Wounded

si ce n'est pas cette fois, ce sera la prochaine.

Le lendemain, 8h49min, cours d'histoire. 

Je suis comme à l'accoutumée assise au dernier rang côté fenêtre, des cernes imposantes remplissent les poches de mes yeux tandis que je me mordille nerveusement la lèvre inférieure rougie par le froid. Un tic féroce me pousse à tapoter mon talon droit successivement sur le sol d'un air mécanique; j'observe avec une attention la cours enneigée de l'établissement ayant pour seule compagnie deux élèves assez courageux pour rester dehors par ce temps. Je me remémore tant bien que mal les événements passés de la veille ce qui me fait tapoter plus fort sur le sol quand soudain un soupire plaintif me fait sortir de mes pensées:

- Mademoiselle Conagan, un problème? 

J'observe le professeur un instant ahurit, puis, je me rends compte que c'est à moi qu'il s'adresse: 

- Non, rien monsieur. Dis-je sans ménagement. Il reste un instant sans rien dire puis retourne à son cours ayant sans doute remarqué ma très mauvais humeur. Je détourne mon regard à nouveau vers la fenêtre en attendant impatiemment que cette foutue journée se termine.  Aujourd'hui Ciel n'est pas là, dans un sens ce n'est pas plus mal car je n'es  nullement envie de rire et de parler, je veux juste me changer les idées. J'ai tout un tas de questions sans réponse qui trottinent dans mon esprit; que signifient les baisers de Sony? Qu'est-ce que Davis a cherché à me dire? Et surtout, pourquoi Sony m'a t-il envoyé ce regard haineux hier soir? Toutes ces histoires dépassent mon entendement, je n'es jamais été confronté à ça, j'étais bien moi dans mon petit coin, sans rien devoir à qui que ce soit ni à m'inquiéter de la sorte, ça me dépasse. 

A midi, je ne me suis pas rendue à la cantine, je n'es pas la tête à avaler quoi que ce soit, je me suis donc rendue à la bibliothèque de l'école pour lire, ayant deux heures devant moi avant les prochains cours, je vais essayer de tuer le temps. En y arrivant, je m'installe au fond de la bibliothèque, c'est l'endroit le plus silencieux et sans une once d'être vivants. Accompagnée d'un roman à l'eau de rose, je m'affale sur le siège en soufflant: 

- Si seulement la vie pouvait être comme dans les romans. Me dis-je à moi même. 

un bruit étrange attira mon attention derrière le dernier rayon, je regarde dans la direction concernée un instant et n'ayant rien vu d'anormal, je secoue ma tête de gauche à droite comme pour retrouver un esprit plus claire. Puis un second bruit du même type cette fois plus intense se fit de nouveau entendre, dans un sursaut, je me lève doucement de ma chaise et m'avance lentement vers le bruit en question. Je suis quelqu'un de peureux donc je dois admettre que les battements de mon cœur  se sont montrés plus virulent, arrivée à la limite du rayon, j'avance timidement ma tête pour voir se qui s'y cache. Mon cœur rate un battement quand je vois Sony étalée sur le plancher le bras droit cachant ses yeux. Mais qu'est-ce qu'il fout là lui? Il n'était même pas présent aux cours du matin alors le voir ici me laisse perplexe, il a sans doute séché mais je n'espère quand même pas qu'il ait dormit ici toute la matinée. Et puis qu'est-ce que j'en ai à faire de toute manière, il fait ce qu'il veut, je n'es pas à m'inquiéter pour lui... 

Je reste tout de même là, debout, à le regarder fixement, à me voir, on pourrait dire que je suis triste. Il est si beau... Si paisible... Je baisse les yeux et me tourne pour m'en aller. Durant les cours de l'après-midi, il n'est pas venu non plus, entre temps la neige est tombé à nouveau et le froid semble s'être intensifié; j'espère juste ne pas avoir trop de difficulté pour rentrer. 

ça y est, 18 heures, la journée est finit et je vais pouvoir  enfin rentrer chez moi même si l'idée de voir ma mère mal ne me réjouis pas. Au moment de sortir de la salle, mon professeur me retient un moment pour me demander d'aller faire des photocopies à la bibliothèque, bien que je n'en ai pas la moindre envie j'exécute ses ordres et lui rend ce service. Quand j'arrive, il n'y a personne à l'accueil, ce lieu de révision semble s'être transformé en un cimetière tant le silence était à son comble. Bien, il ne faut pas que je perde du temps, plus vites les photocopies seront faites et plus vite je pourrais m'en aller! Je m'arrête un instant et regarde vers le fond de la bibliothèque, Sony n'y es plus, il doit être déjà partit depuis belle lurette. Je mets en marche la photocopieuse et attends devant celle-ci passivement, je me retourne et m'appuis sur le bureau tout en passant ma main derrière mon cou. Quand je relève les yeux, une silhouette familière se tient à quelques mètres de moi; Sony Weavers.