Wounded

Piégée.

Le temps, il ne peut être cerné et encore moins contrôlé... Le temps peut parfois me paraître si long et à l'inverse tellement court, tellement incertain. Voilà ce à quoi j'ai songé à mon réveil. Combien de temps ai-je dormi? Combien de temps s'est écoulé après ma perte de conscience? Je peine à me redresser et je me sens faible et fatiguée, comme si mon corps se refusait le moindre effort. Ma vision demeure trouble et je peine à garder les yeux ouverts. J'aperçois tout autour de moi des tons de couleurs brunes et orangées, il me semble être dans un espèce de salon? Le sofa sur lequel je me trouve est en cuir et le parquet en bois, quelques meubles anciens viennent ornés la pièce éclairée par quelques bougies lui rajoutant cette atmosphère chaleureuse mais aussi mystérieuse. Une brume de fumée envahit tout l'espace et dégage une odeur que j'ai déjà pu sentir auparavant... Une odeur de cannabis... 

Ma vision se fait un peu plus claire mais demeure trouble, je me sens si fatiguée et à la fois si détendue, c'est comme si je ne ressentais plus le poids de mon corps, comme si je m'enfonçais naturellement dans le sofa comme on laisserait un sucre se dissoudre dans sa tasse de café. C'est agréable, je passe ma main sur mes joues, j'ai l'impression qu'elles sont en feux... Je sens mon corps bouillir de l'intérieur, et, je me surprends même à haleter. J'ai comme une étrange sensation au niveau du bas ventre ce qui me mets mal à l'aise, je serre alors les jambes comme pour amoindrir ces sensations qui me rongent. Je relève les yeux et face à moi se trouve comme un fauteuil sur lequel il me semble distinguer une silhouette. Je plisse les yeux pour y voir plus clair en vain, et après avoir pris quelques respirations j'interroge dans un murmure:

- Qu... Qui... est là? 

Je ne pensais pas qu'il m'aurait fallu tant de souffle pour poser une simple question!

La silhouette face à moi jusqu'alors immobile se redresse et se lève de son fauteuil. Surprise qu'il y ait vraiment quelqu'un, je fais un bond en arrière et le frottement du sofa contre mon dos me procure un choc presque électrisant à la fois insupportable et agréable qu'un gémissement sort de ma bouche sans prévenir. La silhouette face à moi se rapproche alors d'un pas lent et silencieux et quand elle finit par arriver à mon niveau, c'est alors que je distingue avec surprise Ruben. Mes lèvres forment alors un grand O mais aucuns sons ne parvient à sortir, un joint à la bouche, il émet un rictus presque effrayant et rapproche son visage du mien. Il prends une grande bouffée de fumée qu'il vient ensuite souffler sur mon visage. L'odeur du cannabis mêlée à celle du tabac envahit dès lors mes poumons ce qui provoque une crise de toux incontrôlables. Amusé, Ruben se décide enfin à parler:

- Intéressant, vraiment très intéressant. Chuchote t-il comme si il se parlait à lui-même.

Je me redresse avec peine en voulant lui faire face mais à peine ai-je posé un pied sur le parquet que toutes mes forces me quittèrent et que je me retrouvais à nouveau coincée dans ce sofa. Ruben se mit alors à rire comme si c'était la première qu'il le faisait puis s'exclama:

- Oh ma poupée... je n'aurais jamais cru que ça te mettrait dans cet état...

Pendant qu'il dit ça, sa main se pose sur mon bras avant de remonter tout doucement jusqu'à mon épaule, il ne fait que m'effleurer du bout des doigts, et je sens un frisson me parcourir toute entière. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un gémissement, je perds tout contrôle de mon corps, c'est comme si j'étais témoin mais aucunement actant. Avec peine, je demande:

- Qu'est-ce... aaah... Mmmh.. tu m'as fait?

Ruben vient s'asseoir près de moi et passe sa main sur la tête du sofa de sorte à créer une proximité entre nous, il approche ses lèvres de mes oreilles et je peux l'entendre avaler sa salive et sentir son parfum puissant et envahissant. 

- Tu semblais si... stressée... J'ai juste voulu t'aider à te détendre un peu...

Il souffle dans mon oreiller et je me mords la lèvre inférieur pour ne pas crier, qu'est-ce qu'il m'arrive... Je ne le connais même pas ce type... Pourquoi est-ce que je ressens ça? M'a-t-il droguée? Pourquoi est-ce que j'ai envie qu'il me touche? C'est insensé.. 

- éloignes-toi... Demandais-je avec peine.

Comme si je lui avais indiqué le contraire, il se rapproche encore plus et avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit il passe sa main sur ma taille tandis que l'autre vient se poser sur ma cuisse. Le contact de ses mains sur mon corps me procurent des sensations inconnus, je ne le veux pas, mais mon corps ne me suit plus et je suis complètement à sa merci:

- Non... arr... aah.. arrête.. suppliais-je les joues rosies et la respiration haletante. 

Il remonte sa main droite sur ma poitrine et sa main gauche remonte le long de ma cuisse.

- Non! mmmhh... pas là..

Je peux l'entendre rire doucement, c'est comme ci me voir comme ça lui procurait encore plus de plaisir:

- Tu dis ça, mais regardes comme tu gesticules dans tous les sens, ça te fait autant de bien que ça? Wouaah.. Je t'envie ma poupée..

- Tu sais très bien.. aah.. C'est parce que tu m'as droguée.. mmh.. ordure.. Ne me touches pas..

Il ricane encore avant de reprendre:

- Oh vraiment? C'est bien ce que nous allons voir.. 

Il m'allonge sur le sofa et je me mets sur le ventre et me recroqueville sur moi-même comme pour  me protéger. Il pose ses deux mains de parts et d'autres de moi et rapproche ses lèvres de ma nuque. Je tremblote de peur et d'excitation, je m'en veux tellement, cet homme ne m'attire pas, c'est horrible... Il passe alors sa langue le long de mon cou jusqu'à mon oreille et je passe furtivement mes mains sur ma bouche afin d'étouffer mes gémissements, je ne veux surtout pas qu'il pense avoir gagné. Il retire mes mains de mon visage et vient les plaquées au-dessus de ma tête, je ne peux m'empêcher de laisser sortir un cri avant de croiser son regard pervers:

- Tu es si mignonne, dit-il en ricanant, je ne pense pas pouvoir te partager avec mon adorable frère.. Qu'en dis-tu ma poupée? Et si nous jouions rien que tous les deux?

Je reste figée face à lui ne sachant quoi pas répondre, il se lèche les lèvres avant de les approcher des miennes, je ferme les yeux avec intensité en espérant me réveiller de mon cauchemar..