as manqué ma toute belle, je voulais tellement venir te chercher dans tes appartements mais j'ai eu un petit contretemps. Est-ce que tu me pardonnes ?

Je ne réponds rien car si je dis quoi que ce soit elle pourrait encore plus m'affaiblir et je ne souhaite pas être une loque vivante dans le désert je tient à rester en vie au moins la journée. La reine me fixe pendant plusieurs secondes et m'agrippe le menton de sa poigne de fer, elle sourit de toutes ses dents.

- Ce que tu étais belle avant, tes yeux comme la couleur du ciel juraient avec ta peau de porcelaine, tes lèvres étaient d'un rouge foncé comme une rose rouge de sang. Tes traits étaient harmonieux et tu enivrait chacun avec ta bonté naturelle.Aujourd'hui tu as changé tu étais une princesse et tu es devenue un monstre.

Elle me force à regarder au fond de la salle ou se trouve un grand miroir. Elle me fais avancer et soudain je me vois. Je ne me reconnaît pas, la personne qui se tient devant moi ca ne peut pas être  moi, impossible . Mes traits se sont creusés, mes cernes sont devenus noirs mais le pire c'est la cicatrice qui s'étire à l'horizontale ,sur toute ma joue droite, de ma pommette jusqu'à l'ouverture de ma bouche. Elle a raison je suis   venue un monstre.

- Au moins, tu fera peur à certains rodeurs ca pourrait peut être te sauver la vie, ricane la reine .Bon,  passons aux choses importantes, tu es condamnée à l'exile pour l'éternité et tu ne sera plus jamais sous la protection de l'empire. Mon successeur sera ton cousin Samir, donc tu n'a pas à t'inquiéter pour ca. Je ne pense pas que tu survivras toute une journée dans le désert mais si tu y parviens tu mourras certainement dans la nuit, les criminels sortent la nuit.

Je suis encore sous le choc de mon reflet monstrueux que je n'entends même plus ce que ma mère me reproche. Je sens que les gardes m'empoigne par les bras et m'escorte devant les portes qui permettent l'accès a l'extérieur. J'ai des sueurs froides et je commence à vraiment paniquer mais je veux rien laisser transparaitre devant elle. Je ne veux plus pleurer ou laisser échapper un sentiment qu'elle pourrait se servir contre moi .

La reine est à coté de moi et regarde la porte :

- c'est la dernière fois qu'on se voient .Je regrette de ne pas m'être débarrassée de toi plus tôt, j'aurais du t'exiler avant.Mais on va dire que j'ai eu pitié de toi. Selon le code de loi de l'empire tu  as le droit de me poser une question  et je tacherais d'y répondre  le plus honnêtement possible. Je sais c'est un peu puérile vu que tu n'as absolument rien à me demander, rie la reine.

- En fait si, j'aurais une question dis je d'une voix prudente

_ Ah oui, voila qui est intrigant, je t'écoute dit elle

- Avez vous volé  ces plans pour me faire porter le chapeau, êtes vous derrière tout ceci ?

La reine me fixe et ses yeux se rétrécissent. Sa bouche se déforme en un rictus diabolique et commence à hurler de rire .Puis  elle s'arrête et la cruauté se lit sur son visage. Ses yeux noirs corbeaux semblent encore plus maléfiques que d'habitude.

- Gardes ! Emmenez la !

Elle se tourne vers moi et caresse du doigt ma cicatrice, " il est temps  pour toi de partir et de ne plus jamais revenir, monstre"

Les portes s'ouvrent et je vois que du sable a perte de vue, les gardes me tirent vers la sortie et je me rend compte que la reine ne m'a pas répondu. Je la regarde à travers mon épaule et je la voie sourire de toutes ses dents.

- Vous ne m'avez pas répondu ! Dite moi ! Je vous en conjure ! J'essaye de me débattre mais la dernière chose que je vois avant de me recevoir un coup  sur la tête , c'est son regard perçant, et son rire diabolique. Je me  dit que si j'arrive à survivre dans ce désert je reviendrai et me vengerai. Je prendrai le trône quoi qu'il advienne.